Un Français
© Mars Distribution

[critique] UN FRANÇAIS

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Scénario
4
Mise en scène
4
Casting/Interprétation
8
Photographie
5
Force de la proposition
4
Note des lecteurs2 Notes
7.1
5

[dropcap size=small]A[/dropcap]yant fait la une quelques jours avant sa sortie pour cause d’annulations d’avant-premières par « peur » de certains cinémas et diffuseurs, UN FRANÇAIS arrive en salle précédé d’une réputation sulfureuse et celle d’un film coup de poing qui va faire du remue-ménage dans les fanges de l’extrême droite française. Et pour cause, le film raconte l’histoire de Marco, jeune skinhead penchant nazi, qui, après une jeunesse turbulente semée de bagarres et d’actes xénophobes, va s’acheter une rédemption sur les 30 ans à venir. Sur le papier, le film s’annonce chargé et potentiellement passionnant. La réalité cinématographique en est toute autre …

Diastème, auteur à succès de théâtre et déjà réalisateur de la comédie dramatique Le Bruit des gens autour en 2008, écrit son scénario après le choc de l’agression et la mort de Clément Méric à la suite d’une rixe avec un groupe d’extrême droite en 2013. Ce qui retient l’attention de Diastème dans cette histoire, ce sont les agresseurs et cette bande dont il aurait reconnus certains visages, les ayant croisés dans son adolescence. L’histoire du film prendra alors corps dans un récit qui traversera les années et les drames liés aux groupes politiques ou pas de l’extrême droite. Le réalisateur axe donc sa narration sur un petit groupe d’amis aux caractères bien trempés et il faut le dire bien stupides.

© Mars Distribution
© Mars Distribution

Après une bonne exposition et quelques scènes chocs, la première chose qui se détache du film est l’interprétation incarnée de ses comédiens, Alban Lenoir, Samuel Jouy et Paul Hamy en tête. Ce trio infernal sème la terreur dans les bars et lieux publics à la recherche de leurs victimes préférées, des français issus de l’immigration en particulier maghrébine. Le film, au départ, est bien rythmé et la caméra épaule est très efficace pour les scènes de violence. Mais seulement voilà, le film commence à exposer ses faiblesses au fur et à mesure que le récit se construit et que vient la rédemption de Marco. La caméra épaule lasse, les personnages secondaires sont mal écrits et caricaturaux, les dialogues sont à la limite de l’indigence et laissent les pauvres comédiens livrés à leur sort, la mise en scène trop maladroite et didactique expose malheureusement des faiblesses de production et surtout le scénario est inintéressant car le traitement choisi allié aux ellipses parcourant le film rend complètement superficielle l’histoire du héros et de son entourage. Il n’y a aucune réflexion autour de la psychologie de ces jeunes paumés, rien à donner à manger au spectateur en somme.

« Le film passe à côté d’à peu près tout ce qu’il aurait dû être. »

Reste le message politique, même si le réalisateur s’y refuse dit-il, et il est plutôt clair. Face à la montée du nationalisme et de la médiatisation du front national et consorts, Diastème attaque là où ça fait mal, en parlant des boneheads d’extrême droite , groupes de voyous adorant la baston et buveurs de bières pas chères semant le trouble à coups de « ratonnades », comme ils disent, et de blagues aux conséquences graves. Et ces groupes là traversent les décennies à suivre en devenant des supports de base des parties d’extrême droite soit par l’engagement politique, soit en participant à la sécurité des cortèges tristement célèbres pour leur dérapages. Et là, encore une fois, Diastème manque son coup dans un film finalement assez inoffensif tellement il aligne les caricatures de surface sans même prendre le temps d’étudier un seul de ses personnages ou même de les comprendre. Seule la haine bête et méchante semble être le moteur de ces gens là, politiques ou simples sbires. On est bien loin de la puissance et de la plongée rageuse dans l’univers des skinheads anglais des années 80 mise en scène par Alan Clarke dans son redoutable Made in Britain avec l’immense Tim Roth

En somme, UN FRANÇAIS est un film qui passe à côté d’à peu près tout ce qu’il aurait dû être. Diastème rate sa cible par un manque de cinématographie et d’une véritable maîtrise dans son message et son récit. Seul ses acteurs relèvent le film d’un désastre artistique et nul doute que nous reverrons rapidement Alban Lenoir et surtout Paul Hamy dans nos salles favorites.

Les autres sorties du 10 juin 2015

JURASSIC WORLD, UN FRANÇAIS, COMME UN AVION, CINEMA PARADISO (ressortie), UNE ÉQUIPE DE RÊVE,  LE MONDE DE NATHAN, LE SOUFFLE, etc.

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un francais affiche
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Titre original : Un Français
Réalisation : Diastème
Scénario : Diastème
Acteurs principaux : Alban Lenoir Samuel Jouy Paul Hamy Jeanne Rosa Olivier Chenille
Pays d’origine : France
Sortie : 10 juin 2015
Durée : 1h38min
Distributeur : Mars Distribution
Synopsis : Avec ses copains, Braguette, Grand-Guy, Marvin, Marco cogne les Arabes et colle les affiches de l’extrême droite. Jusqu’au moment où il sent que, malgré lui, toute cette haine l’abandonne. Mais comment se débarrasser de la violence, de la colère, de la bêtise qu’on a en soi ? C’est le parcours d’un salaud qui va tenter de devenir quelqu’un de bien.

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https://www.youtube.com/watch?v=LloZ9Uq8pgE

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Scénario
Mise en scène
Casting/Interprétation
Photographie
Force de la proposition
Note finale