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PENTAGON PAPERS, récit d’une émancipation – Analyse

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Comme en témoigne l’affiche du film, avant d’être un drame historique, PENTAGON PAPERS est surtout une leçon d’émancipation.

En cent dix-sept minutes, Steven Spielberg nous plonge dans la fameuse affaire du Pentagon  Papers. Fait historique qui a bouleversé les Etats-Unis, c’est avec une grande clairvoyance que le  réalisateur américain dévoile les détails de ce dossier sensible. Pour cela, il adopte le point de vue du Washington Post et plus particulièrement celui de sa  directrice, Katharine Graham. Brillamment interprétée par Meryl Streep, c’est l’ascension de ce  personnage qui va donner un autre ton à l’œuvre de Steven Spielberg.  

La première fois que nous découvrons Katharine Graham (Kay), c’est dans son lit, endormie sur  un tas de dossier. On nous la présente comme quelqu’un de désorganisée et de débordée. Son  travail joue manifestement un rôle central dans sa vie.

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La scène suivante se déroule d’ailleurs dans son bureau. La transition de Steven Spielberg est  particulièrement judicieuse. Il décide de dévoiler en premier lieu le visage de Fritz, son associé et  d’insérer en off, la voix de Meryl Streep. Ce choix narratif est très significatif. Fritz a plus  d’importance qu’elle dans son propre bureau et il a la mainmise sur son discours. Il lui fait  d’ailleurs répéter ce qu’elle devra dire durant l’assemblée. Spielberg tend à nous faire croire que  Kay n’a pas d’opinion. En effet lorsqu’elle s’adresse à son fils dans cette même séquence, elle n’exprimera jamais son ressenti mais se basera uniquement sur celui des autres comme  lorsqu’elle lui explique que sa décision est celle que son grand père aurait prise. Katharine est jugée par ces deux hommes qui testent ses capacités. Les rôles hiérarchiques sont  inversés, c’est elle qui est gênée et ses employées qui sont à l’aise. L’espace ne lui appartient pas  et Steven Spielberg s’assure de le filmer comme tel. Elle est isolée et excentrée. Ce sont les  deux hommes qui prennent de la place.

Un peu plus tard dans le film, nous retrouvons donc Kay à cette fameuse réunion et tout ce qui a  été dit auparavant va se répéter dans cette séquence. Cette réunion est montée en parallèle avec  une seconde qui a lieu dans les bureaux du Washington Post. On retrouve dans cette dernière, Judith, journaliste qui se fait sermonner par des hommes. Les deux femmes ne peuvent pas se  faire entendre. Encerclées par leurs collègues, elles se font régulièrement couper la parole. C’est encore plus flagrant avec Kay, totalement mise à l’écart de la réunion. On ne lui  demande pas son avis et quand c’est à son tour d’intervenir c’est Fritz qui parle à sa place.  Steven Spielberg la rend volontairement invisible.

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Cet effet est totalement renversé dans la seconde partie du film où nous assistons à l’ascension  des personnages féminins. Que ce soit, Kay ou Judith ou même Tony, la femme de Ben (Tom  Hanks), elles prennent toutes une place privilégiée au sein du récit. Des cadres plus serrés et davantage de dialogue suffisent à Steven Spielberg pour faire  comprendre au spectateur qu’un changement s’opère.  

Kay prend de l’assurance, elle se fait moins interrompre et donne clairement son avis. Judith quant à elle, prend désormais l’ascendant sur ses collègues et n’hésite pas à leur donner des ordres. Et enfin Tony qui n’était montrée que comme une femme au foyer sympathique, s’illustre en recardant son époux. Le rédacteur en chef présomptueux se remet totalement en question. Elle l’éclaire au sens figuré et au sens propre dans une séquence où elle allume littéralement la lampe au dessus de lui.

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L’émancipation Kay atteint son apogée lors de l’ultime réunion avec ses associés. Dans la scène qui la précède,  au cours d’une discussion avec sa fille, elle remet en cause la décision de son père qui a cédé le Washington Post à son époux plutôt qu’à elle. Dans cette réunion, elle passe alors de la réflexion à l’action. Au début de la séquence, elle est assise, entourée de ses associés qui la contiennent. Elle est comme prise au piège. Ils continuent de parler à sa place. Puis elle se lève et se place au premier plan, elle prend possession de l’espace qui lui est dû. Plus personne ne peut l’interrompre. Elle déclare que l’entreprise n’est plus celle de son père ou de son époux mais bel et bien la sienne. Spielberg filme ce discours par un travelling avant, mouvement qui symbolise donc sa  progression. Après cette élocution, elle quitte la réunion et les laisse bouche bées.

Ce renversement de pouvoir se confirme dans les séquences suivantes. Steven Spielberg réalise  notamment un plan emblématique où Katharine Graham passe devant le cadre de son père. Le  mouvement de caméra indique clairement une passation de pouvoir. Non loin d’elle, Judith mène  son équipe de journaliste en leur donnant des instructions. 

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Finalement, le verdict de l’affaire tombe et le Post sort vainqueur de cette affaire. Cette victoire  pour la presse est également une victoire pour les femmes. Katharine Graham a réussit à mener  ses propres décisions. Et en témoigne le bain de foule qui est composé uniquement de femmes, cette réussite semble en inspirer d’autres. 

En conclusion, PENTAGON PAPERS est un film de révélation. Révélation de la vérité mais aussi de potentiel inexploité. Les femmes qui étaient oubliées et délaissées réussissent enfin à se mettre en avant pour être écoutées.

Violette Rettien

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