[évènement] Rencontre avec Valérie Mréjen et Bertrand Schefer, réalisateurs de « En Ville »

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Le Festival de Cannes, en plus de visionner des films de qualité, nous permet aussi de rencontrer les équipes des films. A l’occasion de la projection de En Ville, un film de la Quinzaine des Réalisateurs, Valérie Mréjen et Bertrand Schefer sont venus discuter de leur film.

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Public : Vous avez choisi certains paysages, des zones d’entre-deux, de quels coins de France s’agit-il ?

Valérie Mréjen : La ville qu’on voit le plus, c’est Saint Nazaire. On voulait situer la rencontre entre Iris et Jean dans une ville comme celle là, à cause de ses paysages portuaires et industriels. C’est ce qui nourrit le travail du photographe. Il se trouve que le travail de Jean est plus ou moins inspiré d’un ami qui fait de la photo, Nicolas Moulin.

Public : Quand j’ai écouté votre film, j’ai pensé à un film que j’ai beaucoup aimé quand j’étais jeune : Ma nuit chez Maude. Et à la fin de votre film, il y a un vieux personnage ignoble qui dit « à mon époque c’était pas comme ça. » Ben je peux vous dire qu’à mon époque c’était comme ça justement.

Bertrand Schefer : Merci c’est un très beau compliment. On adore ce film.

Valérie Mréjen : Chez Eric Rohmer, il y a l’importance de la parole, particulièrement dans ce film. Il a situé l’action à Clermont-Ferrand parce que le personnage travaille là bas. La situation géographique a vraiment du sens par rapport au personnage. Mais on ne répétera pas au comédien dans la scène que c’est un vieux ignoble !

Public : Comment s’est passée l’écriture du film entre vous deux ?

Bertrand Schefer : On a mis un certain temps à écrire, on a enlevé certaines choses, on a mis en commun des idées. Le scénario s’est construit sur des discussions, sur des films qu’on a revus. Le sujet s’est déterminé au fur et à mesure. On n’a pas posé le pitch du film pour se dire après « on va faire un film dessus ». On a commencé par écrire des scènes et à les poser les unes après les autres et à déterminer de plus en plus les personnages. Au fur et à mesure des discussions, des brouillons, des morceaux de dialogue qui venaient, le scénario s’est élaboré par différentes strates.

Public : J’avoue que je n’ai pas réussi à accrocher, l’histoire et sa construction ne m’ont pas touché. Est-ce qu’au montage vous avez changé des choses que vous aviez écrites au départ ?

Bertrand Schefer : Dès l’écriture c’était un peu défait. C’est le but du film, c’est un film très elliptique.

Valérie Mréjen : Le montage a modifié un tout petit peu le scénario tel qu’on l’avait écrit au départ. Mais c’était le pari de faire un film plutôt sur les états des personnages. L’idée n’était pas que les personnages construisent quelque chose ensemble et qu’on suive une trajectoire avec eux et l’évolution de leur relation.

Bertrand Schefer : Ce sont davantage des états et des impressions que le développement d’une histoire avec un vrai lancement et des choses qui s’agglutinent jusqu’à une sorte d’apothéose. Là c’est plutôt un glissement progressif d’un état vers un autre. Comment ces rencontres peuvent changer quelque chose de manière assez subreptice et fugitive. C’est pour ça que je comprends bien le ressenti du défaut d’histoire, mais ce n’est pas un problème de montage. Le scénario a été écrit comme ça.

Public : Et vous pensez que tout ce qui est important se trouve à Paris ?

Valérie Mréjen : Ah non pas du tout.

Bertrand Schefer : C’est ce que le film laisse penser ?

Public : Iris a l’air de s’embêter…

Bertrand Schefer: Cela dit, il s’embête un peu aussi. Disons plutôt qu’il transporte son ennui. On ne l’imagine pas beaucoup plus heureux à Paris que dans sa résidence.

Public : Quelqu’un a dit tout à l’heure : « j’ai écouté votre film ». Moi aussi je l’ai « écouté ». Les dialogues sont tout à fait attachants et subtils. Finalement, on est tellement pris par les dialogues qu’on perd quelque fois le côté visuel. L’équilibre entre les dialogues et le visuel se fait difficilement pour le spectateur que je suis. Qui a écrit les dialogues ?

Valérie Mréjen: Nous deux. Je crois qu’il n’y a aucun moment où on a chacun écrit de notre côté. On a essayé à un moment de le faire pour voir si ça s’enchaîne bien. Mais ça ne fonctionnait pas du tout. C’est sûr que pour nous les dialogues ont énormément d’importance. Mais on voulait aussi que certaines scènes soient fortes sans qu’il y ait beaucoup de paroles. Mais parfois on manquait de temps. La réalité du tournage nous obligeait de réduire des scènes qui auraient dû être un peu plus amples et justement exister davantage de manière visuelle.

Bertrand Schefer : Disons qu’il y a beaucoup de plans fixes. On multiplie rarement les points de vue à l’intérieur d’une même scène. Notamment parce qu’il y a cette place relativement importante accordée aux dialogues. C’est aussi pour cela qu’on a envie de se poser à l’intérieur d’une image, pour que le dialogue s’y déploie. C’est ce qui fait que nous ne sommes pas assaillies contrairement à d’autres films tournés aujourd’hui. Dans chacune des scènes de ces films, il y a 40 plans. Dans le notre, il y a un ou deux plans. C’est peut-être ce qui donne ce côté « on perd l’image » parce qu’on est dans une seule image. Après il faut se débrouiller avec cette image et le son qu’elle renvoie. Mais c’est un parti pris.

Public : Est-ce votre première réalisation ? Quelle est l’origine de votre collaboration ?

Valérie Mréjen: On s’est rencontré à travers les éditions Allia avec lesquelles on travaillait tous les deux depuis sept années environ. J’ai publié quelques récits et Bertrand a édité des textes et traduit pas mal de chose. On s’est rencontré comme ça, on vit ensemble. Je viens aussi des Arts Plastiques, j’ai fait pas mal de choses en vidéos, des court métrages de fiction, des documentaires de 52 minutes. Puis j’ai eu envie de me déplacer dans mon travail et du coup on a eu envie très naturellement d’expérimenter le travail à deux. Et avant, on a aussi coécrit un court-métrage ensemble que j’ai réalisé dans lequel Bertrand joue. Mais on a imaginé le dispositif ensemble tous les deux sur le plateau quand on était ensemble. Ce court métrage a d’ailleurs été à Cannes l’année dernière et a eu le prix uniFrance [Ndr : French Courvoisier]

Public : L’acteur me faisait penser un peu à Dutronc…

Bertrand Schefer : Beaucoup de gens nous le disent. En fait, ça fait 5 ans qu’il [Ndr : Stanislas Merhar] n’a pas tourné donc il a un petit peu disparu du paysage. Il avait été découvert dans le film d’Anne Fontaine, Nettoyage à Sec. Il avait joué après dans Adolphe de Benoît Jacquot, dans La Captive de Chantal Akerman et avec Jean-Claude Brisseau aussi [Ndr : Les Savates du bon Dieu]. Et du coup, il revient comme ça, avec 5 ans en plus, avec une mine un peu plus sombre. Et du coup il est très « Dutronc ».

Public : Et la jeune fille ?

Bertrand Schefer : Elle a joué dans deux longs métrages : un film pour les enfants, elle était jeune, et un autre qui était plutôt passé à la télévision de Catherine Breillat qui était sa vision de Barbe-Bleue.

Public : Je trouve que les portraits de jeunes filles sont plus réussis que le reste. Il y a des plans superbes sur Iris.

Bertrand Schefer : Elle a une photogénie assez exceptionnelle.

Valérie Mréjen : En effet, Lola a quelque chose de très photographique, cinégénique. C’est mystérieux ça d’ailleurs. Pourquoi tout d’un coup le visage est beau à l’écran ?

Bertrand Schefer : Quand elle marche dans la rue, on ne la voit pas, elle est toute petite, elle disparait complètement et puis même son visage n’a rien d’exceptionnel comme ça. Mais dès qu’elle est devant la caméra on ne voit absolument plus qu’elle. C’est miraculeux.

Public : Qui a choisi l’expression « amitié amoureuse » écrite sur la plaquette ? Vous pensez que c’est faisable ?

Valérie Mréjen : Oh oui, je pense que c’est très faisable. C’est aussi de ça qu’on voulait parler dans le film. Quand on dit « amitié amoureuse » c’est une forme de relation qui navigue un peu entre les deux. Iris aimerait être à égalité avec une personne qui a plus d’expérience. Il y a évidemment de l’attirance et du désir et en même temps ce n’est pas possible. Et justement, il se passe quelque chose dans le frottement comme ça. C’est aussi quelque chose de fort parfois sans forcément passer à l’acte et sans forcément être dans une relation physique. Je pense qu’à l’adolescence il y a souvent cette chose qui est présente.

Bertrand Schefer : A cet âge là, on peut plus facilement se construire à travers cette relation là, qu’à travers une relation sexuelle. Là ça permet de développer beaucoup plus des éléments de soi, de découvrir des choses. Alors que la relation sexuelle à tendance à mettre un mur très vite.

 

Lire la critique du film En Ville.

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