Kevin McTurk

Kevin McTurk, miroirs et fumée – Portrait

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Cette semaine se tient à Lyon, l’édition 2020 du festival Hallucinations Collectives, événement ô combien important, qui met à l’honneur un cinéma étrange, fou, hors des sentiers battus et souvent invisible, qui n’a peur de rien et qui ose tout.

Dans le cadre de L’esprit Hallus, le pendant court-métrage du festival, on s’intéresse à un créateur en particulier, à la carrière riche et au talent indéniable, mais toujours resté dans l’ombre, qui à sa façon, nous ramène aux origines foraines du cinéma, à la lanterne magique et sa fantasmagorie, anciennes mais bien vivantes et gardant toute leur force d’évocation.

Kevin McTurk commence sa carrière en 1991, il va pendant 20 ans sillonner les plateaux en travaillant pour des titans de l’industrie des effets spéciaux comme le Stan Winston Studio, le Jim Henson Creature Shop (illustre créateur du Muppet Show), WETA Workshop et Spectral Motion, et par la même côtoyer des réalisateurs de renom et participer à l’élaboration de leurs univers: Guillermo del Toro (Hellboy, Pacific Rim), Peter Jackson (King Kong), Martin Scorsese (Aviator) ou encore James Cameron (Avatar). Tour à tour maquettiste, technicien et maquilleur effets spéciaux, créateur de miniatures et photographe de plateaux, sa curiosité boulimique l’amènera à interpréter lui-même une des créatures de la comédie horrifique Black Sheep.Kevin McTurk

En 2011, avec le soutien de la Jim Henson foundation et de Handmade Puppet Dreams, il lance la production de son 1er court-métrage, The Narrative of Victor Karloch , suivi en 2015 par The Mill at Calder’s end. Ces 2 travaux contiennent déjà toutes ses obsessions; des récits d’aventure et d’épouvante sentant le pulp éclairé à la bougie, le parfum suranné des productions Hammer et le frisson Lovecraftien, avec ces héros tourmentés aux prises avec spectres et créatures millénaires. Nourri à la source de cet imaginaire, McTurk amène un autre procédé inattendu au cœur de son cinéma, les marionnettes, d’un type bien particulier, le Bunraku, venant d’une tradition théâtrale japonaise, de grande taille et manipulées à vue. Une caractéristique permettant à la fois une certaine liberté de mouvement tout en gardant une intimité et une proximité avec l’objet.

Kevin McTurk

Voir les figures familières du genre conjuguées à ces pantins plein de chairs, c’est un plaisir qui confine au fétichisme, une étrangeté fascinante se dégage de ces interprètes singuliers, aux mouvements délicats mais pas tout à fait humains. Une vallée dérangeante qui, avec l’utilisation combinée d’effets plateaux à l’ancienne et de numérique, est brouillée intelligemment pour mieux nous immerger.

Fort de la réputation et du succès rencontré en festival, il s’attèle en 2017 à son plus gros projet, THE HAUNTED SWORDSMAN, mettant en scène un samouraï solitaire, accompagné d’une étrange tête parlante, cherchant à venger la mort de son shogun dans un japon féodal obscur peuplé de monstres mythiques. McTurk rend hommage à tout un pan du cinéma asiatique, entre récits de fantômes et dark fantasy, on pensera à Kwaïdan, Samuraï réincarnation ou encore Lone Wolf and Cub.

Kevin McTurk

Bien que pensé pour fonctionner seul, THE HAUNTED SWORDSMAN n’est que le 1er chapitre d’une histoire que Mcturk ambitionne de développer le long de 4 courts métrages, avec une production design encore plus riche et ambitieuse, faisant la part belle aux créatures à chaque nouveau chapitre.

Singulière et précieuse dans l’industrie, Il y a quelque chose d’évident et de pur dans cette approche de la narration, dans cette façon de ramener ces mythes antédiluviens, qui les enrichit, et nous les fait redécouvrir comme au 1er jour. Espérons qu’il trouve la visibilité nécessaire pour continuer à arpenter nos songes encore longtemps.

Séance « Esprit Hallus » (Int -16), Samedi 5 septembre à 11h au Comoedia, 13 Avenue Berthelot 69007 LYON

-« The Narrative of Victor Karloch » et « The Mill at Calder’s End » sont tout les deux visibles ICI, accompagnés des concepts arts et making-of de ce dernier ainsi qu’un commentaire audio de Kevin Mcturk.

Thomas Besse

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