Huitième jour à Cannes : quand soudain les frères Safdie réveillent la croisette, avant que Tony Gatlif ne l’enflamme, et que Loznitsa ne l’achève…
Pour ce huitième jour, le Festival de Cannes proposait un double programme aux antipodes avec les deux films en compétition. D’abord avec Une Femme douce, dans lequel Sergei Loznitsa livre une métaphore du gouvernement russe au travers de l’administration d’une prison. Particulièrement lent, le film tient tout de même sur des symboliques intéressantes, mais s’écroule dans un final totalement gratuit, presque racoleur, qui lui aura valu ses premiers sifflets en projection presse. Ensuite, à l’opposé, on découvrait Good Time, polar désespéré dirigé par les frères Safdie. Un excellent réveil pour la séance du matin, que ce cinéma sans message, mais porté par son style, sorte de croisement de Michael Mann et Nicholas Winding Refn. Le film suit Robert Pattinson en braqueur looser qui tente de porter secours à son frère. Rythme nerveux et bande-son électro envoûtante, Good Time n’a pas vraiment de chance de remporter grand-chose, mais aura au moins permis de procurer un peu de plaisir durant cette 70e édition du festival, notamment à Will Smith (membre du jury cette année), très certainement.
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Dans les autres sections, la place était mise à des films avant tout sympathiques. Comme à Un Certain Regard, avec La Fiancée du désert. Une petite historiette sans prétention, mais avec beaucoup de charme, d’une femme cinquantenaire qui traverse le désert argentin avec un homme à la recherche de son sac. Sorte de Gerry (Gus Van Sant, 2002) low-fi, ou de Valley of Love feel-good (Guillaume Nicloux, 2015). À la Semaine de la Critique, le petit rayon de soleil est venu de Brigsby Bear, film typique Sundance (où il avait d’ailleurs été présenté). Cochant toutes les cases du cinéma indé américain, mais sans faire preuve de prétention, le réalisateur Dave McCary offre une agréable comédie dans laquelle un jeune homme, isolé pendant 25 ans, découvre soudain le monde réel. Gentil et pas désagréable, permettant à la sélection de se clôturer sur une note positive. Ce qui ne fut pas le cas de la Quinzaine des Réalisateurs, qui eut droit à un gros nanar avec Bushwick. Un film d’action bourrin, jugé idiot et gratuit, dont la présence en sélection sera restée incompréhensible. Également produit par Netflix (avec Okja et The Meyerowitz Stories) ce grand n’importe quoi n’aura franchement pas remonté la côte de la plateforme de SVOD qui tentait, à Cannes, une percée dans le cinéma.
Enfin, avant que Tony Gatlif ne fasse monter la température avec le ciné-concert Djam, était présenté, à l’ACID, Le ciel étoilé au-dessus de ma tête. Un huis clos tragicomique, dans lequel un romancier reclus à son domicile, voit son quotidien bousculé par l’intervention de sa famille inquiète. Passant de la réalité au fantasme et l’imaginaire, le film multiplie les possibilités d’interprétations, entre drame familial et rencontre amoureuse. Un film aux multiples interprétations que son réalisateur résume comme « l’histoire d’un homme seul, chez lui, avec son stylo, qui essaie de capter tous les éléments qu’il y a autour de lui pour les malaxer et former une œuvre ». Intéressant sur le fond comme sur la forme, et interprété avec brio par Laurent Poitrenaux.
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