don't forget me
© 2018 Alessio Maximilian Schroder

DON’T FORGET ME, l’amour fou – Critique

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Drôle, cynique, fou, optimiste, libre et touchant, DON’T FORGET ME c’est le film indépendant à découvrir de la semaine.

Tom est une jeune femme anorexique hospitalisée dans une clinique spécialisée où elle suit malgré elle un programme de réhabilitation. De son côté, Niel est atteint de troubles psychiques. Du jour au lendemain il quitte son foyer pour rejoindre le groupe de rock de son ami d’enfance à Tel Aviv. Deux personnalités aux prises avec leurs troubles du comportement que le film fait s’entrechoquer tandis que leur rencontre, aussi touchante qu’inattendue, se transforme en escapade salutaire.

Cynique et désenchantée, Tom est en lutte permanente contre son corps mais surtout contre le regard équivoque que la société porte sur sa maladie. Car la jeune femme entend bien assumer pleinement le rapport ambivalent qu’elle entretient avec son trouble du comportement. Très vite le ton s’oriente vers celui de la dramédie portée par un humour noir, judicieusement décalé. Sans jamais la juger ou la condamner, Ram Nehari donne l’opportunité à son personnage de se dévoiler loin du regard clinique. Si le réalisateur s’évertue à reconstituer un univers hospitalier c’est surtout pour mieux le fuir. DON’T FORGET ME n’est pas un documentaire sur l’anorexie, c’est un élan vers la vie qui réaffirme un droit universel à l’amour.

Photo du film DON'T FORGET ME
Tom (Moon Shavit) © 2018 Alessio Maximilian Schroder

Niel est un rêveur lunaire, son itinéraire prend racine dans un quiproquo qui fera naître en lui un espoir démesuré. C’est le point de départ de sa fuite, d’abord du foyer, de la clinique, de Tel Aviv et puis peut être d’Israël pour rejoindre l’Europe qui cristallise de vieilles illusions réveillées. Son trouble psychique s’exprime notamment dans le langage, lorsque le néerlandais s’immisce de manière compulsive à l’hébreu.

Symptôme d’une double culture schizophrénique abordée dans une légèreté faussement naïve. Ici pour Niel, le tiraillement identitaire dont il souffre se transforme en réelle pathologie sociale. Mais l’intelligence du réalisateur sera d’utiliser ce dysfonctionnement langagier comme un ressort comique, et surtout poétique.

Photo du film DON'T FORGET ME
Niel (Nitai Gvirtz) © 2018 Alessio Maximilian Schroder

Au détour d’une scène de repas chez les parents de Tom, le film fait ressortir les rapports conflictuels qu’entretiennent les deux générations. On devine, dans cette famille, des obsessions maladives où chaque individu est aux prises avec ses propres démons. Ram Nehari nous laisse entrevoir un lien filial pathologique sur lequel planent encore les fantômes de la Shoah. Il ne s’agit pas là d’une thématique centrale du film, uniquement abordée en filigrane, elle est néanmoins révélatrice d’un propos qui revient régulièrement dans le cinéma israélien actuel. Sorti en France en avril dernier, Foxtrot de Samuel Maoz abordait frontalement la question du traumatisme de la Shoah porté en héritage par les jeunes générations. 

La rencontre entre Tom et Niel est un vent de liberté qui se lève pour balayer les carcans du film. La scène qui l’illustre est mise en place dans une alternance de travellings en champ contre champ. Les cadres qui se rapprochent, brisent peu à peu les murs qui séparent les personnages afin de les réunir dans l’espace cinématographique qui les caractérise, celui de la fuite. Expulsés du moindre lieu qu’ils investissent, leur cavale finit dans les rues, théâtre d’une séquence poignante. Apothéose d’une errance joyeusement désespérée, propice à l’ouverture, le dévoilement et l’espoir d’un amour naissant.

Hadrien Salducci

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Titre original : Don't Forget Me
Réalisation : Ram Nehari
Scénario : Nitai Gvirtz, Ram Nehari
Acteurs principaux : Nitai Gvirtz, Moon Shavit, Eilam Wolman, Rona Lipaz Michael, Carmel Beto, Lev Keret, Tom Yaar, Tal Berkovich
Date de sortie : 30 janvier 2019
Durée : 1h28min
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Touchant

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