GOOD LUCK ALGERIA
© Ad Vitam

[CRITIQUE] GOOD LUCK ALGERIA

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Scénario et dialogues
6.5
Mise en scène
7
Interprétation
7
Emotions
6
Note des lecteurs3 Notes
7.6
6.6

Premier film du réalisateur Farid Bentoumi, GOOD LUCK ALGERIA est à classer dans la catégorie des Feel good Movie, véhiculant des valeurs positives grâce au parcours du héros. Il s’inspire (encore !) d’une histoire vraie, très personnelle puisque puisée dans la vie de son frère Nourredine Bentoumi, qui a porté les couleurs de l’Algérie aux Jeux Olympiques de Turin de 2006. Ont collaboré au scénario l’incontournable Noé Debré (Dheepan, Les Cowboys) et Gaëlle Macé (Les Anarchistes, Elle l’adore). Le réalisateur, rencontré à Bordeaux en présence de ses deux principaux interprètes Sami Bouajila/Sam et Chiara Mastroiani/Bianca, nous a confié avoir voulu surprendre le spectateur en rendant son héros sympathique par le biais de la comédie. Et de ce point de vue, le film est réussi. Le film n’est pas comique puisque l’on ne rit pas tant que cela, mais le sourire aux lèvres ne nous quitte pas. On a en effet ressenti beaucoup d’empathie pour ce brave gars qui se bat pour sauver sa boite de fabrication de skis et la qualité de son travail, mais aussi pour son père et sa famille. Né en France, Sam a la double nationalité franco-algérienne, mais ne parle pas arabe, ne se sent pas concerné par cette part culturelle. Son père est venu travailler en France, a rencontré sa femme française (délicate Hélène Vincent) et revient régulièrement en Algérie pour s’occuper avec ses frères de la culture de ses terrains remplis d’oliviers, car « celui que ne cultive pas la terre ne la possède pas ».

Photo du film GOOD LUCK ALGERIA
© Ad Vitam

Le réalisateur nous a dit ne pas avoir voulu faire de ce film un énième plaidoyer sur l’intégration, qu’il aborde plus sous l’angle social que culturel et dont il évacue d’ailleurs assez rapidement les difficultés inhérentes. Il s’agit dont plutôt d’un film qui aborde la façon dont sont transmises les valeurs fondamentales à ses yeux, telles l’honnêteté et les liens familiaux ou de sang, plus importants que ceux de la terre natale. Mais aussi sur ce que veulent les parents pour leurs enfants, à savoir la possibilité de choisir leurs vies. Chiara Mastroniani disait à ce propos avoir été séduite par le traitement sous forme de comédie et l’audace dont a fait preuve le réalisateur, qui propose une autre représentation que celle habituellement visible au cinéma sous l’angle de la déchirure dramatique entre les deux cultures.

Le film évoque donc les relations quasi-parfaites, respectueuses autant qu’émouvantes que Sam entretient avec son entourage : avec ses parents et particulièrement son père si fier de lui. Avec Bianca sa femme d’origine italienne splendide, amoureuse et si compréhensive. Avec son pote champion de ski avec lequel il s’est associé (Franck Gastambide). Même avec sa banquière qui lui suggère pourtant de vendre sa boite au bord de la faillite est sympathique. A peine un mot plus haut que l’autre. GOOD LUCK ALGERIA, c’est la gentillesse et la bienveillance revendiquées par Farid Bentoumi. Non que le film dégouline de bons sentiments, mais le réalisateur a admis avoir volontairement fait disparaître tout conflit, refusant par exemple d’introduire une classique crise conjugale lorsque Bianca découvre ce que prépare Sam. Et du coup, mis à part le personnage de Sam dont les émotions varient, les traits des autres personnages sont édulcorés et neutres, voire fades. Il est dommage d’avoir au casting Chiara Mastroiani ainsi qu’Hélène Vincent pour les cantonner à ce cliché de femmes si empathiques et aimantes.

« GOOD LUCK ALGERIA est un feel good movie plein de bonnes intentions, qui nous offre une vision positive et authentique de la bi-nationalité, mais qui manque de piquant. »

Le film se concentre donc sur la modification du héros Sam, sur sa prise de conscience, son regard à propos de ses origines algériennes et de son métissage, mais surtout sur lui-même. Sami Bouajila nous disait que ce rôle était doublement pain béni pour lui : parcours initiatique authentique avec une porte d’entrée physique. Sam lance un défi à son propre corps de quarantenaire en se préparant aux JO, une grande partie du film porte sur ces entraînements dans la neige. On le voit tantôt motivé, tantôt abattu. Le réalisateur a accordé beaucoup d’importance à la façon de filmer le ski de fond, sport poétique et silencieux mais qui demande effort et esprit de compétition. Puis Sam revient en Algérie parce qu’il a besoin de la subvention de la fédération de ski. Un peu naïf, il se heurte à la corruption, aux enjeux à propos de la possession des terrains familiaux. Encore une fois, le réalisateur ne s’attarde pas sur des thématiques propres à la culture maghrébine, telles les différences hommes-femmes ou le racisme auquel est confrontée la fille de Sam à l’école. Il les évoque par touches subtiles, car elles existent, mais il ne s’y aventure pas.

GOOD LUCK ALGERIA, plein de bonnes intentions, nous offre une vision positive et non dramatique de la bi-nationalité. Mais c’est peut-être là la limite de ce film très authentique, voire politiquement correct : on a un peu de mal à se passionner pour cette histoire, qui manque de piquant malgré les multiples sujets abordés.

Sylvie-Noëlle

D’ACCORD ? PAS D’ACCORD ?

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Affiche du film GOOD LUCK ALGERIA
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Titre original : Good Luck Algeria
Réalisation : Farid Bentoumi
Scénario : Farid Bentoumi, Noé Debré, Gaëlle Macé
Acteurs principaux : Sami Bouajila, Chiara Mastroianni, Hélène Vincent, Franck Gastambide
Pays d’origine : France, Belgique
Sortie : 30 mars 2016
Durée : 1h30min
Distributeur : Ad Vitam
Synopsis : Sam et Stéphane, deux amis d’enfance fabriquent avec succès des skis haut de gamme jusqu’au jour où leur entreprise est menacée. Pour la sauver, ils se lancent dans un pari fou : qualifier Sam aux Jeux Olympiques pour l’Algérie, le pays de son père. Au-delà de l’exploit sportif, ce défi improbable va pousser Sam à renouer avec une partie de ses racines.

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Emotions
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