comme des garçons
Crédits : Bruno Calvo / Stéphanie Branchu

COMME DES GARÇONS, le playboy qui croyait au foot féminin – Critique

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Pour son premier film, COMME DES GARÇONS, Julien Hallard rend un bel hommage aux pionnières du football féminin.

Les changements de mentalités sont parfois à l’initiative de personnes sur lesquelles on n’aurait pas parié un kopeck. C’est exactement ce qui s’est produit à Reims, en 1968, avec le journaliste sportif Pierre Geoffroy. En véritable visionnaire, il décida de créer une équipe de football féminin et de passer une petite annonce pour recruter les joueuses. Le réalisateur Julien Hallard s’est emparé avec jubilation de cette histoire vraie pour son premier long métrage COMME DES GARÇONS, qui s’appelait au départ Les filles de Reims.  Rencontré à Bordeaux pour la présentation de son film avec l’une des actrices Mona Walravens, il y a même vu une « véritable épopée ». Il a pourtant mis plus de cinq ans pour réaliser sa « comédie d’auteur populaire », manifestement en raison de ses nombreuses clés de lecture: à la fois film de sport, film féministe et film d’époque des années 60. Le réalisateur s’est attaché à montrer que ces joueuses voulaient juste avoir le droit de pouvoir jouer au football, sans avoir de revendication féministe, ni de conscience politique affichée. Pour autant, il n’a pas souhaité faire « un biopic, ni un documentaire sociologique, juste offrir une vision de ces femmes à travers un prisme un peu moderne »

Photo du film COMME DES GARÇONS
Crédits : Bruno Calvo / Stéphanie Branchu

De fait, celle qui va s’émanciper, c’est l’héroïne Emmanuelle (Vanessa Guide). Elle a baigné depuis toute petite dans le monde du football parce que son père est un ancien grand footballeur. Mais en tant que femme, et bien que fervente supportrice du club local et secrétaire dans un journal sportif, elle doit garder cette passion pour elle. Car la période est encore bien peu propice à la libération des femmes et à l’expression de leur liberté.

L’atmosphère des sixties est d’ailleurs très bien retranscrite dans COMME DES GARÇONS et le réalisateur s’est amusé à y rajouter la même touche de dérision que l’on trouve dans Populaire, ou OSS 117 : des choses sérieuses traitées avec humour. L’un des meilleurs moments du film est le recrutement des joueuses par le journaliste sportif Paul Coutard, frimeur glandeur « dragueur premier degré, sixties minet genre Belmondo » qui se prend quelques râteaux, que l’acteur Max Boublil au brushing parfait ne parvient pas à rendre aussi antipathique au premier abord que l’aurait souhaité Julien Hallard.

En s’employant à déconstruire les clichés misogynes grâce à la dérision et la caricature, COMME DES GARÇONS est un feel good movie jubilatoire.

Accompagné de son collègue, sorte de Jiminy Cricket (Bruno Lochet), il va recruter plusieurs joueuses assez archétypales, depuis la baba cool (Solène Rigot), la ménagère encouragée par son mari (Carole Franck), la mère de famille freinée par le sien, en passant par la jeune fille timide, la grande gueule (Sarah Suco) ou la belle « mi Bardot-mi Birkin » (Mona Walravens).

Photo du film COMME DES GARÇONS
Crédits : Bruno Calvo / Stéphanie Branchu

Mais ces scènes sont doublement frustrantes. D’abord parce qu’on aurait aimé assister à encore plus d’entretiens avec des candidates et pas seulement les joueuses choisies, tant les questions et l’intérêt du journaliste sont sources de décalage comique avec les envies et les vies des femmes. Et ensuite parce qu’on aurait voulu s’attacher à la vie des autres joueuses et comprendre leurs motivations, comme celles d’Emmanuelle. Mais Julien Hallard assume son parti pris, puisque « sa gageure était que les actrices forment avant tout une équipe et qu’elles acceptent de jouer leur partition très physique sans avoir de background psychologique ».

Sylvie-Noëlle

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Titre original : Comme des garçons
Réalisation : Julien Hallard
Scénario : Julien Hallard, Jean-Christophe Bouzy, Claude Le Pape et Fadette Drouard
Acteurs principaux : Max Boublil, Vanessa Guide, Bruno Lochet
Date de sortie : 25 avril 2018
Durée : 1h30 min
3.5
Jubilatoire

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