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Quand les films et les séries explorent la vie des étudiants – Analyse

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Parmi les lecteurs du Blog Du Cinéma, on sait qu’il y a beaucoup d’étudiants, et pas seulement des étudiants en cinéma !

Et on sait que par ces temps troublés de Covid, ils/elles souffrent. Parfois confinés seuls dans leurs chambres universitaires, ou pour ceux qui ont un peu de chance, en colocation ou chez leurs parents. Mais ils souffrent aussi de ne pas pouvoir étudier dans des conditions acceptables – le distanciel et les cours sur Zoom toute la journée, ce n’est franchement pas la panacée. Des études scientifiques montrent même que leur santé mentale est en danger et le CROUS leur propose dorénavant une aide psychologique gratuite. Mais surtout, les étudiants souffrent d’absence de lien social, de rencontres, d’échanges -même à propos de films ou de séries- de fêtes, bref de tout ce qui fait le miel de cette vie-là, et dont on sait bien qu’elle ne dure pas.

Alors, pour les accompagner dans cette situation, les soutenir dans cette épreuve qui dure et les aider à se rappeler ce qu’était la vie d’un étudiant dans le monde d’avant, et ce qu’elle sera, on l’espère, dans le monde d’après, Sylvie-Noëlle et Lily, rédactrices du Blog Du Cinéma, ont eu envie de mettre en avant quelques films et séries qui traitent des étudiants et des études ! On vous a donc concocté une petite liste de films qu’on a aimés et qui évoquent les différentes étapes de la vie d’étudiant, depuis le bachotage des concours, jusqu’à la mise en pratique de la théorie, en passant par les influences ou les préjugés que les étudiants rencontrent parfois, ou encore la découverte de soi. On vous encourage à les revoir ou à les découvrir, et comme cette liste est évidemment loin d’être exhaustive, n’hésitez pas à suggérer d’autres films ! Et surtout, bon courage à vous !

Quand les étudiants sont des bêtes à concours 

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Première Année de Thomas Lilti et Le Concours de Claire Simon

Avant d’entrer dans le vif du sujet des études, il y a parfois un passage obligé par les concours d’entrée. On pense évidemment à PREMIÈRE ANNÉE de Thomas Lilti, qui raconte l’année de bachotage d’Antoine (Vincent Lacoste) et de Benjamin (William Lebghil) à la préparation au concours du PACES (Première Année Commune aux Études de Santé). Le premier a la vocation mais pas le niveau puisqu’il en est à sa troisième et dernière tentative quand l’autre, plus doué naturellement, suit sans se poser trop de questions, le chemin tracé par son père chirurgien. Le film montre parfaitement le dilemme que rencontrent les étudiants entre concurrence et entraide, car les places sont rares : on parle de 90% des étudiants qui échouent à cette première année de médecine ! PREMIÈRE ANNÉE aborde aussi le burn-out qui surgit parmi les étudiants qui n’ont pas tous la même résistance au stress… et y laissent parfois leur peau. Mais aussi, et heureusement, l’amitié, plus forte que tout.

notre critique de PREMIÈRE ANNÉE

LE CONCOURS, documentaire de Claire Simon, évoque quant à lui le concours d’entrée à la FEMIS (École nationale supérieure des métiers de l’image et du son) passé par les aspirants cinéastes, qui ont tous des rêves plein la tête et la passion déjà chevillée au corps. On suit les candidats dans leurs espoirs et leurs déceptions, mais ce qui est intéressant dans ce film, c’est que la réalisatrice montre aussi l’envers du décor et les délibérations des membres du jurys, eux-mêmes professionnels. Passionnés eux aussi à défendre tel ou tel candidat, à envisager leur vie à l’école ou leur capacité à y trouver leur place. Comment, en effet, préjuger de l’avenir d’un candidat, aussi prometteur soit-il ? Quelle sera la part de l’inné et celle de l’acquis ? Quand on sait que 60 sont reçus pour 1000 candidats… et que penser de la pression que les choisis auront sur les épaules à la sortie de la FEMIS, quand leurs films seront sur les écrans… s’ils y parviennent ?

Les études permettent parfois de sortir de son milieu social, mais aussi de déconstruire des préjugés

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La Revanche d’une Blonde de Robert Luketic et Le Brio de Yvan Attal

Alors, ça y est, les concours d’entrée, les examens sont passés et le temps de l’apprentissage peut vraiment commencer. Mais le choc du mélange des classes sociales des étudiants n’est pas à négliger… d’un côté comme de l’autre. Et deux feel good movies abordent cet aspect grâce à la comédie. Ainsi, LA REVANCHE D’UNE BLONDE, merveilleuse comédie sous-estimée de Robert Luketic, brosse le portrait d’Elle Woods (Reese Witherspoon), qui a bien plus à offrir que sa condition de ravissante idiote. Il est pourtant vrai que la blonde stéréotypée de Beverly Hills n’a pas choisi de faire des études à Harvard, dont on connaît la réputation, pour de bonnes raisons : ni pour ses capacités ou ses envies mais simplement dans l’espoir de reconquérir son ex. Évidemment, elle dénote avec son tailleur rose bonbon, ses stilettos et son chihuahua qu’elle trimballe dans son sac. Les autres étudiants se moquent d’elle sans vergogne et lui font comprendre que son manque d’intelligence doit lui faire quitter le campus d’urgence. Pourtant, et sans pour autant se trahir elle-même, Elle va se prendre au jeu des études, s’y révéler brillante et même mener une plaidoirie implacable. Car elle donne à voir à cet entourage empreint d’a priori négatifs que les marqueurs d’une certaine féminité ne rendent pas ces choses incompatibles. LA REVANCHE D’UNE BLONDE délivre en effet un message essentiel de tolérance et d’empowerment, dont nous avons tous cruellement besoin en ces temps troublés.

Pas facile d’être un étudiant en période de Covid !

LE BRIO de Yvan Attal, fait également passer un message de tolérance et de bienveillance. Son héroïne, Neïla Salah (Camélia Jordana) va, elle aussi, grâce à sa force de caractère, faire tomber l’un après l’autre les préjugés, non pas des étudiants, mais d’un professeur de droit réputé dans la prestigieuse Université Panthéon-Assas, Pierre Mazard (Daniel Auteuil). La jeune femme veut devenir avocate et non seulement elle doit beaucoup travailler, passer du temps dans les transports entre sa cité de la banlieue parisienne et la Capitale, mais elle doit aussi subir une confrontation sur de nombreux fronts : milieu social, couleur de peau, éducation, mode de communication et génération. Le mot racisme est même prononcé. Le fameux professeur, sanctionné par le Conseil de Discipline, est forcé de prendre Neïla sous sa coupe, et de la préparer activement au concours d’éloquence universitaire. LE BRIO trouve précisément ses accents de comédie dans la mise en pratique de l’art théorique qu’est la rhétorique -soit l’art de persuader par le discours. Digne d’une tragédie grecque, le chemin de la jeune femme sera parcouru de nombreuses autres humiliations en public, de déceptions, de mensonges, de doutes, de rédemptions. Mais tout finira bien et cet apprentissage commun leur sera bénéfique à tous deux : la transformation de la chrysalide en papillon sera réussie et le grand juriste ouvrira enfin son regard et son cœur.

notre critique de LE BRIO

La découverte de soi

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Le Cercle des Poètes Disparus de Peter Weir et Grave de Julia Ducourneau

On le sait, les études constituent un moment crucial dans nos vies, qui nous permet de grandir, de nous découvrir et de construire les adultes que nous deviendrons demain. La rencontre avec certains professeurs marquants peut être salutaire et rendre les études encore plus marquantes. Car heureusement, tous ne sont pas comme Pierre Mazard, et certains peuvent même ressembler à Monsieur Keating (Robin Williams), dans LE CERCLE DES POÈTES DISPARUS, de Peter Weir. La présence peu probable d’un fantasque professeur de lettres anglaises dans la prestigieuse académie de Welton, réputée pour être l’une des plus fermées et austères des États-Unis, se révèle en effet une chance pour Todd Anderson (Ethan Hawke). Grâce aux méthodes de Monsieur Keating, le jeune homme réservé découvre qu’il est possible de refuser l’ordre établi, de se rebeller contre sa propre famille et de s’affranchir de la pression familiale. Et surtout de choisir son propre chemin, même si le prix à payer est élevé. Car au cinéma, la découverte de soi par le biais des études est souvent mise en exergue de façon dramatique. Et parfois même soulignée par ses excès.

Comme dans le sanglant GRAVE de Julia Ducourneau, dont l’héroïne Justine (Garance Marillier) suit elle aussi les traces de sa sœur Alexia (Ella Rumpf) en intégrant, après concours, l’école vétérinaire. La réalisatrice explore la thématique de l’éternelle métaphore du passage à l’âge adulte en profondeur et définit la rupture avec le cocon familial comme un déchirement traumatique. Quoi que. Plutôt que de cocon, dans le cas de Justine, on serait plutôt tenté de parler d’emprise. Issue de parents vétérinaires, elle suit, sans conviction réelle toutefois, la même voie. Sa cellule familiale est végétarienne, elle ne mange aucune viande… Jamais. Jusqu’à un soir de bizutage. Où on lui impose d’avaler un morceau de lapin cru. Symbole de rébellion ultime, le goût de la chair la pousse irrémédiablement dans ses retranchements les plus intimes. À sa sortie en 2017, ce drame horrifique à la française a fait l’effet d’une bombe dans le petit monde des amateurs de genre. La chair et le corps, tabou ultime, comme allégories évidentes de l’interdit. Une jeunesse qui essaie et goûte, une fois libérée de la sacro-sainte autorité parentale. Sauf qu’à trop retenir le chien, il finit par montrer les crocs.

notre critique de GRAVE

La colocation

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L’Auberge Espagnole de Cédric Klapisch et L’Étudiante et Monsieur Henri de Ivan Calbérac

De par le lieu choisi de leurs études, les étudiants sont parfois obligés de quitter le giron familial, et c’est souvent le début de la véritable liberté ! Certains n’auront pas le choix et logent dans une chambre universitaire, d’autres prennent une chambre chez l’habitant. Là encore, les réalisateurs abordent souvent ce sujet avec légèreté, sans trop montrer les étudiants en train d’étudier mais en profitent plutôt pour donner une leçon de vie et faire réfléchir les spectateurs au choc, soit générationnel, soit culturel. C’est ce qui arrive dans L’ÉTUDIANTE ET MONSIEUR HENRI de Ivan Calbérac à Constance (Noémie Schmidt) qui loue une chambre dans l’appartement parisien de Monsieur Henri (Claude Brasseur). C’est son fils Paul (Guillaume de Tonquedec) qui a proposé cette colocation particulière avec le vieil homme aigri à la santé vacillante. Un arrangement qui ne sera pas de tout repos pour Constance. Car loger dans une maison, c’est déjà pénétrer la vie de ses habitants et de leur famille et participer, bon gré, mal gré, à leurs conflits. Monsieur Henri va lui pourrir la vie, puis la soudoyer pour qu’elle brise le couple que son fils forme avec Valérie (Frédérique Bel), tout simplement parce qu’il ne l’aime pas. Mais tout finira par s’arranger et la présence de la jeune étudiante, tel un chien dans un jeu de quilles, permettra d’éteindre les rancœurs familiales et de rabibocher tout le monde.

Et puis, certains étudiants choisissent de poursuivre leurs études quelques mois ou une année dans des campus à l’étranger, dans le cadre du programme Erasmus. C’est le cas de Xavier (Romain Duris), dans L’AUBERGE ESPAGNOLE de Cédric Klapisch, confronté à un double choc culturel lorsqu’il se rend à Barcelone et qu’il rencontre ses sept colocataires étrangers, tous différents dans leur façon d’envisager le monde et leurs vies, mais tous attachants. La vie en communauté amènera son lot de surprises et de rencontres amicales et amoureuses fondamentales et durables. Empêtré dans ses histoires d’amour bancales, avec Martine (Audrey Tautou) ou avec Anne-Sophie (Judith Godrèche), le héros verra sa vie déclinée dans deux autres opus par le réalisateur. Presque vingt ans après sa sortie, on doit à L’AUBERGE ESPAGNOLE un focus sur cette « Génération Erasmus » et tous les souvenirs inoubliables qu’elle trimballe, ainsi que la création de couples mixtes dont l’Europe s’enorgueillit.

La mise en pratique des cours théoriques

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The Social Network de David Fincher, La Crème de la Crème de Kim Chapiron, 3615 Monique et Stalk de Simon Bouissou

Certains étudiants n’ont pas besoin de quitter le moment des études, ni même d’attendre leur entrée dans la vie active, pour commencer la mise en pratique de leurs cours théoriques et de leurs compétences propres. Ils sont en effet déjà dans la mise en application de leur formation, créant des outils ou développant des idées originales pour répondre à des besoins qu’ils ont bien identifiés, ou tout simplement pour se venger. Certains réussissent même à monter une entreprise, à devenir indispensables sur un marché, à gagner de l’argent. Mais, suscitant évidemment quelques jalousies et étant un peu hors la loi, ils sont parfois déçus par leurs co-créateurs, ou trahis – quand ils ne trahissent pas eux-mêmes. On pense évidemment à THE SOCIAL NETWORK de David Fincher, qui relate les débuts de Mark Zuckerberg (Jesse Eisenberg). Il avait piraté le système informatique de l’Université de Harvard pour créer un site et une base de données de toutes les filles du Campus. Le système de notation et de like était né. Le film montre très bien le parcours de ce jeune homme visionnaire mais aussi imbu de lui-même et de son génie, ainsi que les conflits qu’il a créés, les amitiés qu’il a brisées et les risques qu’il a pris.

notre critique de THE SOCIAL NETWORK

Dans le même ordre d’idée, la série 3615 MONIQUE de Simon Bouisson retrace, avec plus ou moins de véracité, l’utilisation de l’invention du Minitel par trois jeunes génies de l’informatique pour créer un site payant de messagerie érotique. La série, dont une Saison 2 est en cours de tournage, donne à voir avec humour la petite entreprise improbable de Stéphanie (Noémie Schmidt), Tony (Paul Scarfoglio) et Simon (Arthur Mazet), trois étudiants sans trop de points communs, mais se saisissant avec brio d’un domaine encore balbutiant. Et surtout, 3615 MONIQUE décrit parfaitement la France des années 80, que les étudiants de vingt ans d’aujourd’hui ne peuvent pas connaître. Car cette série réjouissante permet aussi de faire un focus sur toutes ces notions du monde d’avant Internet (le minitel, le téléphone fixe, la prise péritel…) et de se rappeler que si le confinement avait eu lieu à cette époque, on aurait peut-être encore plus souffert !

Vivement la reprise de tout ce qui fait le miel de la vie des étudiants !

C’est encore le domaine informatique que le réalisateur Simon Bouisson évoque dans STALK, par le prisme des conséquences de sa soirée d’intégration, Lux (Théo Fernandez), petit génie informatique étudiant dans la meilleure école d’ingénieur de France. Car la série commence, de façon assez courageuse, par l’évocation du bizutage, dont les actes humiliants ou dégradants en font un délit depuis 1988, puni par la loi par des amendes et des peines d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 10 ans selon la gravité des faits. Lux, humilié par les étudiants les plus en vue du campus, ne porte pas plainte mais décide de se venger en hackant leurs téléphones et leurs ordinateurs. Il les stalke et découvre ainsi tous leurs secrets, se rapprochant d’eux jusqu’à faire partie de leur bande et les monter les uns contre les autres. Mais il tombe aussi amoureux de Alma (Carmen Kassovitz), ce qui le rend vulnérable. Tout se retournera évidemment contre lui et la Saison 2, déjà tournée, sera disponible en fin d’année.

Enfin, on retrouve cette thématique de la mise en pratique de la théorie par des étudiants motivés dans LA CRÈME DE LA CRÈME de Kim Chapiron. Kelly (Alice Isaaz) vient d’intégrer la première année de ce que le directeur n’hésite pas à appeler dans son discours inaugural « la meilleure business-school » d’Europe, dont les étudiants en sont « la crème de la crème » … rien de mieux pour booster les étudiants, même ceux qui ne sont pas physiquement sûrs de leur charme. Le réalisateur filme assez peu les cours en amphithéâtre, leur préférant les nombreuses fêtes, ainsi que les râteaux pris par ces étudiants. Kelly et deux élèves de seconde année, Dan (Thomas Blumenthal) et Louis (Jean-Baptiste Lafarge), décident d’appliquer leurs cours d’économie en démontrant par des comparaisons aussi douteuses que malignes que la loi du marché s’applique aussi au marché sexuel de leur école. En montant un business pas très net, ils vont évidemment se brûler les ailes et mettre leurs études en péril. Le film interroge sur les limites de la moralité et de l’éthique, mais aussi sur le bon dosage du temps que les étudiants doivent estimer entre étudier et s’éclater en soirées pour décompresser.

Car on n’en doute pas, les soirées étudiantes reviendront !

Sylvie-Noëlle et Lily Nelson

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