et mon cœur transparent

ET MON CŒUR TRANSPARENT, thriller esthétique – Critique

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Pour leur premier film, ET MON CŒUR TRANSPARENT, les frères Raphaël et David Vital-Durand révèlent leur univers esthétique dans un thriller qui mêle adroitement fantasme et réalité. Ce qui n’est pas si fréquent.

Dès les premières scènes de ET MON CŒUR TRANSPARENT, on est d’emblée transporté dans l’univers onirique des frères Raphaël Vital-Durand et David Vital-Durand, qui réalisent leur premier long métrage. Tout participe au mystère, à l’inhabituel, à la beauté et concoure à l’expérience visuelle et sensorielle dans laquelle ils nous invitent, tels les doubles d’un David Lynch qui s’adresse surtout à l’inconscient et aux émotions du spectateur. Ainsi la voix off, reconnaissable entre toutes, de Julien Boisselier/Lancelot, la beauté lumineuse de Caterina Murino/Irina, son épouse, les couleurs magnifiques des paysages, les ralentis qui soulignent le propos ou encore les plans filmant de très près les visages.

Photo du film ET MON CŒUR TRANSPARENT

La rencontre et l’union de ces deux êtres si différents sont pourtant fort improbables, mais on comprend que Lancelot est le roc d’Irina, le socle rassurant dont elle a besoin. D’un côté un homme inhibé, comme presque mort à l’intérieur avant de rencontrer cette femme solaire qui assume parfaitement son corps et sa sexualité. D’un côté un homme naïf, capable sans jamais poser de questions, de tout accepter par cet amour dont il est le surprenant objet. De l’autre une femme qui le modèle comme une marionnette, décide de lui donner un autre prénom, de lui cacher la vérité, de le tromper. D’un côté un homme faible qui subit l’emprise d’une femme forte. D’un côté le symbole de la mort et de l’autre, celui de la vie.

Julien Boisselier (Monsieur et Madame Adelman) trouve enfin un rôle à la mesure de son talent protéiforme dans ET MON CŒUR TRANSPARENT. Le côté décalé, à côté de la plaque et parfois énervant qui ressort des rôles de composition dans lesquels on le retrouve souvent, est utilisé ici de façon très appropriée et renforce le caractère mou du genou de son personnage. On est même un peu en colère de le voir se faire mener de la sorte par le bout du nez. Mais ce qui est très intéressant dans le film, c’est la mort brutale d’Irina et le mystère qui l’entoure qui vont bizarrement sortir Lancelot de sa léthargie amoureuse, presque toxique. Sa mort va peu à peu le transformer et le faire devenir autre.

« ET MON COEUR TRANSPARENT parvient à créer une atmosphère particulière et à maintenir un suspense haletant avec un dénouement à la hauteur de nos espérances. »

Car cette disparition plonge d’abord Lancelot, déjà sujet à des hallucinations, dans un état second, renforcé par des pilules conseillées par un médecin. Puis il découvre peu à peu que la vérité transmise par Irina est incomplète ou fausse. Mettre à jour les secrets d’un proche après sa mort et découvrir que l’on vivait avec un inconnu sont des sujets fréquents de romans, comme celui de Véronique Ovaldé, dont est adapté ET MON CŒUR TRANSPARENT. L’auteur s’est inspirée des vers de Paul Verlaine pour le titre, qui renvoie précisément à ce qu’est Irina pour Lancelot: “une femme inconnue, et que j’aime et qui m’aime”.

Avec sa volonté de comprendre les tenants et les aboutissants de ce décès, Lancelot suit le fil d’Ariane de la vie d’Irina. Empreint d’une force nouvelle, il fait preuve de plus en plus d’audace dans ses relations. Comme avec les inspecteurs de police dont il s’obstine à saboter l’enquête pour mener avant tout la sienne. Ou lorsqu’il met en place des stratagèmes pour obtenir des informations auprès de l’agent immobilier Marie Marie/Sara Giraudeau (Petit Paysan) ou de Paco/Serge Riaboukine (Je suis mort mais j’ai des amis).

Photo du film ET MON CŒUR TRANSPARENT

Les réalisateurs parviennent très bien à figurer le paradoxe de Lancelot à vouloir découvrir la vérité tout en la craignant. Et on reste suspendu aux rebondissements de l’intrigue, car comme Lancelot, on a envie de percer le mystère de cette femme. On n’est pas seulement à ses côtés, on entre aussi dans sa tête. S’y mêlent judicieusement visions et souvenirs, qui font l’objet de nombreux flashbacks. Certains spectateurs trouveront peut-être le rythme de ET MON CŒUR TRANSPARENT trop lent, et ses musiques anxiogènes à souhait, mais le film parvient à créer une atmosphère particulière et à maintenir un suspense haletant, avec un dénouement à la hauteur de nos espérances, et en cela se révèle une réussite.

Sylvie-Noëlle

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Note des lecteurs3 Notes
Titre original : Et mon coeur transparent
Réalisation : Raphaël Vital-Durand et David Vital-Durand
Scénario : Raphaël Vital-Durand, David Vital-Durand, Stéphane Miquel, d’après l’oeuvre de Véronique Ovaldé
Acteurs principaux : Julien Boisselier, Caterina Murino, Serge Riaboukine
Date de sortie : 16 mai 2018
Durée : 1h26 min
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Bea
Bea
Invité.e
17 mai 2018 22 h 25 min

Tres bon film sur le fond comme sur la forme!

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