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[critique] Locke

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4.4

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es films concept sont toujours un peu excitants. On se demande à l’avance comment le réalisateur va arriver à tenir son idée sur la durée du métrage, par quels moyens il va arriver à nous proposer des choses que nous n’avons pas l’habitude de voir. En 2010, souvenez-vous, Rodrigo Cortes pour son Buried, enfermait Ryan Reynolds dans un cercueil avec pour seule compagnie un téléphone portable. Grâce à l’inventivité de sa mise en scène et la force de son casting (autant Reynolds que le casting voix), le pari était remporté haut-la-main et avait fait son petit effet auprès du public.

Cette fois, c’est au tour de Steven Knight de s’essayer à l’exercice en compagnie de Tom Hardy, enfermé dans sa voiture pour 1h30 où il va multiplier les appels téléphoniques. Lors de ce trajet, la vie d’Ivan Locke va être bouleversée sous tous ses aspects. Au moment même où il décide de tourner à droite plutôt qu’à gauche, c’est sa carrière et sa vie privée qui vont prendre une autre tournure. Sous la forme d’un trajet, c’est une véritable introspection que va effectuer le personnage principal. Et quoi de plus beau que la nuit et sa lumière si particulière pour explorer les tréfonds de l’homme ?

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Sauf que Knight n’en fait rien. Sa mise en scène basique n’aide pas le film, il se contente d’enquiller les angles de caméra sans recherche. Il regarde le film se faire, n’impose pas une patte spécifique, à tel point que n’importe quel tâcheron pourrait être aux commandes du film. Le concept de base perd déjà pas mal de son intérêt tant Steven Knight ne semble pas avoir envie d’en faire quelque chose d’autre qu’un enchaînement de dialogues. Le peu de plans sur l’extérieur ou l’utilisation des reflets dans les vitres sont là pour essayer de poser une ambiance qui, malheureusement, peine à s’incarner et à peser sur le film. A milles lieux de Collateral et son éblouissant traitement visuel nocturne. De quoi se demander si les nombreuses louanges dressées sur l’affiche n’étaient pas exagérées. Également à l’écriture, Knight s’en sort un peu mieux. Pas forcément sur la dramaturgie (j’y viens dans peu de temps) mais notamment en ce qui concerne les dialogues. Ces derniers sonnent fortement justes. On retiendra les échanges familiaux en particulier, dont une dernière scène bouleversante où l’innocence enfantine vient ponctuer le film d’une émotion qu’on n’avait pas soupçonné possible auparavant. Dommage, les événements du scénario peinent à tenir en haleine une fois passée la première demi-heure. C’est tout le souci du métrage qui se repose sur son idée de base, il est impossible de se passionner pour cette intrigue minimaliste tournant en rond. La déception est encore plus notable lorsqu’on se rappelle que Knight est l’auteur du scénario de l’excellent Les Promesses de L’Ombre, de David Cronenberg. Le tout saupoudré d’un rythme monotone, essayant de surfer par moment sur une certaine lenteur pour instaurer une mélancolie lors des moments où Locke se retrouve avec lui-même. Le plus triste étant qu’on sent ponctuellement les intentions de Steven Knight et on en vient à regretter qu’il se contente d’un film posé sur des rails desquels il ne parvient pas à s’extirper. Pour terminer, au bout de l’ennui.

”Au milieu de ce gâchis, reste Tom Hardy. L’acteur britannique sauve le film en le portant à bout de bras.”

Au milieu de ce gâchis, reste Tom Hardy. L’acteur britannique sauve le film en le portant à bout de bras. Bien aidé par la caractérisation de son personnage, le spectateur arrive à avoir de l’empathie envers cet homme imparfait ayant décidé un soir d’assumer, malgré tout, le poids de ses erreurs. Sa performance vient encore prouver, si des gens avaient la folie d’en douter, à quel point il a du talent. Steven Knight se repose trop sur le magnétisme de son acteur et ne l’encadre pas d’une mise en scène à la hauteur afin de le sublimer. Les scènes traitant d’une vague schizophréniques sont l’exemple le plus frappant, ces introspections, à la limite de la folie, devraient être le cœur du film. Il n’en résulte rien hormis une caméra regardant, et j’insiste sur l’emploie du verbe regarder, un acteur faire son petit numéro. LOCKE aurait pu être un meilleur film s’il avait été porté par des épaules moins fébriles que celles de Steven Knight.

[divider]CASTING[/divider]

Titre original : LOCKE
Réalisation : Steven Knight
Scénario : Steven Knight
Acteurs principaux : Tom Hardy, Ruth Wilson, Olivia Colman, Andrew Scott
Pays d’origine : U.S.A.
Sortie : 23 JUILLET 2014
Durée : 1h30mn
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Synopsis : Ivan Locke a tout pour être heureux : une famille unie, un job de rêve… Mais la veille de ce qui devrait être le couronnement de sa carrière, un coup de téléphone fait tout basculer…

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Mise en scène
Scénario
Casting
Photographie
Musique
Note finale