the lobster
© Haut et Court

[CRITIQUE] THE LOBSTER

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Mise en scène
9
Scénario
9
Casting
9
Photograhie
8
Musique
8
Note des lecteurs28 Notes
7.1
8.6

[dropcap size=small]L[/dropcap]e grec Yorgos Lanthimos s’est fait connaître du public grâce à Canine, son premier long-métrage, présenté à Cannes  dans la section Un Certain Regard en 2009. Comme beaucoup d’autres avant lui, il est passé par une sélection parallèle en premier pour, aujourd’hui, intégrer avec son 3ème film, THE LOBSTER, la prestigieuse et tant désirée Compétition Officielle.

Parler de THE LOBSTER n’est pas possible sans évoquer son pitch, absolument dingue : Dans un futur proche… Toute personne célibataire est arrêtée, transférée à l’Hôtel et a 45 jours pour trouver l’âme soeur. Passé ce délai, il sera transformé en l’animal de son choix. Pour échapper à ce destin, un homme s’enfuit et rejoint dans les bois un groupe de résistants appelé les Solitaires. 

S’emballer sur une idée originale couchée sur du papier, on connaît et c’est facile. Mais alors quand, une fois en images, le film est à la hauteur de son postulat, ça donne une claque comme THE LOBSTER. On plonge dans un monde bourré de grotesque mais dont la cohérence et le traitement font qu’on y adhère dès les premières minutes sans broncher. Au-delà de l’étrangeté déployée, on se rend compte que tout est fait avec intelligence. Au fond de quoi parle le film ? D’une société où l’amour se trouve via des points communs, que ce soit des qualités comme des défauts, sans que les sentiments – soit le plus important ! – entrent en jeu. La froideur qui se dégage de cette univers coince le personnage de Colin Farrell (dans un rôle proche de celui de Joaquin Phoenix dans Her, jusqu’à la moustache) dans un étau suffocant où il est sans cesse mis face à l’urgence de la situation : trouver une femme ou devenir un homard. Chaque réveil sonne en lui annonçant le nombre de jours restants, les cérémonies pour fêter la formation d’un couple s’enchaînent, tout comme les petites mises en scène de l’Hôtel à tendance propagandiste sur l’utilité d’être en couple. Ainsi on apprend qu’à deux, on ne peut pas mourir étouffé si on avale de travers ou bien on ne se fait pas violer si on se balade avec son compagnon. Et ce sont des exemples parmi tant d’autres qui constituent un monde où le spectateur se demande très souvent s’il doit rire ou être mal à l’aise. Car il faut le dire, THE LOBSTER est un film très drôle.

© ScreenDaily
© ScreenDaily

Lanthimos oppose dans un premier temps les membres de l’Hôtel et les Solitaires dans des parties de chasses pour nous faire nous rendre compte, lorsque Colin Farrell passera chez les Solitaires, qu’aucun des deux camps ne propose des idéaux vivables concernant l’amour. Ce qui est bienvenu. En définitif, le vrai conflit met plutôt en opposition deux clans : l’amour sentimental contre l’amour modelé par des critères. On craignait que malgré la virtuosité formelle, le film peine à créer de l’émotion. Ce qui est d’ailleurs le cas un bon moment dans la première partie. On assiste à des moments de cinéma somptueux dont une marquante partie de chasse au ralenti. Impossible de nier la capacité qu’a Lanthimos à être un formidable compositeur de plans. La seconde partie reste dans le même ton stylistique tout en arrivant à nous emporter dans une histoire d’amour touchante. On sait d’emblée, dès leur rencontre, que les deux personnages sont fait pour aller ensemble. La manière dont se construit leur relation fait toute la beauté du film. Une première scène sonne le début d’un double-jeu délicieux : Colin Farrell et Rachel Weisz doivent jouer un faux couple lors d’une visite « en Ville », pour ne pas éveiller les soupçons. Dans ce jeu de rôles, ce qui est censé être le faux sonne comme le vrai. Les grandes déclarations de Farrell à propos de sa soi-disant femme sont en fait une belle première déclaration d’amour à partir de laquelle les stratagèmes vont se multiplier pour vivre cette relation devant tout les autres, tout en étant cachés. Un double langage s’établit, via le corporel et le grotesque ne sert plus comme fondation d’un monde bizarre mais devient un vecteur de communication.

« S’emballer sur une idée originale couchée sur du papier, c’est facile. Mais alors quand, une fois en images, le film est à la hauteur de son postulat, ça donne une claque comme THE LOBSTER. »

Que dire de ce première baiser au milieu de la forêt ? Sans doute le plus beau moment du film. Au détour d’une danse partagée en osmose, les deux amants s’embrassent sous l’œil d’une caméra fixe placée à distance afin de créer un espace d’intimité rare qu’ils méritent. Point d’artifices ou de recherche du plan qui va flatter la rétine. L’instant dure, l’instant est magnifique. Difficile d’en dire énormément sur le film sans spoiler les belles trouvailles du réalisateur grec. Ça n’est pas l’envie qui manque au vu de notre enthousiasme à la sortie de la projection. Il ne serait pas étonnant, à l’heure de la remise des prix, de le voir repartir avec un petit quelque chose. Les paris sont posés.  En attendant, on en dira donc que THE LOBSTER est porté par des acteurs géniaux dont un Colin Farrell dans l’un de ses meilleurs rôles, accompagné de Rachel Weisz aussi convaincante que belle. Et qu’on prend son pied pendant 1h50 devant l’inventivité du film, sa mise en scène flamboyante et ses envolées étonnantes. Jusqu’à une fin cruelle, reconfigurant d’un coup toute notre perception du personnage principal. Magique.

THE LOBSTER est présenté en sélection officielle au Festival de Cannes édition 2015 !

 

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[column size=one_half position=first ]colin-farrell-in-the-lobster[/column][column size=one_half position=last ]- CRITIQUE
Autres films de la sélection officielle
– Les films présentés à la Quinzaine des Réalisateurs 2015

Titre original : The Lobster
Réalisation : Yórgos Lánthimos
Scénario : Efthimis Filippou, Yórgos Lánthimos
Acteurs principaux : Colin Farrell, Rachel Weisz, Ben Whishaw, John C. Reilly,
Pays d’origine : Grèce, Angleterre, Pays-Bas
Sortie :
Durée : 1h58min
Distributeur : Haut et Court
Synopsis : Dans un futur proche… Toute personne célibataire est arrêtée, transférée à l’Hôtel et a 45 jours pour trouver l’âme sœur. Passé ce délai, elle sera transformée en l’animal de son choix. Pour échapper à ce destin, un homme s’enfuit et rejoint dans les bois un groupe de résistants ; les Solitaires.

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Mise en scène
Scénario
Casting
Photograhie
Musique
Note finale

  1. Un film comme on en voit trop rarement. Le couple Farrel/Weisz m’a fait pensé à certains égards au couple – tout aussi impossible – Winston/Julia du livre 1984. Et même l’atmosphère du film de Lánthimos fait très orwellienne.
    En revanche, je ne suis pas sûr d’avoir compris la fin du film : le dernier plan veut-il dire que Farrel – ou  »farewell » in that case – a préféré fuir plutôt que de s’ôter la vue ? Ou bien l’a-t-il fait et le dernier plan est une ellipse du realisateur pour éviter de tomber dans le pathos avec une scène du genre  »on les voient partir au loin »?

  2. Pour ma part, j’ai trouvé l’allégorie un peu simpliste – bien que ça fasse partie du charme du film, ça m’a quand même laissé un sale goût de foutage de gueule.
    Sinon, je suis assez d’accord avec vous deux (7.5/10)

    1. Je suis d’accord , avec Maxime , meme si j’ai trouvé le geni, dont on parle, au film le lendemain , aprés digestion. Vous semblez tous d’accord sur la fin , elle pose tout de meme question! Le fait ou le fait pas? Il me semble que le noir n’est pas un « vrai » noir , ce qui pourrait donner une réponse…Enfin c’est ce que j’ai vu…Qu’en pensez vous?

  3. Je suis d’accord avec la plupart de la critique et j’ai adoré le film, mais j’ai l’impression que tu passes à côté de la critique sociétale que livre Lánthimos. En opposant les clans et en montrant qu’aucun ne montre de façon « viable » de vivre l’amour, il dénonce les injonctions sociétales qui pèsent sur les humains aujourd’hui. Etre en couple au risque d’être anormal (« Si ça se passe mal, on vous assignera un enfant », c’est ultra caustique ça par exemple) ou revendiquer le célibat étant des postures fortes aujourd’hui qui créent une certaines pression et peuvent empêcher l’épanouissement puisque chacun de nos actions seraient scrutées par les autres.

    C’est là où c’est malin, la dystopie marche parce qu’elle commente notre présent, notre rapport au couple et à la romance. Et la fin, cruelle certes, illustre juste « l’amour rend aveugle ». ^^