LA NONNE : LA MALÉDICTION DE SAINTE-LUCIE sort cinq ans après un premier film déjà peu mémorable. Et malheureusement, aucun miracle n’a lieu. L’univers étendu de Conjuring continue de s’enliser dans un marasme de productions horrifiques opportunistes et superficielles.
Une suite en retard
Après Annabelle en 2014, l’univers étendu de Conjuring avait continué de grandir en 2018 avec La Nonne. Oubliable et sans grand intérêt, le film avait peiné à se hisser à la hauteur du grand divertissement populaire offert par les deux premiers volets de la saga Conjuring. Malgré des retours critiques passables, le succès avait pourtant bel et bien été au rendez-vous avec un box-office mondial de plus de 365 millions de dollars. Loin de vouloir tuer la poule aux œufs d’or, New Line Cinema avait donc annoncé la mise en chantier d’une suite dès 2019. Or, la crise sanitaire mondiale a depuis eu le temps de retarder considérablement le projet. D’où cette sortie tardive en 2023.
Qu’on se le dise, LA NONNE : LA MALÉDICTION DE SAINTE-LUCIE se révèle loin des attentes que l’on aurait pu placer – sait-on jamais – dans ce nouveau film. On ne peut nier toutefois, qu’à le comparer au rendu cheap du premier opus, il s’en sort tout de même un petit peu mieux que son prédécesseur. En effet, certains décors et créatures témoignent tout de même d’une plus grande ambition esthétique, même si l’ensemble manque néanmoins de consistance physique. En effet, le numérique s’avère bien trop palpable, malgré l’ambition d’apporter davantage de substance à ces images.
Trop et pas assez
D’un point de vue scénaristique, LA NONNE 2 choisit de nous livrer une forme hybride de suite et de spin–off. En effet, si la religieuse chargée d’enquêter sur certaines morts mystérieuses au sein du clergé est toujours bien présente, le film nous donne, en premier lieu, l’illusion de suivre plutôt le devenir de son compagnon d’infortune du premier volet. Désormais employé dans un pensionnat pour jeunes filles à Aix-en-Provence (oui), il semble avoir emporté le démon avec lui. Bien que prometteuse, la mise en situation se révèle malheureusement laborieuse et les deux intrigues pourtant connexes peinent à s’y imbriquer.
D’autant que LA NONNE : LA MALÉDICTION DE SAINTE-LUCIE se perd dans un trop-plein de personnages. Car, en plus de Sœur Irène – la religieuse incarnée par Taissa Farmiga – et de son ancien side-kick interprété par Jonas Bloquet, on suit également les histoires d’une jeune pensionnaire et de sa mère professeure. Ainsi que celle d’une seconde religieuse, Debra, employée pour soutenir Irène. À nouveau, les différentes sous-intrigues générées par cette nouvelle galerie de personnages peinent à cohabiter. En une durée de pourtant près de deux heures, le film ne parvient qu’à effleurer du bout des doigts toutes les thématiques qu’il brasse.
Un coup d’épée dans l’eau
En ressort une œuvre superficielle, sans grands enjeux et manquant cruellement de subtilité. Les ficelles tirées restent grossières, malgré quelques idées intéressantes égrainées deci delà. En effet, LA NONNE 2 réfère notamment à la véritable Sainte-Lucie, sainte patronne des aveugles, représentée le plus souvent les orbites vides dans l’imagerie catholique. Une figure avec un fort potentiel dans le contexte d’un film d’horreur. Or, sa légende n’est évoquée qu’aux trois quarts du récit, bien qu’il s’agisse d’un arc central du scénario. De même, la capacité de la nonne à se manifester à travers des représentations religieuses n’est que partiellement exploitée, si l’on excepte l’apparition d’un bouc enragé parmi les idées les plus plaisantes.
Le manque de lisibilité du film est, par ailleurs, imputable à la sortie tardive de cette suite, près de cinq ans après son premier volet. Les spectateurs n’ont gardé de La Nonne premier du nom qu’un souvenir lointain et confus. Or, ce type de productions horrifiques consommables et oubliables aussitôt se destinent à une exploitation rapide. LA NONNE : LA MALÉDICTION DE SAINTE-LUCIE arrive donc bien trop tard pour intéresser encore son public cible. De plus, malgré son succès honorable en salles, le troisième volet de Conjuring sorti en 2021 avait généré 120 millions de dollars de moins que son prédécesseur au box-office. Peut-être le signe de l’essoufflement inévitable de cette saga et de la lassitude quant à son univers étendu.
Lilyy Nelson