coup de chaud
© TS Productions

[CRITIQUE] COUP DE CHAUD

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Mise en scène
4.8
Scénario
4.5
Direction d'acteurs
5
Photo / Son / Montage
5
Dialogues "Il fait chaud, hein ?"
3.5
Implication
4
Note des lecteurs4 Notes
6.6
4.5

[dropcap size=small]L[/dropcap]a vallée de l’étrange désigne le malaise profond qui assaille quiconque interagit avec un sujet semblable à un être humain, mais légèrement différent. COUP DE CHAUD joue sur cette idée pour remplacer ce qui dans un autre film aurait été un monstre ou un androïde, par un attardé mental incontrôlable. Josef Bousou, fils de gitans ferrailleurs en marge d’un village d’agriculteurs, est difficilement accepté. Certains le trouvent sympathiques, d’autres flippant, mais tous s’accordent pour dire qu’il est étrange. Cette différence le rend progressivement totalement asocial, perdant ses derniers alliés à mesure que la canicule s’intensifie. Les récoltent meurent, les villageois s’engueulent. Qui s’amuse à piquer les dernières ressources essentielles pour cette communauté ? Josef Bousou, cet idiot au regard vide, bien sûr ! Pour les habitants, c’est une évidence, ce ne peut être que lui le coupable.

COUP DE CHAUD voudrait être un Frankenstein social. Comment crée-t-on un monstre ? Le réalisateur Raphaël Jacoulot nous dit qu’ici le Dr. Frankenstein ce n’est autre que nous, la communauté avide de normalité, prêts à transformer en monstre un banal être naïf. Le monstre serait donc crée par la suite de brimades et de réactions instinctives de ces villageois face à un être qu’ils jugent incontrôlables.

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Grégory Gadebois et Jean-Pierre Darroussin © TS Productions

Le problème majeur de COUP DE CHAUD c’est qu’au-delà de ses intentions, le réalisateur ne prend pas vraiment parti, ne tranche sur aucune question qu’il soulève (maladroitement). Désirant coller à une image supposée « réaliste », la figure du monstre se dilue rapidement dans le portrait d’un idiot, même pas attachant. Rien ne sauve Josef Bousou : il est vraiment flippant, son personnage tape sur le système (comme sa musique techno qu’il écoute en boucle dans une 4L tunée) et il perpétue de véritables actes de délinquance.
Le film aurait été une réussite s’il avait permis de nous rendre accessible une forme d’intériorité, un univers personnel qui aurait humanisé Josef Bousou. Alors oui, il bricole des statues bizarres à partir de matériel de récup’. Josef Bousou un artiste incompris ? Raphaël Jacoulot élude la question, préférant se concentrer sur la tension grandissante autour du personnage incontrôlable. Le réalisateur tente de raconter les évènements qui mèneront à la tragédie comme un enquêteur se lancerait dans une reconstitution. COUP DE CHAUD est un film humainement très froid, dépourvu d’empathie.

Film d’ambiance ? Bah, on parle bien de grosse chaleur, mais point une goutte au front des personnages. Le réalisme social engloutit toute incursion possible vers le fantastique. Il y avait pourtant – comme le suggère l’affiche, plus inspirée que le film lui-même – un véritable potentiel pour faire de cette anecdote sociologique une puissante réflexion sur la figure du monstre. Et une fois les prémisses installés, le film se love dans le registre de la chronique judiciaire, le fait divers. L’intérêt pour ce personnage incontrôlable décroît à mesure qu’il est censé attirer toutes les rancœurs. Le film est bien plus crédible dans sa description des petits métiers qui vivotent dans ce coin de campagne. La galerie des seconds rôles, dont celui de l’artisan extrêmement pointu interprété par le très juste Grégory Gadebois, sauve le film de l’ennui absolu. On ressort de la salle avec l’impression d’avoir assister à un patchwork rural, assemblé maladroitement par une trame inintéressante.

”Une fois les prémisses installés, le film se love dans le registre de la chronique judiciaire, le fait divers.”

Ni totalement héros, ni totalement monstrueux, Josef Bousou finit par échouer dans la case martyre. De quelle
cause ? pour quel message ? Le réalisateur préfère terminer sur un sentimentalisme tombé de la première pluie. Il est triste de voir ce personnage rendu creux par l’écriture et la mise en scène, en dépit des efforts remarquables que déploie le comédien Karim Leklou pour le faire exister. Un acteur pour sûr à suivre de près, mais qui sur ce coup aura été mal inspiré. Jean-Pierre Darroussin, lui, traverse le film sans scène mémorable, presque comme un figurant.
Le final laisse circonspect. Le film n’a-t-il rien d’autre à raconter que ce qu’il suggère dans la bande-annonce ? Il semble que non. Avec un bonne idée de départ, on a eu chaud : ça aurait pu être un bon film.

coup de chaud@thomas_coispel

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Diaphana Distribution
Diaphana Distribution

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Titre original : Coup de chaud
Réalisation : Raphaël Jacoulot
Scénario : Raphaël Jacoulot
Acteurs principaux : Jean-Pierre Darroussin, Grégory Gadebois, Karim Leklou, Carole Franck, Isabelle Sadoyan, Serra Yilmaz, Camille Figuéréo, Agathe Dronne, Patrick Bonnel, Marc Prin, Marc Bodnar, Julien Boissier Descombes
Pays d’origine : France
Sortie : 12 août 2015
Durée : 1h42mn
Distributeur : Diaphana Distribution
Synopsis : La canicule dans un petit village rend les habitants agressifs. Tout semble désigner le débile léger comme le parfait bouc émissaire à tous leurs problèmes.

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