CAMPING 3
Crédits : Alain Guizard

CAMPING 3, film sans prise de tête – Critique

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Venus présenter leur film en avant-première dans le Sud-Ouest, à quelques vols d’oiseau de la plage des Flots Bleus, les deux scénaristes Fabien Onteniente (le réalisateur) et Franck Dubosc (Patrick) ont clamé avoir écrit ce CAMPING 3 avec le cœur.

Le film répond, selon eux, au désir d’amour de la part du public pour les personnages. Il faut bien reconnaître que certaines scènes sont assez drôles. Mais pour apprécier CAMPING 3, plusieurs conditions doivent être réunies au préalable. La première, c’est d’avoir, si possible, vu les deux premiers opus, parce que de nombreux gags, déjà vus, y  font référence. Un peu comme quand on revient chaque année au même endroit en vacances, content et rassuré de constater que certaines choses ne changent pas. La deuxième condition est de lâcher complètement prise, de s’imaginer en maillot de bain et les doigts de pied en éventail …et de ne pas, hélas, chercher à y voir autre chose que ce que l’on nous montre à l’écran.

Photo du film CAMPING 3
Crédits : Alain Guizard

Il faut faire des efforts d’originalité pour se renouveler quand on a une même unité de lieu, de temps et de personnages. Les réalisateurs décident parfois de délocaliser la fine équipe géographiquement, avec plus ou moins de réussite. comme Les Profs 2 en Angleterre, Les Tuche 2 en Amérique, ou Babysitting 2 en Amazonie. Les scénaristes peuvent aussi jouer à l’infini sur les nouveaux personnages, comme Les Visiteurs- La Révolution s’y est essayé. Camping 2 faisait intervenir Richard Anconina à la place de Gérard Lanvin et c’est encore le parti pris de CAMPING 3. Mais cette fois-ci, ils vont plus loin : exit  Sophie Gatineau – parce qu’elle prenait de la place et que son interprète, Mathide Seigner, était occupée sur un autre tournage – bonjour les nouveaux, trois gentils jeunots en galère de fric et de logement, que Patrick va prendre sous son aile, d’abord par intérêt puis par grandeur d’âme. Et on rajoute leurs copains et copines et les familles des copines.

CAMPING 3 s’engouffre dans le registre habituel de la confrontation d’un autre monde avec les fans du camping. Cette année encore la rencontre entre anciens et petits nouveaux prête à rire. Toute la palette comique de l’antagonisme est d’ailleurs exploitée : malentendus, jeux de mots, blagues éculées en rapport avec l’écart générationnel. Ainsi les nombreuses références aux vieilles chansons, aux vieux groupes de musique, bien ancrés dans les années 1980, l’accès aux nouvelles technologies… bref, rien que de très original et déjà maintes fois exploité dans toutes les comédies (comme le récent Retour chez ma mère). Les grands moments silencieux nécessaires au temps de montée des informations au cerveau de Patrick, sont finalement les plus drôles.

Le spectateur de Camping 3 est comme Patrick : en maillot et en tongs au bord de la plage, il ne se prend pas la tête !

La comédie est parfois un moyen indirect de donner au public un grain de sable de réflexion. Moult préjugés sont ici effleurés. Pèle mêle, CAMPING 3 aborde le racisme par le biais de Robert, l’un des jeunes. Est évoquée la possible homosexualité d’un Paulo (Antoine Duléry) ravagé par son divorce d’avec Sophie, et la façon dont Patrick s’y confronte est assez déroutante. Franck Dubosc recycle au passage ses sketchs en hallucinations (« oh non pas l’indien des Village People! »). Et le handicap est doublement montré : d’abord l’Alzheimer de Jacky (Claude Brasseur) mais sans totalement l’assumer, puis celui de la mère divorcée d’une copine de la bande de jeunes (Christiana Réali), dans une scène qui rappelle l’excellent sketch du «Ministère des marches ridicules» des Monty Python.

Les thèmes sociétaux et d’actualité ne sont pas en reste de cette troisième ode aux vacances au camping. Les scénaristes insistent sur la différence de milieu social entre les très riches parigots dans les villas magnifiques du Cap Ferret et les franchouillards dans les campings d’Arcachon. Ils nous font rencontrer l’odieux présentateur d’un jeu télé (Gérard Jugnot, encore une fois dans un rôle interchangeable, que peuvent aussi bien  interpréter Christian Clavier que Didier Bourdon). On a aussi droit à un topo sur les conséquences d’un management à l’américaine des Flots Bleus, racheté par Carello (Philippe Lellouche) ou sur les effets provoqués par la drogue.

Photo du film CAMPING 3
Crédits : Alain Guizard

Mais tout ceci n’est que du sable aux yeux qui laisse finalement un goût un peu amer dans la bouche. Un peu comme après Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu. Presque honteux d’avoir concédé des rires gras sur des sujets aussi sensibles, aux côtés de ces vacanciers présentés comme généreux, aimant la vie simple, et buvant du pastis par tous les temps. Les scénaristes ont ouvert plusieurs pistes d’histoires sans grand intérêt, mais les laissent finalement en plan, comme après un démontage de tente. Parce que rien n’est grave, rien n’est creusé. Et parce qu’au fond peu importe: celui qui compte, celui pour qui le public tout acquis est venu: c’est Patrick ! Puisque le personnage principal c’est définitivement lui, celui qu’on attend, et son regard sur autrui, sa gentillesse naturelle, sa naïveté, sa simplicité. Tout le reste n’est qu’emballage.

Dans CAMPING 3, les scénaristes se sont concentrés sur le fait que Patrick gagne en maturité. Il prend conscience de sa beaufitude et quitte peu à peu son maillot de bain de grand attardé pour endosser celui d’un adulte plein de sagesse. D’un père en somme, avec l’occasion inespérée de s’entraîner avec les jeunots. Une transformation qui ne l’empêche pas de continuer à faire les pires bêtises, entraînant CAMPING 3 vers un genre de Very Bad Trip aux Flots Bleus. Les scénaristes portent d’ailleurs un regard assez pathétique sur les excès de la cinquantaine. Il ne nous épargnent aucune scène glauque de drague dans la boîte de nuit Shogun par ces vieux beaux ou ces couguars, que seule la prise de conscience du ridicule permet de n’en plus franchir les limites.

Du coup, le spectateur est comme Patrick, il ne s’implique jamais vraiment. Pas dupe, il reste en maillot et en tongs au bord de l’eau et ne se prend pas la tête. Lui suffit cette impression d’être en terrain de connaissance avec ces points de repère inoxydables rassurants au milieu d’un décor naturel et réaliste. CAMPING 3 est comme un coup de soleil. Qu’on oublie vite. Jusqu’aux prochaines vacances aux Flots Bleus.

Sylvie-Noëlle

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chevalier
chevalier
Invité.e
3 juillet 2016 23 h 21 min

Déception totale par rapport aux 2 autres: pas d’histoire, pas de liens, pas de morale, pas de surprise, pas d’intérêt d’intégrer les 3 co-coucheurs qui vont et viennent avec une scène pathétique de leur ami Kévin et vilaine caricature sans rebondissement ! Claude Brasseur Sénile gâche totalement son personnage , Michèle Laroque prend un rôle ridicule, Jugnot et l’approche raciste est légère et sans intérêt . Bref ! 2 ou 3 rires dans la salle pour un bon public mais çà valait pas un ciné , tout juste un dvd !

Bentes
Bentes
Invité.e
3 juillet 2016 23 h 03 min

Je ne m’attendais pas à mieux, par contre j’ai vraiment été mal à l’aise lors du,moment de la,mise en scène d’une femme,handicapée jouée par Christina realli. Des gens riaient dans la salle, pas moi!

Manu 62
Manu 62
Invité.e
Répondre à  Bentes
13 août 2016 8 h 55 min

Entièrement d’accord avec ce commentaire, j’ai vu ce film avant hier,cette scène ne m’a vraiment pas fait rire à l’inverse de la salle !!!! Décevant…..

Loranbar
Loranbar
Invité.e
2 juillet 2016 22 h 39 min

Énormément déçu par ce troisième opus de camping, autant les deux premiers m’ont divertis et amusé que celui ci est ennuyeux avec un humour très poussif. Certains acteurs sont tres décevant. Du même niveau que les bronzés 3….Mais ça ne reste qu’un avis personnel.

CREPIN
CREPIN
Invité.e
1 juillet 2016 14 h 28 min

Surpris par le monde, pendant les journées du cinéma, lors du jour de sortie du film et n’ayant pas vu les 2 films précédents, je suis surpris par la pauvreté du scénario, ainsi que le ramdam autour de sa sortie, ennuyeux et décevant.

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