La planète des vampires

LA PLANÈTE DES VAMPIRES, Bava l’alchimiste – critique

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Objet pop-art hybride et monolithe de science-fiction, LA PLANÈTE DES VAMPIRES du génial Mario Bava ressort en DVD/Blu-Ray chez La Rabbia, dans une sélection de 10 titres essentiels.

Évacuons d’entrée ce qui saute aux yeux, LA PLANÈTE DES VAMPIRES accuse son âge et ce dès son ouverture. En gros, la rencontre des codes visuels des Pulps de SF des 50/60’s avec un manque de moyen évident. L’équipage harnaché de combinaisons en cuir aux liserés jaunes, les décors au rendu carton-pâte, on ajoute à cela des personnages peu, voir pas développés, le tout porté par le jeu hasardeux d’une partie du casting. Ce dangereux flirt avec le nanar pourrait avoir raison d’une partie du public, tentée d’abandonner l’aventure et de crier à l’escroquerie en entendant parler «d’œuvre fondatrice» ou de «classique». Mais pour ceux qui accepteront le voyage, la série Z devient un objet visuel hypnotique, fragile et fascinant, sublimé par le génie protéiforme de son auteur.

Mario Bava est, à la façon de Georges Méliès, Roger Corman ou Ishiro Honda, un adepte du système D. Habitué des budgets serrés, il va employer les mêmes méthodes que sur ses autres productions. Transformer ses limitations et le manque de moyens en énergie créative. L’intrigue reposant sur une force invisible qui s’immisce peu à peu dans l’esprit et le corps des personnages, Bava va capitaliser sur son ambiance et suggérer la menace pour l’ancrer plus fortement dans l’esprit du spectateur.

La planète des vampires

Pour cela il va faire des décors et de la planète un personnage à part entière en utilisant son arme maîtresse, la couleur. Elle est partout: Le ciel se pare de teintes bleutées et vert émeraude, la brume omniprésente traverse les sables et devient rougeoyante comme la lave ou verdâtre pour suggérer des marécages. Ajouter à cela son travail des cadres, jouant de la symétrie et du gigantisme, le rendu factice des décors contribuant à la sensation d’irréel. Mario Bava fait de ce paysage de roches volcaniques baignées dans la brume un espace mental, un cauchemar abstrait pour l’équipage et le spectateur, qui les écrase autant qu’il nous fascine.

Cette aura a traversé le temps et inspiré nombres d’œuvres. la plus connue, Alien, en reprend la structure narrative, jusqu’à citer visuellement certaines scènes. L’exploration d’une épave gigantesque amenant à la découverte d’une espèce inconnue aux dimensions colossales renvoie directement à la découverte du Space Jockey d’Alien. On retrouve également l’idée d’un mal qui cherche à s’immiscer dans la chair de l’équipage, ici sous les traits de la créature crée par Hans Ruedi Giger.

La planète des vampires

Ce rapport au mal forme également une des thématiques centrales du cinéma de John Carpenter. Opposant lui aussi ses personnages à des figures menaçantes, incarnations d’un mal absolu, amoral, qui vient renverser leurs connaissances et conceptions du monde( l’une d’elles sera «portée» par le brouillard dans The Fog).

La superbe restauration proposée par La Rabbia finit d’asseoir le sentiment que LA PLANÈTE DES VAMPIRES semble, comme la plupart des œuvres de Bava, habité par une force. Comme si, à travers le temps, sa mise en scène continuait de trouver un chemin vers l’inconscient du spectateur.

Pour se procurer cette indispensable réédition, rendez-vous sur le site de The Jokers

Thomas

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Note des lecteurs3 Notes
Titre original : Terrore nello spazio
Réalisation : Mario Bava
Scénario : Mario Bava, Alberto Bevilacqua
Acteurs principaux : Barry Sullivan, Norma Bengell, Angel Aranda
Date de sortie : 15 septembre 1965
Durée : 1h26min
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surnaturel

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