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© Warner Bros Entertainment

INTERSTELLAR, de l’émotion avant tout – Critique

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Y avait-il, en 2014, un film plus attendu qu’INTERSTELLAR ? Christopher Nolan (Inception) avait de la pression sur ses épaules avec un projet d’une telle envergure. Et il faut dire qu’il a sorti la grosse artillerie pour nous donner envie.

Casting de prestige, durée imposante de 2h50, tournage en pellicule et la promesse d’un film de SF ambitieux entre grand spectacle et réflexion. Le réalisateur britannique a souvent été cité en maître-étendard lorsqu’il s’agissait de parler de blockbusters intelligents, ce qui ne va pas changer avec ce nouveau film.

Parce qu’ INTERSTELLAR, comme Inception en son temps, se laisse aller à des scènes explicatives pouvant perdre le spectateur s’il n’est pas un minimum attentif. De nombreux concepts scientifiques avec lesquels nous ne sommes pas familiers sont évoqués, des grands mots prononcés. On en comprend la majorité mais, au fond, peu importe, l’intérêt principal n’est pas là. Est-ce que tout cela est possible ? On laissera les intellos chipoter sur la question.

Nolan place la question de la temporalité au cœur de son histoire. On n’est alors pas surpris de voir un film imposant de 2h50 prenant son temps pour tout poser. La bonne heure passée sur Terre avant le décollage permet de caractériser avec réussite les personnages et notamment la petite famille de Cooper. Ce qui permet à la partie spatiale de prendre une ampleur encore plus imposante, mêlant le drame familial et le drame universel.

L’excellent montage, alternant avec brio les phases terriennes et spatiales, place en fait la fin du monde en toile de fond. Elle est inévitable puisque les personnages y sont confrontés. Leur véritable ennemi est surtout le temps qui file et défile. Tous les protagonistes courent après le temps dans l’espoir de revoir l’être éloigné. Le scénario se sert bien des différences temporelles entre la Terre et l’espace pour créer une tension sous-jacente diffusée tout le long. Ainsi une heure passée sur une planète éloignée équivaut à des années sur Terre. Un moment de bravoure devient indissociable de cette donnée temporelle. On en redemande en ayant cependant en tête que chaque minute est comptée.

Nolan a compris qu’il ne s’agissait pas seulement de proposer des scènes spectaculaires mais qu’il fallait également construire des protagonistes aptes à faire naître l’émotion. Soyons franc, il n’a jamais été un maître dans l’art d’émouvoir. On retient d’Inception par exemple plus ses scènes d’actions prodigieuses que l’histoire d’amour. Avec INTERSTELLAR, il franchit un cap de côté-là en livrant des scènes bouleversantes comme ce passage crève-cœur où Cooper voit depuis sa navette spatiale, les messages envoyés par sa famille.

Nolan ne fait pas dans la dentelle pourtant on se laisse facilement submerger par l’intensité de ces instants forts. Les détracteurs du bonhomme vont encore tirer la tronche face aux effets bourrins inhérent à ses films (voix-off solennelle, grandes phrases profondes, bons sentiments). On préféra largement son utilisation sublime du raccord elliptique lors du départ de Cooper (autre grand moment chargé en émotions) aux phrases surfaites soi-disant pleines de sens sur la paternité lâchées par ce-même Cooper.

INTERSTELLAR reste avant un tout un blockbuster et livre comme prévu son lot de scènes d’action, toutes très réussies. Malgré sa longueur importante, tout est bien rythmé pour ne pas décrocher une seule seconde. Le dosage entre les moments spectaculaires et ceux plus intimistes est bien équilibré, le film ayant la force de réussir sur ces deux tableaux en terme d’impact. On reste bouche bée devant la beauté des plans dans l’espace, entre jeux sur l’échelles de grandeur où le petit côtoie l’immense et planètes aux caractéristiques différentes. Rien de bien neuf dans le folklore de la SF certes. Jusqu’au final, pour le coup assez innovateur qui ne manquera pas de faire réagir les spectateurs.

Qu’on y adhère ou pas, il faut reconnaître que ce dernier acte a le mérite d’être une réelle proposition dans le domaine de la SF. Nul doute que cette partie du film en laissera certains sur le carreau. Pourtant en y repensant, elle vient répondre pas trop grossièrement à des éléments « étranges » placés dans la première partie. A condition que l’on accepte le côté sentimentaliste de Nolan. Ne pas oublier que le film profite de son tournage en pellicule apportant aux images un grain difficilement imitable en numérique. A l’heure de la disparition de ce support et vu le résultat, on ne peut qu’applaudir ce choix de Nolan.

Il faut se laisser aller, accepter les boursoufflures made in Nolan et vous verrez, vous sortirez des 2h50 la tête pleine de souvenirs époustouflants, d’images somptueuses et, probablement le plus important, le cœur rempli d’émotions.

Cette épopée est menée par un Matthew McConaughey (Mud) en forme. Si vous vous demandiez pourquoi il était inévitable en ce moment, la vision d’INTERSTELLAR  devrait vous apporter des réponses claires. Anne Hathaway (The Dark Knight Rises) pas mal présente à l’écran se fait, à mon sens, voler la vedette féminine par Jessica Chastain (The Tree of Life) , grâce à son rôle aux rapports plus intime avec le personnage de Cooper. Elle profite des bonnes fondations posées dans la première partie pour livrer une performance touchante, notamment la première fois qu’elle apparaît en message vidéo. Nolan n’a pas pu s’empêcher de ramener son cher Michael Caine (Harry Brown) pour un rôle s’inscrivant dans la lignée de ceux de la trilogie Dark Knight ou Inception. Entendez par là le rôle du sage/mentor.

Qui dit Nolan, dit Hans Zimmer. Le compositeur d’origine allemande vient greffer sa valeur ajoutée au métrage en concoctant une composition sonore à la hauteur de l’événement. On ne pourra s’empêcher de penser par contre que la musique s’impose trop souvent par défaut dans les moments d’émotions qui n’en demandaient pas forcément autant.

Non, INTERSTELLAR n’est pas une déception. Il n’est pas non plus une date historique dans l’histoire de la SF à l’instar d’un 2001. C’est, à mon avis, lui faire du tort que de le comparer au film de Kubrick. Christopher Nolan prouve son savoir-faire pour proposer du grand spectacle et livre en parallèle les scènes les plus émouvantes de sa filmographie. Sous son épopée spatiale se cache un beau mélo familial. Il faut se laisser aller, accepter les boursoufflures made in Nolan et vous verrez, vous sortirez des 2h50 la tête pleine de souvenirs époustouflants, d’images somptueuses et, probablement le plus important, le cœur rempli d’émotions.

Maxime

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