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[CRITIQUE] ÇA

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L’année cinématographique de Stephen King se poursuit allègrement avec l’arrivée fracassante de cette nouvelle adaptation du méchant clown lancé aux trousses d’une bande de jeunes. Avec pour arguments des retours ultra positifs et un box-office américain explosé. Succès justifié ?

Après avoir réussi à lier plutôt habilement l’émotion et l’épouvante avec le sympathique Mamá, l’argentin Andrés Muschietti (qui s’est américanisé le prénom devenant Andy), s’est retrouvé en terrain connu lorsqu’il a été appelé pour remplacer Cary Fukunaga à la réalisation de ÇA. Il faut dire que l’histoire imaginée par Stephen King en 1986 avait tout du matériau idéal pour lui, mettant un groupe de jeunes âgés de 13 ans aux prises avec une entité maléfique qui se nourrit de la peur individuelle de chacun qui emporte avec elle diverses victimes tous les 27 ans dans les égouts. Prenant le plus souvent la forme d’un clown interprété avec bonheur par Bill Skarsgard, elle peut en revêtir bien d’autres afin de terroriser ses cibles.

Nous ne nous trouvons donc pas en face du classique boogeyman increvable des années 80-90, lancé par John Carpenter et son Halloween, d’autant qu’il semblerait qu’il n’y ait que les enfants et adolescents qui puissent le voir. C’est précisément ce qui avait intéressé Stephen King qui s’était justifié de faire subir ces malheurs à des personnages à un âge transitionnel, où ils ne peuvent plus croire au père Noël mais encore aux monstres, tout en étant capables physiquement de se défendre. Ces jeunes gens prennent vie ici grâce à un casting flambant neuf où l’on notera seulement les présences de Finn Wolfhard, l’un des gamins de la série Stranger Things et Owen Teague que l’on a découvert dans Bloodline, pour ce qui sont des visages connus.Photo du film ÇACette bande de gamins attachante tout droit sortie des productions Amblin des années 80 va accueillir une figure féminine fragile en la personne de Beverly et le pauvre Ben tourmenté par de vilains camarades. L’occasion pour Muschietti d’explorer un peu plus des thèmes importants du bouquin et assez peu développés dans le téléfilm de 1993 : savoir trouver sa place, le passage à l’âge adulte et la naissance de la sexualité chez les ados notamment. Toute cette partie emprunte énormément au Stand By Me du même Stephen King et adapté par Rob Reiner au cinéma et nous séduit par l’énergie et l’humour des personnages. Il y a aussi le plaisir de se retrouver au beau milieu des cartables et vélos de cette banlieue résidentielle américaine de 1980.

ÇA est aussi vendu comme un film d’épouvante. Le mélange des genres, assez particulier, affaiblit malheureusement assez considérablement cette dernière partie, pourtant entremêlée aux différentes péripéties avec doigté. Car en dépit d’un prologue glaçant et à moins d’être vraiment allergique aux clowns, le film peut décevoir sur ce point. Pour ce qui est de mettre en scène la terreur, Andy Muschietti n’est malheureusement pas James Wan et on ne tremblera pas autant d’effroi comme cela avait pu être le cas devant les deux Conjuring. Certains effets spéciaux et visages d’horreur peuvent nous faire sortir du film en inspirant l’amusement au détriment de l’effroi lors de séquences qui se voulaient sérieuses et en deviennent parfois gênantes. La faute à une utilisation du numérique douteuse là où un très bon maquillage aurait produit un autre rendu. Le Pennywise version 2017 se montre par ailleurs assez peu féroce avec ses proies, au regard de toutes les situations dont il bénéficiait pour aggraver son carnage.

Assez classique donc, la mise en scène se rabat sur le son et quelques jumpscares, heureusement assez rares, pour faire sursauter. Il ne faut donc pas s’attendre à autre chose que ce que le film est, à savoir une version des Goonies embarqués dans un train fantôme, par ailleurs assez généreux en terme de spectacle et de tempo malgré ses 2h15.Photo du film ÇAAffronter Pennywise et ses propres peurs va permettre en réalité de mettre un terme au mal-être tapi à l’intérieur de ces jeunes gens, souffrant de solitude et de rejet pour certains ou de ce qui les attend à la maison après une journée d’école pour d’autres. Le message est passé, la fin justifie les moyens, ensemble on est plus forts et le divertissement est d’une certaine qualité, bien qu’assez sage finalement. Pas aussi terrifiant, glauque et foutraque que l’on aurait espéré si un Cary Fukunaga était resté aux commandes (le réalisateur de la saison 1 de True Detective). Surtout au regard de la noirceur parfois extrême du texte de King. Mais suffisamment bien emballé pour remplir les salles obscures en cette fin septembre.

Loris Colecchia

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Note des lecteurs30 Notes
Titre original : It
Réalisation : Andy Muschietti
Scénario : Cary Fukunaga, Chase Palmer, Gary Dauberman
Acteurs principaux : Bill Skarsgard, Jaeden Lieberher, Finn Wolfhard, Sophia Lillis, Jack Dylan Grazer
Date de sortie : 20 Septembre 2017
Durée : 2h15min
3
Sage

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