Après 2 ans d’absence, le loup blanc revient pour chasser de nouveaux monstres sur le Continent. Mieux développée que la précédente, cette nouvelle saison riche en effets spéciaux nous en met plein les yeux. L’ambiance, les décors, les costumes bien plus travaillés ne parviennent cependant pas à faire oublier le scénario très médiocre.
Suite à la bataille de Sodden, Geralt emmène Ciri à Kaer Morhen pour l’entraîner en tant que sorceleuse et en connaître davantage sur son enfant surprise. Yennefer, quant à elle, tente de rejoindre l’académie d’Aretuza après avoir perdu son lien avec le chaos pour avoir utilisée une magie interdite. Avec une première saison qui a divisée les fans, Netflix se devait d’apporter quelques améliorations à la série ! La showrunneuse Lauren Schmidt Hissrich a pris note des critiques, corrigeant certaines erreurs… pour en commettre d’autres ! Soyons clairs, si vous espérez une œuvre fidèle aux romans, vous serez déçus ! S’inspirant en partie du tome « Le sang des elfes » de Andrzej Sapkowski, la série prend en effet une grande liberté scénaristique ! Des choix parfois discutables qui ne manqueront pas de faire réagir les fans les plus aguerris.
L’univers en mutation
La plus grande force de cette nouvelle saison est sans conteste sa qualité visuelle nettement mieux travaillée et soignée ! Le budget a été revu à la hausse, ce qui se ressent dès le premier épisode (certainement l’un des meilleurs de la saga) ! Inspiré du conte de La Belle et la Bête, « Un grain de vérité » est un véritable enchantement, avec une mise en scène riche et époustouflante. Les effets spéciaux sont d’un tout autre niveau, comme nous le montre la créature maudite Nivellen ou encore la terrifiante Brouxe, filmée de façon accélérée afin d’accentuer son côté inhumain. Évidemment, qui dit monstres à terrasser dit combats épiques ! À coups d’épées, de potions ou de sorts, ces derniers sont moins techniques, mais restent tout de même très dynamiques. Et ce n’est pas la bataille du dernier épisode qui nous contredira.
Toujours pour le plaisir des yeux, les ambiances sont devenues plus sombres et mystérieuses, ce qui correspond davantage à une série de dark fantasy. L’arrivée tant attendue à Kaer Morhen, antique forteresse des sorceleurs, rappelle celle du jeu vidéo. Les nombreux détails raviront les fans : la grande salle, l’arbre aux médaillons, l’armurerie regorgent de références cultes de la franchise. Les ambiances auraient cependant pu être améliorées avec une musique plus marquante. On retrouve quelques thèmes déjà connus, propres à certains personnages ou lieux, mais rien de mémorable.
Côté distribution, Henry Cavill s’imprègne davantage du sorceleur, confirmant qu’il est le choix idéal pour endosser le rôle ! Avec un personnage devenant plus central, Freya Allan prouve qu’elle a les épaules solides pour interpréter la princesse Cirilla. Malgré quelques nouveaux visages, il est difficile de se faire une idée sur le reste du casting tant leur durée à l’écran et leur impact sur le déroulement de l’histoire sont sans grand intérêt.
The Witcher fidèle aux romans ?
Que les spectateurs un peu perdus lors de la première saison se rassurent, l’histoire est cette fois beaucoup plus linéaire ! Malheureusement, le rythme des épisodes est lent et l’engouement décroît au fil du temps. Pour cause, des intrigues inintéressantes ainsi que des personnages peu développés. L’une des trames principales de la série est le sort des elfes. Leur misère, le racisme dont ils sont victimes et leur haine envers la race humaine ne sont que survolés. Malgré des thèmes « forts », nous avons beaucoup de mal à éprouver de l’empathie pour eux. Le manque de dynamisme ainsi que de personnages charismatiques nous donne souvent l’impression de perdre notre temps.
THE WITCHER met en place beaucoup trop d’histoires et ne prend ni le temps, ni les moyens de les détailler. Ce qui a pour conséquence des raccourcis scénaristiques souvent absurdes ! L’évasion sans difficulté de Yennefer et Cahir alors que ces derniers sont entourés de rois et de magiciens. Pas l’ombre d’une résistance sur leur chemin, une scène totalement illogique et ridicule. Le problème étant que la série propose des choix différents des romans souvent moins bons que ces derniers. On pense évidemment au sort d’Eskel qui diffère totalement de celui que l’on connaît, allant même jusqu’à modifier son comportement. Les personnages traversent également plusieurs pays en une seule journée, aucune magie derrière hormis celle du montage ! Heureusement que Geralt et Ciri sont là pour sauver un temps soit peu la situation. Au cœur de l’histoire, la relation du sorceleur et de son enfant surprise est correctement retranscrite. Bien que rapide, l’alchimie des deux protagonistes est flagrante, très bien développée, ce qui donne lieu à des scènes touchantes, notamment avec un final d’une grande beauté.
La Destinée est en marche
Quelles que soient les décisions plus ou moins réussies, l’adaptation du sorceleur continue sa chevauchée. Esthétiquement plus travaillée, l’amélioration de la qualité visuelle ne parvient pas à cacher les fragilités du scénario. Le manque de cohérence et d’intérêt lors des intrigues poussent trop souvent à l’utilisation de raccourcis scénaristiques. Des choix qui sèment le doute quant à la suite des évènements, alors que la production de la saison 3 a démarré.
Loin d’être aussi sombre que l’œuvre originelle, la série THE WITCHER souffre également d’une version édulcorée de l’univers, plus conventionnelle. Le monde est beaucoup moins cruel et gore que celui que l’on connaît. Les fans de la saga littéraire seront certainement déçus, tant par le choix d’écriture que par le traitement de certains personnages. Loin d’être sans faille, l’adaptation reste tout de même divertissante lorsqu’elle se concentre sur l’aventure et la chasse aux monstres ! Malgré quelques efforts visibles, on peine à croire que la série devienne un jour la grande saga de dark fantasy qu’elle mérite d’être.
Floriane GELE
• Créateur.rice.s : Lauren Schmidt Hissrich
• Acteurs : Henry Cavill, Anya Chalotra, Freya Allan
• Date de sortie : Depuis 2019
• Durée des épisodes : 60 minutes