UNDER THE SILVER LAKE

UNDER THE SILVER LAKE : sous le lac, la brume – Critique

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Révélé en 2015 avec le thriller It Follows, David Robert Mitchell entre pour la première fois en compétition à Cannes grâce à UNDER THE SILVER LAKE, où Andrew Garfield part à la recherche de Riley Keough, mystérieusement disparue dans un Los Angeles brumeux.

UNDER THE SILVER LAKE

Dans UNDER THE SILVER LAKE (Blue Velvet), David Robert Mitchell (David Lynch), filme le doux rêveur Andrew Garfield (Kyle MacLachlan) tombant nez-à-nez sur un écureuil en train de mourir (une oreille coupée dans un terrain vague). Il découvre sa nouvelle voisine qui le fascine instantanément. C’est l’actrice Riley Keough, dans une version du personnage d’Isabella Rossellini, toujours dans Blue Velvet, mais au physique de Laura Dern. Vous l’aurez compris, les premières minutes du film peuvent se substituer parfaitement à celui de David Lynch, tant l’hommage est appuyé. Les références ne s’arrêtent pas là, David Robert Mitchell convoque aussi Hitchcock, présent un peu partout dans les décors et Brian De Palma, lors de quelques plans voyeuristes.

Au sortir de la projection, on se demande si il n’est pas arrivé à David Robert Mitchell le même accident de parcours survenu à Richard Kelly. Après un premier long-métrage réalisé avec peu de moyens, la critique et le public acclament. C’était le cas de Donnie Darko et aussi de ce qui s’est passé pour It Follows. Dans une euphorie compréhensible, l’auteur s’emballe, les maisons de production aussi et alignent les chéquiers pour offrir plus de liberté créative au réalisateur. La catastrophe Southland Tales naîtra quelques années après, le melon de Richard Kelly ayant grossi se retrouvant dans la durée du film, longue fresque de 2h25. Le parallèle était sans doute un peu trop facile, puisque de longues minutes après être sortis de la salle, UNDER THE SILVER LAKE continue malgré tout de résonner contre les parois de notre ciboulot.

Esthétiquement sidérant, Under The Silver Lake nous ensorcèle pour mieux nous trimballer dans les méandres de son intrigue nébuleuse et cryptique.

Malgré toutes ces références visuelles omniprésentes, au même titre que la musique qui ne nous lâchera jamais (vous avez dit It Follows ?), UNDER THE SILVER LAKE bénéficie d’une identité esthétique très forte, au pouvoir d’attraction ensorcelant. La lumière et le cadre dégagent un parfum rétro et mettent superbement en valeur ce Los Angeles brumeux dans lequel Andrew Garfield va se perdre. La performance de l’acteur, au comportement très « roots » ne lui aura jamais aussi bien fait porter son nom : tel le gros chat fainéant né sous le crayon de Jim Davis, il est une sorte de loque humaine, qui passe son temps à épier ses voisines et à végéter dans son appartement ou lors de soirées mondaines californiennes sorties tout droit de Mulholland Drive. Dès lors que Sarah (Riley Keough) disparaîtra subitement, il va se lancer à sa recherche, dans une enquête où la pop culture sera l’une des clés nécessaires à sa résolution.

UNDER THE SILVER LAKE

Sorte de film noir schizophrène à l’intrigue cryptique et labyrinthique, UNDER THE SILVER LAKE propose au spectateur de se perdre tout comme son protagoniste principal, dans un mélange des genres souvent absurde. C’est cette envie de plus en plus forte de découvrir tous ses mystères qui nous incite à tenir jusqu’à la fin, d’autant plus que la beauté esthétique du film a déjà aspiré notre âme depuis longtemps. Il n’est pas certain que la conclusion satisfasse tout le monde, qui trouvera le chemin pour y parvenir parfois interminable.

Radicalement différent de It Follows, beau mais foutraque, bourré de références mais aussi très personnel, UNDER THE SILVER LAKE est le film d’un artiste unique qui est allé au bout de son idée. On aime ou on aime pas, on ne sait pas vraiment à vrai dire, mais si l’on aime le cinéma, force est de constater qu’on en aura ingurgité par tous les pores de la peau durant cette projection. Et peut-être qu’avec un peu plus de temps et de recul, on finira par crier au chef-d’œuvre.

Critique publiée le 16 mai 2018 lors de la projection au Festival de Cannes

Loris Colecchia

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Titre original : Under The Silver Lake
Réalisation : David Robert Mitchell
Scénario : David Robert Mitchell
Acteurs principaux : Andrew Garfield, Riley Keough, Topher Grace, Callie Hernandez
Date de sortie : 08 Août 2018
Durée : 2h19min

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