FLESH AND BONE
© Starz

[CRITIQUE SÉRIE] FLESH AND BONE

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7.6

Durant plusieurs années le cinéma américain nous a bombardé d’un lot de vulgarité affligeant lorsqu’il s’agissait de présenter la danse à l’écran. Et notamment la saga Sexy Dance (déjà cinq films) dont le titre suffit à se faire une idée du contenu bien pauvre. Mettant en scène l’univers de la danse hip hop, jouant la carte de la modernité pour toucher un public jeune et supposé moins regardant sur la qualité. Récidive du même genre en 2011 avec le triste remake de Footloose. A l’opposé, il y a eu la même année que celui-ci, Black Swan, autant dans son approche psychologique que dans la danse présentée. En voyant arriver la série télévisée FLESH AND BONE – produite par Starz et diffusée en France sur OCS City – qui se déroule dans ce même univers de la danse classique, on retrouve avec plaisir les souvenirs du film de Darren Aronofsky.

Tout commence avec Claire, une danseuse talentueuse qui, après une pause de trois ans suite à des problèmes familiaux, tente de rejoindre une prestigieuse compagnie de ballet à New York, l’American Ballet Company. C’est sans surprise que Claire sera admise au sein de la compagnie, en dépit d’une bourde malheureuse, cela grâce à son talent.

Photo de la série FLESH AND BONE
© Starz

C’est sans surprise que les ballerines la jalouseront alors qu’elle deviendra la coqueluche de Paul Grayson, le directeur artistique manipulateur. Et c’est même sans surprise qu’on retrouve une série de clichés communautaires : il y a la stricte chorégraphe à l’accent de pays de l’est très prononcé, la ballerine ukrainienne de renom mais sur le déclin, et même un patron russe d’un club de striptease – où Claire ira danser entre deux répétitions -, étrangement passionné par les ballets. Mais passés ces éléments, qui font plus sourire qu’autre chose, FLESH AND BONE laisse entrevoir une profondeur dérangeante qui nous maintient intrigué.
Cela passe évidemment par l’héroïne, dont la relation ambiguë et malsaine avec son frère est la base de son personnage. Une relation plus complexe qu’elle n’y paraît qui jouera sur notre empathie pour elle. On alterne ainsi entre sa vie personnelle et son objectif de danseuse. Une danse qui reste d’ailleurs l’un des éléments les plus notables de FLESH AND BONE. La réalisation, simple et élégante, ne cherche pas à mettre en scène les corps des ballerines plus que de raison. Nous voilà captés par une imagerie fascinante – dès le générique qui joue sur l’effet de matière. Une photographie maîtrisée que l’on doit au chef opérateur Adam Arkapaw, dans un style bien différent après True Detective saison 1 et Top of the Lake. Sous sa mise en lumière la caméra n’a alors plus qu’à accompagner les corps qui se tordent et semblent pouvoir craquer à tout moment. Les conséquences de ce travail se voient d’ailleurs souvent sur ces corps trop maigres, poussés à bout pour réussir à enchaîner les performances. De quoi amener la série vers des questions plus générales mais essentielles.

« Une force d’attraction certaine se dégage de FLESH AND BONE. »

L’interprète de Claire, Sarah Hay (danseuse accomplie qui participa à Black Swan), parvient, à l’image de la série entière, à monter en puissance au fil des épisodes. On pourrait assez vite se lasser de cette petite chose fragile, vue comme une vierge frigide par ses rivales, comme un « Bambi » apeuré par les autres. Mais Claire se doit d’évoluer. De se « lâcher » (se sexualiser) comme lui fait remarquer Paul, entièrement nu devant elle, pénis à la main, pour désacraliser un acte qui semble la terrifier. Au fur et à mesure elle s’endurcit, prend confiance, se dresse même contre certains. L’actrice suit cette avancée, passe d’un visage sans beaucoup d’émotion à quelque chose de vivant et varié, jusqu’à ensorceler d’un simple regard. Déjà impressionnante dans sa maîtrise de la danse classique, elle devient même fascinante lors de ses danses sensuelles qu’elle effectue le soir au club de Sergei. On se prend même à voir en elle la Natalie Portman de Closer (Mike Nichols) avec sa perruque si évidente, sa tenue dénudée et évoluant sous une lumière artificielle, très pulp, marquée de couleurs aux néons rosés et bleutés. Son premier strip-tease, tout en sensualité et élégance, mêlé à une forme de malaise, tandis que résonne le titre Delicate Dream de Shana Halligan, témoigne de la force d’attraction certaine qui se dégage de FLESH AND BONE. Une approche qui contraste avec le style puissant de son amie Daphne (Raychel Diane Weiner, tout aussi sublime), s’élançant sur Phenomena des Yeah Yeah Yeahs.

Photo de la série FLESH AND BONE
© Starz

Bien sûr le rapport entre la danse classique et la « danse du sexe » est évident. Si l’un est suffisamment évocateur, l’autre y trouve des similitudes dans ses coulisses, par le personnage de Paul, notamment. En passant d’un univers à l’autre, la réalisation varie avec aisance. Elle ne tombe jamais dans la superficialité inutile, puisque bien souvent la danse se suffit à elle-même. L’épisode final allant même jusqu’à prendre la forme d’une captation du ballet tant attendu. Une forme de liberté offerte aux danseurs, pour le moins osé mais d’un grande réussite.
Avec ses huit épisodes FLESH AND BONE évite d’étirer trop en longueur un sujet qui, peut-être, ne lui permet pas. Suffisamment resserrée pour capter notre attention sans la relâcher, et avec une intelligence certaine qui en vient à séduire. Sa créatrice, Moira Walley-Beckett (productrice et scénariste sur Breaking Bad) assure au final la cohésion d’un spectacle réussi.

D’ACCORD ? PAS D’ACCORD ?

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Affiche de la série FLESH AND BONE

Titre original : Flesh and Bone
Créateur : Moira Walley-Beckett
Acteurs principaux : Sarah Hay, Ben Daniels, Emily Tyra, Raychel Diane Weiner
Pays d’origine : U.S.A
Date de diffusion : novembre – décembre 2015 (U.S.A et France)
Format : 8x60min
Diffuseur : Starz (U.S.A) / OCS City (France)
Synopsis : Des corps meurtris, une pression insupportable et des jalousies constantes, tel est le quotidien des danseurs de ballet. Un quotidien dont rêve Claire, jeune danseuse de Pittsburg fraîchement débarquée à New York pour intégrer l’American Ballet Company…

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