La série d’Alex Pina produite par Netflix, LA CASA DE PAPEL, est de retour depuis quelques jours avec sa deuxième partie. Alors, que vaut la série espagnole dans son ensemble ?
Difficile de passer à côté de la série phénomène qualifiée par ses fans d’Ocean’s Eleven espagnol. Pour ceux qui n’auraient pas eu la chance d’en entendre parler, « LA CASA DE PAPEL » c’est l’histoire de 8 braqueurs portant les noms de grandes villes du monde (Denver, Tokyo, ect…). Menés par l’énigmatique personnage d’‘El Professor’, visiblement atteint d’Asperger, ils ont dans l’idée d’attaquer la Maison de la Monnaie pour empocher un pactole d’un milliard d’Euros. Cela sans voler personne, ni verser la moindre goutte de sang. Mais, comme on peut s’en douter, aussi millimétré que puisse être le plan, tout ne va pas se passer comme prévu.
Par ailleurs, la saison 1 s’était achevée sur un immense cliffhanger. ATTENTION SPOILERS JUSQU’À L’IMAGE CI-DESSOUS !!
Raquel Murillo, l’inspectrice en charge du braquage, avait trouvé la maison reculée dans laquelle notre petit groupe avait parachevé son entraînement avant de commencer le «Coup du siècle». L’endroit grouillait encore de preuves pouvant incriminer tout le groupe. Premier gros point noir que l’on va aborder d’entrée : la réalisation est dans son ensemble assez tenue, sans vraiment prendre de risque. On peut regretter un manque d’identité à l’image. Difficile de trouver quelque chose propre à LA CASA DE PAPEL dans sa mise en scène ou dans ses cadres. C’est surtout simple et efficace. En excluant toutes les scènes de fusillades qui sont une horreur. Rajouter en FX, un effet de tremblement sur un plan mal cadré ne rend pas une fusillade ni tendue, ni intéressante. C’est le postulat d’un braquage en Stand By qui est intéressant, bien plus que les scènes d’action. Comment chaque personnage supporte ou non son emprisonnement, que sont-ils prêts à faire pour récupérer cet argent et ne pas finir en prison ? Tout en s’efforçant de ne pas tomber dans ce qui ferait d’eux des monstres : le meurtre. Tel est le sujet de la série, une modernisation du mythe de Robin des Bois, la charité en moins.
LA CASA DE PAPEL est une série sur les gens, mais les liens entre tous les acteurs du braquage sont exposés à une vitesse effrayante. Chacun d’entre eux a un background lourd que les scénaristes essayent de mettre en place en très peu de temps. Même problème pour le sentiment de cohésion de groupe bien présent dans l’attention de tous portée aux autres et leur personnalité propre affirmée. Mais tout va tellement vite qu’on y croit pas ou à moitié. La raison en est simple : l’espace dédié à l’exposition de leur background est bouffé par le casse qui demande des explications constantes. Le maestria d’El Professor a quelque chose de très grisant c’est un fait. Peut être parce qu’on se plait à voir la police agir exactement comme prévu ou tomber dans chaque piège tendu par le personnage. Mais c’est au détriment de la profondeur d’histoire. Le choix de la série d’explorer la psyché de tous ses personnages, rend leur incarnation bancale.Les personnages de la série restent que des archétypes, sans malheureusement sortir de leur caractérisation initiale. Berlin est un connard, Tokyo, une rebelle, Denver est une tête brulée, Rio, un gamin. Point à la ligne. Leur emprisonnement ne change rien. Ce qui les rend prévisibles et identifiables comme indispensables ou non à la suite des événements. Pas la peine de réfléchir longtemps pour deviner qui peut et ne peut pas mourir dans ce type de récit.
Un récit assez trompeur d’ailleurs, ou trop ancré dans les codes narratifs du format série de son pays d’origine. L’action, la tension et l’enquête mises en place ne changent rien à un fait : sous l’étiquette de série de braquage, se trouve surtout une série d’intrigues amoureuses confuses et inutilement complexes, digne d’une bonne vieille telenovela. Le braquage n’étant qu’un prétexte pour livrer un message politique. Elle ne se rattrape que dans sa forme séductrice car dans le fond, LA CASA DE PAPEL aurait pu fonctionner dans n’importe quel endroit clos.Ce ne serait pas un problème si la série ne mettait pas ses protagonistes en postures de modèles. Comme oubliant que tous les personnages féminins de la série ne sont que faussement fortes. Des héroïnes de telenovelas qui agissent en réponse à l’action positive ou négative d’un personnage sur leur intrigue amoureuse respective. Tokyo ne va à l’encontre de Berlin que parce qu’elle aime Rio, Monica ne parvient à tenir tête à Arthuro que parce qu’elle aime Denver, etc. Si Nairobi dit à un moment « Que le matriarcat commence ! » parodiant une phrase de Berlin («Ici c’est un patriarcat»), il n’empêche qu’elle ne fait absolument rien à la tête du braquage et rend très rapidement la place de chef à Berlin, qui est caractérisé comme plus doué qu’elle. Rachel Murillo marque néanmoins une exception plaisante par sa volonté d’émancipation poussée.
Au final, tous ces éléments gâchent le plaisir que l’on pourrait avoir au visionnage. LA CASA DE PAPEL est une série qui, dans l’ensemble, est divertissante, truffée d’intelligentes idées d’écriture et de rebondissements. Mais qui reste desservie par son absence de prise de risques à la réalisation , son intrigue simpliste et très clichée.
Kensley JULES
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• Créateur : Alex Pina
• Scénario : Alex Pina
• Acteurs principaux : Ursula Corbora, Itziar Ituño, Álvaro Morte, Pedro Alonso, Alba Flores, Miguel Herrán, Jaime Lorente & Paco Tous
• Date de sortie : 2 Mai 2017