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[CYCLE] LE DÉCALOGUE – 3 : Tu respecteras le jour du Seigneur

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À l’occasion de la ressortie en version restaurée des dix parties du DÉCALOGUE de Kieslowski distribuées par Diaphana, retour sur l’une des œuvres fondatrices du cinéma est-européen post-Walesa, un monument de dix heures réalisé par l’un des plus grands metteurs en scène de son temps. Fort de thèmes variés naviguant entre social et religion, nous chroniquerons l’intégralité des épisodes à quatre mains, avec chaque jour un nouvel article. Étude au cas par cas au sein d’une analyse suivie plus large : nous découvrirons l’auteur derrière le patchwork, la pensée derrière le drame humain.

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Ce troisième épisode du cycle somme de Kieslowski se déroule durant la nuit de Noël. L’épisode s’ouvre sur Janusz déguisé en Saint Nicolas dans sa voiture et qui se prépare à aller gâter ses enfants de cadeaux. De la rue à son appartement, il croise un ivrogne chantant et, à l’entrée de l’immeuble, le père harassé par le chagrin du premier épisode. Ce film, comme les suivants, noue des liens étroits avec les personnages des neuf autres, favorisant les lacis que trace la série.
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LE DÉCALOGUE 3 – Tu honoreras le jour du Seigneur

Après les cadeaux, Janusz assiste à la messe de Noël avec sa famille. Et là, dans ce cadre qui sacralise la communion et qui sanctifie la cellule familiale, dans ce geste sourdement blasphématoire qui caractérise la série, le père de famille voit une femme avec laquelle quelque chose passe. Les scénarios de chaque épisode ont cela d’intelligents et de mystérieux qu’il ne dévoilent jamais d’emblée les liens qui lient les protagonistes. Ce qui peut causer des ambigüités désarmantes comme dans l’épisode 4. En l’occurrence, nous apprendrons, à demi-mots, bien plus tard, que la femme en question croisée à l’église, n’est autre qu’une ancienne maîtresse de Janusz.

« Les scénarios de chaque épisode ont cela d’intelligents et de mystérieux qu’ils ne dévoilent jamais d’emblée les liens qui lient les protagonistes »

Janusz, par attache sentimentale, va finir par passer toute la nuit avec Ewa, son ancienne maîtresse, pour l’aider à chercher son mari ivrogne. Ce contexte, où deux vieux amants se réunissent dans l’infidélité au « jour du Seigneur », permet à Kieslowski de déployer son sens des gros plans et des silences, en contraste avec les musiques aiguisées de Preisner. Cet épisode est très étrange au regard des autres. Fait d’errements, de mystères dans les relations et doté d’une apparence discrètement fantastique, il est un de ceux qui réussissent le mieux le saut hors du naturalisme et une fascinante suspension des enjeux.

Filmant à la façon du documentaire, les visages pris dans leur écrin de lumières prennent une dimension surnaturelle.  Autant de procédés audio-visuels qui sont d’habitude bannis de la télévision et qui se trouvent alors célébrés. Les téléfilms sont plutôt coutumiers d’une photographie aseptisée, rendus à la limpidité fade des couleurs. Or, le cinéaste et le chef opérateur image de cet épisode optent pour une invasion des couleurs à la surface (des visages, des décors, des matières). Au vert dégagé par l’écran d’ordinateur du premier épisode, se substitue le rouge des lumières de Noël, passant d’une couleur de passion populaire à une teinte de chaleur adultérine ou mortifère.

« Cet épisode est très étrange au regard des autres. Il est un de ceux qui réussissent le mieux le saut hors du naturalisme et une fascinante suspension des enjeux »

Le commandement auquel se réfère cet épisode n’apparaît pas clairement. Il pourrait tout aussi bien s’agir de « Tu ne convoiteras pas la femme d’autrui » ou « Tu ne convoiteras pas les biens des autres ». Toujours dans ce principe de produire un maëlstrom général, Kieslowski et son scénariste Krzysztof Piesiewicz réussissent à éviter le film à thèse en libérant leur intrigue de toute problématique circonscrite. Ce n’est pas un problème donné de l’existence qui est approché, mais bien un geste de vie, un mouvement du destin qui est esquissé, scellé autour d’une condition humaine plus ou moins nette.

Et dans cette apparente chronique, quelques constats fulgurants réussissent à percer sur la société polonaise de la fin du bloc soviétique. La violence souterraine qui apparaît dans le centre de désintoxication, où le maître des lieux apparaît comme un antisémite larvé, habité d’une violence crasse. La loi clémente et conciliante des policiers accusent également une justice douce des hommes, à l’opposé de l’autre, invisible (divine ?), beaucoup plus cruelle. Sous couvert d’une plongée bénigne dans le quotidien d’un vieux couple d’amants (quoi de plus banal ?), Kieslowski réussit à brosser en filigrane un pan de son pays. Mis bout-à-bout avec les autres épisodes, apparaît un étendard symbolique de la Pologne de la fin des années 80 et de la tragédie humaine dans son universalité.

Flavien Poncet

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Affiche du cycle de films LE DÉCALOGUE

Titre original : Jeden Dekalog
Réalisation : Krzysztof Kieslowski
Scénario : Krzysztof Kieslowski
Acteurs principaux : Maja Komorowska, Wojciech Klata, Henryk Baranowski
Pays d’origine : Pologne
Sortie FR : 29 juin 2016
Sortie POL: 1988
Durée : 10 parties de 50 min
Distributeur : Diaphana Distribution

[toggler title= »Synopsis » ]Les dix commandements vus par Krzysztof Kieslowski : Un seul Dieu tu adoreras, Tu ne commettras point de parjure, Tu respecteras le jour du Seigneur, Tu honoreras ton père et ta mère, Tu ne tueras point, Tu ne seras pas luxurieux, Tu ne voleras pas, Tu ne mentiras pas, Tu ne convoiteras pas la femme d’autrui, Tu ne convoiteras pas les biens d’autrui.[/toggler]

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