David Golder

[CRITIQUE] DAVID GOLDER (1931)

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Mise en Scène
5.5
Scénario
6
Casting
7
Photographie
7
Musique
7
Gestion du parlant
3
Note des lecteurs0 Note
0
6
note du rédacteur

[dropcap]P[/dropcap] remier film parlant de Julien Duvivier, qui bénéficiait déjà d’une certaine reconnaissance liée à ses précédent succès muet, DAVID GOLDER est l’adaptation d’un livre culte d’Irène Némirovsky. Réalisé en 1931, il est étrangement bien moins connu que la majorité des œuvres du cinéaste, et il est plus souvent cité pour son caractère politiquement ambigu, voir antisémite pour certains, que pour ses qualités cinématographiques pourtant bien réelles.

Faisant office de transition pour son réalisateur, le film est un exemple frappant des bouleversements qu’a traversé le cinéma avec les révolutions sonores ; ainsi, la mise en scène de Duvivier s’apparente plutôt à un balbutiement maladroit qu’au travail techniquement parfait qui fera la réputation du cinéaste. Cela est évidemment lié aux habitudes de l’époque. N’ayant pas une maîtrise totale de l’outil parlant, Julien Duvivier livre un montage hasardeux, qui semble coincé entre deux époques. Les gros plans typiques du muet font clairement tâche au milieu de séquences découpées avec une modernité évidente. Facilement compréhensibles, ces défauts peuvent cependant nous sortir du film, d’autant plus qu’il sera difficile de compter sur l’écriture pour s’y raccrocher. Entre des personnages féminins totalement clichés, et une caractérisation totalement maladroite du personnage de David Golder, archétype du juif banquier cupide, on ne peut pas dire que Duvivier accorde une grande importance aux personnes qu’il filme. Malheureusement, cela nuit au propos même du film, ainsi qu’à son rythme qui paraît s’étirer en longueur malgré une durée assez faible, moins d’une heure trente.

david-golder

Alors certes, le cinéaste semble vouloir décrire une humanité sombre, imparfaite, cupide ; l’intention est bien présente, mais sans aucune attache, le spectateur pourra facilement passer à travers du message et se focaliser sur un fond et une forme assez hésitante. Heureusement, Julien Duvivier peut compter sur l’interprétation d’un Harry Baur magistral, qui parvient à compenser les faiblesses d’écriture de son personnage par son simple charisme. Révélé par ce film avant de devenir la star que l’on connait, l’acteur campe la perfection ce que ce récit sur la solitude d’un homme daigne lui apporter. De quoi accentuer encore les regrets d’une réalisation mal pensée et inadaptée, qui ne parvient pas à exploiter entièrement le jeu de son acteur.

« Le spectateur pourra facilement passer à travers du message et se focaliser sur un fond et une forme assez hésitante. »

DAVID GOLDER donne donc l’impression d’un brouillon mal maîtrisé, sauvé par son acteur principal et quelques fulgurances de Julien Duvivier. Si le film est souvent cité comme étant politiquement très limite, je pense qu’il s’agit simplement de cet aspect brouillon, qui apparait jusque dans l’écriture, et de cette caractérisation bâclée qui fait de chaque personnage une caricature. Le réalisateur a des circonstances atténuantes, et le film n’a évidemment pas vu le jour dans la période la plus simple. Il sera intéressant de voir à quel point le style du cinéaste évolue, avant de devenir le grand technicien reconnu pour son perfectionnisme et son exigence.
Avec le recul, et après plusieurs visionnages de films majeurs de Julien Duvivier, il faut préciser que DAVID GOLDER n’en est rien représentatif du talent de son auteur. Ses nombreuses imperfections sont bien présentes, mais l’essai demeure intéressant et mérite d’être vu, autant pour son importance historique que pour mieux cerner l’œuvre d’un cinéaste fascinant.

DAVID GOLDER a été chroniqué dans le cadre d’une rétrospective consacrée à Julien Duvivier par le Festival Lumière 2015. Il sera projeté au CNP Bellecour, lundi 12 octobre à 16h15, à l’Institut Lumière, jeudi 15 octobre à 9h15, au CNP Bellecour, vendredi 16 octobre à 22h, et à La Fourmi, dimanche 18 octobre à 14h45.

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MARTIN SCORSESE: portrait de l’auteur

Ses films présentés au festival Lumière :

Hugo Cabret (2011)
Les Infiltrés (2006)
Casino (1995)
Le Temps de l’innocence (1993)
Les Nerfs à vif (1991)
Les Affranchis (1990)
La dernière tentation du Christ (1988)
La valse des pantins (1982)
Raging Bull (1980)
New York, New York (1977)
Taxi Driver (1975)
Alice n’est plus ici (1974)
Mean Streets (1973)
Boxcar Bertha (1972)
Who’s that knoocking at my door (1968)

Chroniqués par Georgeslechameau

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JULIEN DUVIVIER: portrait de l’auteur

David Golder (1931)
La Bandera (1935)
La Belle Équipe (1936)
Pépé le Moko (1937)
Un carnet de bal (1937)
La fin du Jour (1939)
Panique (1946)
– Le Temps des Assassins (1956)

Chroniqués par Louis

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La nuit de la peur : notre avis sur la sélection de films !

The Thing (1982)
La Nuit des Morts Vivants (1968)
Insidious (2010)
Evil Dead (1981)

Chroniqués par Louis

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Le Plus dignement (1944)
– Qui marche sur la queue du tigre… (1945$)
– Je ne regrette rien de ma jeunesse (1946)
– Un merveilleux dimanche (1947)
– L’Ange ivre (1948)
– Chien enragé (1949)
– Vivre (1952)
– Vivre dans la peur (1955)
– La Forteresse cachée (1958)
– Les Salauds dorment en paix (1960)
– Yojimbo – Le Garde du corps (1961)
– Sanjuro (1962)
– Entre le ciel et l’enfer (1963)

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Un portrait de la Larissa Chepitko

– Chaleur torride (1963)
– Les Ailes (1966)
– Le Début d’un siècle inconnu – composé de L’Ange d’Andrei Smirnov et de Le Pays de l’électricité de Larissa Chepitko (1967)
– Toi et moi (1971)
L’Ascension (1977)

larissachepitko

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[toggler title= »LA PROGRAMMATION 2015″ ]

Sur Le Blog du Cinéma

http://www.leblogducinema.com/news/la-programmation-dantesque-du-festival-lumiere-2015-71672/

Ou sur le site du Festival Lumière

http://www.festival-lumiere.org/

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[toggler title= »LUMIERE 2014 : Pedro Almodovar » ]
Programmation de Lumière 2014

PEDRO ALMODOVAR :

Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier de Pedro Almodóvar (Pepi, Luci, Bom y otras chicas del montón, 1980, 1h18)
Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? de Pedro Almodóvar (¿ Qué he hecho yo para merecer esto !!, 1984, 1h47)
Matador de Pedro Almodóvar (1986, 1h45)
La Loi du désir de Pedro Almodóvar (La ley del deseo, 1987, 1h44)
Femmes au bord de la crise de nerfs de Pedro Almodóvar (Mujeres al borde de un ataque de nervios, 1988, 1h35)
Attache-moi ! de Pedro Almodóvar (Átame !, 1989, 1h41)
Talons aiguilles de Pedro Almodóvar (Tacones lejanos, 1991, 1h53)
La Fleur de mon secret de Pedro Almodóvar (La flor de mi secreto, 1995, 1h42)
En chair et en os de Pedro Almodóvar (Carne trémula, 1997, 1h39)
Tout sur ma mère de Pedro Almodóvar (Todo sobre mi madre, 1999, 1h40)
Parle avec elle de Pedro Almodóvar (Hable con ella, 2002, 1h52)
Volver de Pedro Almodóvar (2006, 2h02)
La piel que habito de Pedro Almodóvar (2011, 2h01)

SAGA MUSASHI MIYAMOTO : CRITIQUE des 6 films

PARADIS PERDU, d’Abel Gance: CRITIQUE

OPENING NIGHT, de John Cassavettes : CRITIQUE

Une Femme Dangereuse, avec Ida Lupino: CRITIQUE

Chroniqués par Georgeslechameau

La traversée de Paris

Chroniqué par Louis

lumiere2014 (2)

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[divider]INFORMATIONS[/divider]

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 • Titre original : David Golder
Réalisation : Julien Duvivier
Scénario : Julien Duvivier
Acteurs principaux : Harry Baur, Paule Andral
Pays d’origine : France
Sortie : 1931
Durée : 1h26
Synopsis : Riche juif ukrainien, David Golder est entouré de personnes qui n’en veulent qu’à son argent, y compris sa famille. Il se laisse dominer par ses bons sentiments pour sa fille Joyce et se ruine presque pour elle. Il apprend par sa femme que Joyce n’est pas sa fille biologique.

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Rédacteur depuis le 12.07.2014

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Mise en Scène
Scénario
Casting
Photographie
Musique
Gestion du parlant
Note finale

  1. Article assez vain car hors sujet. L’intérêt du film ne réside pas dans ses qualités artistiques, toujours discutables, mais dans son témoignage sur une époque. Un discret parfum d’antisémitisme, commun dans la France d’avant guerre (et d’après), une séquence soviétique extraordinaire, dont je me demande si elle n’a pas été tournée in situ, une peinture virulente de la corruption des nantis, une attention particulière pour les migrants, qu’ils aient réussi, comme David Golder, ou pas, comme le « petit juif » qu’il invite à diner régulièrement pour parler du bon vieux temps.
    Que le film soit un peu bricolo c’est possible, mais quelle importance comparé à ce qu’il peut faire comprendre sur un passé qu’on repeint volontiers aux couleurs de l’idéologie ?