DRIVE

DRIVE : Refn, illusionniste de génie – Critique

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Très rarement un film arrive à transcender les frontières du cinéma grand public et du cinéma indépendant. Trop souvent certaines portes se ferment au profit d’autres. Trop rarement quelqu’un arrive à les laisser toutes ouvertes. Avec une facilité déconcertante, Nicolas Winding Refn y parvient. C’est ce qui rend DRIVE si délicieux.

DRIVE raconte l’histoire d’un cascadeur non identifié (Ryan Gosling) qui travaille au noir comme chauffeur pour un syndicat du crime dirigé par Bernie Rose (Albert Brooks). Solitaire, ce cascadeur se retrouve impliqué dans la vie de sa voisine Irène (Carey Mulligan) et de son jeune fils Benicio (Kaden Léos) à travers son mari Standard (Oscar Isaac). Après avoir accepté de conduire pour lui alors qu’il est en liberté conditionnelle et se retrouvant du mauvais côté d’un contrat d’assassinat, le Driver s’embarque dans une mission de protection d’Irène et de son fils confrontés à des gangsters cherchant à leur faire du mal pour le toucher lui. C’est une intrigue bien usée, très stéréotypée, qui dans les mains de quelqu’un de moins habile que Refn ne serait probablement rien de plus qu’un thriller très passable, très oubliable. Mais ce talentueux réalisateur, qui a remporté le prix de la mise en scène à Cannes cette année pour DRIVE, nous emmène dans un thriller palpitant doté de performances plus que magistrales.

Photo du film DRIVE

Refn, précédemment connu pour le magnétique Bronson, le philosophique Valhalla Rising et la trilogie Pusher moins connue mais tout aussi excellente, est un homme qui a très clairement étudié Kubrick. Certes, les réalisateurs d’aujourd’hui pourraient faire pire que d’imiter le style d’un des plus grands de l’histoire comme Stanley Kubrick, mais il est rare qu’on y parvienne avec l’habileté de Refn. Avec Bronson l’influence était un peu plus évidente avec cette sensation d’être face à un successeur spirituel d’Orange Mécanique. Avec DRIVE, les traces du passage de Kubrick sont un peu plus subtiles, visibles dans la touche technique impeccable à travers l’utilisation des fondus au noir, de longs pensifs et de zooms très lents, une caractéristique du catalogue de KubrickDRIVE est un film parfaitement conçu, rempli d’images magnifiques de la pègre de Los Angeles que l’on voit habituellement dans les œuvres de Michael Mann.

Les prouesses techniques de Drive sont contrebalancées par le jeu d’acteur sans fausse note de l’ensemble du casting sélectionné astucieusement.

Un soutien de premier ordre vient de Bryan Cranston, Christina Hendricks, le toujours fiable Ron Perlman, et en particulier Albert Brooks, qui jette à la mer son personnage familier de comique pour une performance aussi odieuse que délicieuse, performance qui sera sûrement sur le radar des jurés lorsque viendra la saison des récompenses. Carey Mulligan quant à elle montre du cœur à l’ouvrage dans un rôle malheureusement quelque peu négligé. Et pourtant… Et pourtant, malgré cette ribambelle d’acteurs saisissants triés sur le volet, DRIVE appartient incontestablement à Ryan Gosling. Souvent annoncé comme l’un des meilleurs acteurs de sa génération, Ryan Gosling livre ici son meilleur travail avec ce rôle du Driver, un rôle discret qui est d’autant plus efficace en raison de la subtilité de la performance. Il affiche une capacité à faire monter la tension en utilisant seulement le moindre mouvement de son faciès et quand le personnage est poussé à agir avec plus de force, Gosling transite avec une efficacité redoutable de l’état d’observateur à celui d’agresseur brutal presque silencieux (cela ne vous rappelle-t-il pas un certain Valhalla Rising ?) si rapidement qu’il laisse à bout de souffle . C’est un travail qu’il fait paraître facile, mais c’est la performance la plus ciblée vue dans un thriller à tendance action depuis un certain temps.

Il y a quelque chose d’indéniablement rétro dans DRIVE, avec ses titres d’ouverture néons et sa bande son sortie des années 80 mais le film semble remarquablement moderne. Paradoxe totalement jouissif qui ne fait que confirmer une fois de plus le talent inébranlable d’un illusionniste de génie : Nicolas Winding Refn. Un grand film !

Wesley

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Note des lecteurs1 Note
Titre original : Drive
Réalisation : Nicolas Winding Refn
Scénario : Hossein Amini
Acteurs principaux : Ryan Gosling, Carey Mulligan, Bryan Cranston
Date de sortie : 5 octobre 2011
Durée : 1h40min
4.5

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Note finale

  1. Je viens de le voir en DVD et je suis super déçue. Tout juste si je ne me suis pas endormie !!! Les dialogues sont inexistants et d’une banalité déconcertantes, j’avais envie de dire à Ryan Gosling de prendre des cours !! Ensuite l’histoire est vu et revue : des méchants de la mafia et un sauveur (on ne sait pas d’où il sort et à la fin on ne sait pas ou il va) de la veuve et l’orphelin. ça manque d’actions.

  2. un des meilleurs films de l’année, le film muet de l’année au-dessus de the artist ! Ryan Gosling est fascinant dans ce rôle et Carey Mulligan toujours à la hauteur

  3. Je suis allée voir ce film pour des raisons superficielles (j’avoue craquer pour Ryan Gosling telle une ado) mais aussi parce que les critiques m’ont enfin donné envie de voir un film primé à Cannes…Et oui, je le reconnais, c’est une bombe ce film, visuelle, musicale et j’en passe, j’ai adoré du milieu (oui j’ai trouvé le début lent…là où les plus avertis voient du talent moi je n’ai pas réussi à accrocher) à la fin, ce film m’a convaincue et je vais donc suivre de plus près Winding Refn et bien sûr Ryan…!!

  4. Revois Irréversible ou le Convoyeur et dis-moi qu’il n’y a pas de similitudes entre ces personnages calmes en apparence mais capables de passer à la violence la plus extrême en un éclair.
    Nicolas Winding Refn lui-même dit s’être inspiré de « la scène de l’extincteur » d’Irréversible pour « sa scène d’ascenseur ».

  5. Il manque pour moi le petit plus qui en ferait le film de l’année, loué par tous les critiques. Il reste néanmoins un très bon film de genre.
    Gosling explose enfin, dans ce rôle de bombe à retardement à la Dupontel et Nicolas Winding Refn confirme définitivement qu’il est l’un des cinéastes les plus intéressants en activité, tout Danois méconnu (du grand public) qu’il est.

  6. Bonsoir, étant une admiratrice de ce réalisateur depuis Pusher, je n’ai pas été déçue par ce film élégant et violent où l’on n’est pas noyé dans les dialogues. La part belle est faite à la musique. Un film très recommandable. Bonne soirée.

  7. Bonjour à tous !

    Je vais essayer de me pencher sur le film en lui même et non pas sur l’ensemble des films d’un réalisateurs comme beaucoup de critiques fond. Drive représente le bien et le mal, le ying et le yang, le positif et le négatif. Quand j’appelle à ces forces d’oppositions, j’entends les oxymores permanentes.Le film nous fais grâviter à son rythme, il est lent mais on savour chaque instant. Pourquoi? Il a un effet de bombe à retardement; on est censé s’attendre à l’explosion mais il se trouve que l’exploision arrive au moment qu’on attend le moins: La scène de l’ascenseur, on joue avec le clair obscur Amour/violence parfaitement mis en harmonie.Il ya je dirai autant de scène émouvante, que de scène violente dans la réalisation.Le reste du film (70% de l’oeuvre) hors émotion / violence ne sont que des liaisons pour assembler les deux mots clés; Ca doit être la raison pour laquelle le scénario ne casse pas trois pattes à un canard, mais au fond on s’en tape un peu puisque le travail de la caméra fait le reste.Le protagoniste est un être sensible calme et serein. Mais c’est aussi un personnage violent … même extrêmement violent qui semble constament maîtriser les situations dans lesquelles il se trouve. La fille ( la seule, l’autre se fait descendre vite fait) n’est pas une star, n’a pas fait du manniquinnat avant d’être sous les projecteurs, c’est madame tout le monde et on appréci. Je passerai le jeu des autres acteurs ( qui sont tout aussi bien). On découvre ces personnages timide l’un envers l’autre, et d’une extrème sensualité. Et oui un baiser peut donner plus de subtilité qu’un rodéo énervé de starlette à grosse poitrine sur écran. Bref, Messieurs Dames si vous êtes repus des productions américaines puant le dollard par millions, je vous invite à voir ce film surprenant qui ne laisse personne indifférent.

  8. Je viens de voir DRIVE… Un mélange d’admiration pour l’exercice de style parfaitement réussi et de frustration de ne pas en avoir obtenu plus d’un réalisateur passionnant. NWR est pour moi un peintre, un peintre des ténèbres. Ses films, des toiles sombres où règne une atmosphère poisseuse et apocalyptique. La seule touche de lumière est représentée par la lutte désespérée que l’homme engage avec lui-même, pour préserver une once d’humanité dans un milieu qui lui est devenu hostile et inhumain. Oui, voir un film de NWR est une expérience cinématographique puissante et unique qui me bouleverse et me hante à chaque fois (… jusqu’à Drive). On peut espérer une suite, comme le laisse présager la dernière scène et le potentiel non consommé du personnage. Espérer que ce premier volet n’est qu’une recherche et un accompagnement docile et prudent d’une nouvelle audience vers des territoires plus inconfortables de l’âme humaine. Espérer que NWR ne soit pas devenu « bankable ». Espérer qu’il ne soit pas trop tard…

  9. Tout comme Diane qui écrit sur Attenberg, vous prétendez écrire une critique, coller au film, là où vous vous complaisez à écrire une description béate des sentiments que vous avez ressentis – qui ne nous intéressent pas le moins du monde -, ponctuée par des parallèles avec Kubrick plus que douteux, en oubliant parfaitement d’analyser comment le réalisateur envisage l’acte créateur. Je pose alors la question : quoi de plus ubuesque que celui qui s’avance sur un film alors même qu’il ne sait que marcher à reculons ?

    1. Mon cher Hugo, je vous trouve très hautain dans votre manière de commenter un site, un blog, qui se veut être amateur et ne respire donc que la bonne humeur, les commentaires et critiques de personnes au-dessus de toutes mondanités et autres analyses à la Télérama.
      Nous – la rédaction – aspirons donc à des critiques légères, que toute personne normale puisse assimiler et comprendre. Critiquer une critique relève plus de l’acharnement, voire même d’un certain trouble.
      Et c’est avec un grand honneur que nous attendons « votre » critique du film sous cette critique qui vous semble être si dérangeante et transparente.

  10. La pub vend ce film comme un enieme film d’action.

    Je suis ressorti de la salle complètement retourné. Entre les moments de douceur entre le Driver et Irene, la violence extreme de certaines scènes et la mise en scène parfaite …… le temps passe trop vite ! Pas de doute ce film est un chef d’oeuvre tout simplement. Je surveille la sortie en Blu Ray de ce bijou.