En lieu et place du spectacle dantesque et discontinu promis, HUNGER GAMES : LA RÉVOLTE PARTIE 2 reprend plutôt la structure des trois films précédents :
Francis Lawrence impose une fois de plus ce rythme particulier propre à tous ses films (Constantine, Je suis une Legende, Hunger Games 2 & 3), consistant en une patiente mise en place d’enjeux, de personnages et d’un univers visuellement riche à défaut de paraître persistant ou original. Puis, le réalisateur opère un subtil basculement vers une seconde partie plus climactique, réussissant (toujours par la patience) à créer de véritables moments d’intensité pure. Malgré tout, une impression d’inconséquence se manifestera en fin de parcours, due au manque d’émotion et d’empathie de l’ensemble – contrepartie à une certaine profondeur développée avec cohérence dans l’ensemble de cette saga cinématographique, et plus particulièrement les deux derniers épisodes.
Si l’originalité n’est pas ce qui définit Hunger Games, il y a tout de même de nombreux parti-pris louables. Celui de l’arythmie sus-mentionnée, ou celui de la relative mise en avant de thèmes singuliers au sein du classique combo [guerre – résistance – uchronie – teen-movie]. Manipulation de masse et propagande à partir de « l’image du héros » restent présents durant le premier tiers du film, avant de s’effacer progressivement à mesure que l’histoire se recentre sur sa propre finalité : libérer ce monde du joug de Snow. C’est donc tout logiquement que le récit se recentre sur Katniss, sa quête de vengeance, ses sentiments – et non plus sur la persistance de cet univers comme c’était sensiblement le cas dans le dernier épisode.
Loin d’être l’héroïne supposée, Katniss est plutôt cette tragique marionnette manipulée par tous, à diverses fins. Tantôt désignée comme symbole de la révolution ou comme ennemi à abattre, tantôt comme représentante du peuple ou traître sentimentale… Elle semble incapable de libre arbitre, qu’il s’agisse d’influencer l’état du monde ou de contrôler ses propres sentiments. Le scénario n’hésite ainsi jamais, à montrer les impacts physiques comme émotionnels d’un tel traitement ; ses blessures de martyre, ses désillusions, ses larmes. Le destin de Katniss est donc d’autant plus tragique que seuls les morts viendront révéler et démêler les intérêts de chacun.
En outre, si l’histoire prenait une ampleur plutôt globale à la fin du 3ème film (l’ensemble des districts ayant été rassemblés dans un effort révolutionnaire), il peut être surprenant d’observer dans ce dernier opus, la plupart des enjeux converger vers l’intime et particulièrement le triangle amoureux Gale /Katniss / Peeta.
Peu passionnant, il illustre néanmoins la permanente manipulation dont Katniss est l’objet. Gale y est ainsi le personnage le plus intéressant, en dépit de l’interprétation très plate de Liam Hemsworth: il est le seul capable de faire interagir enjeux personnels et enjeux émotionnels – dans son propre intérêt bien sur. Katniss, fidèle à elle même, est perdue, indécise et manipulée, tandis que Peeta reste confiné à une phase de rédemption/convalescence mais influençant passivement les choix de Katniss.
« Ce dernier volet se montre patient tout comme son prédécesseur et développe des thèmes aussi matures que puérils, cela dit parfaitement imbriqués. Difficile de prédire si un tel demi-spectacle trouvera son public… »
Une aura tragique et non-manichéenne plane donc sur ce HUNGER GAMES : LA RÉVOLTE PARTIE 2, le distinguant sensiblement de la concurrence. Au sein d’une production en théorie calibrée pour un public adolescent, cette exploration de thématiques singulières en parallèle d’éléments plus accessibles fait malgré tout preuve d’une certaine confiance de la part de l’industrie envers l’intelligence et la patience de son spectateur – ce qui n’est pas si fréquent. Difficile cela dit, de savoir si ce dernier volume trouvera son public… Difficile de ne pas se dire qu’un long volet de trois heures aurait été plus équilibré que deux films de 2h20 et leur potentielle rentabilité… Toujours est-il que pour moi, ni fan de la saga de livres, ni « public-cible », ces volets cinématographiques possèdent beaucoup d’attraits insoupçonnés.
Georgeslechameau
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+ trailer: de l’intime au global – un final épique s’annonce !
+ CRITIQUE: HUNGER GAMES 3
• Titre original : The Hunger Games – Mockingjay: Part 2
• Réalisation : Francis Lawrence
• Scénario : Danny Strong, d’après Suzanne Collins
• Acteurs principaux : Jennifer Lawrence, Josh Hutcherson, Liam Hemsworth, Sam Claflin, Philip Seymour Hoffman, Natalie Dormer, Woody Harrelson
• Pays d’origine : U.S.A.
• Sortie : 18 novembre 2015
• Durée : –
• Distributeur : Metropolitan FilmExport
• Synopsis : Alors que Panem est ravagé par une guerre désormais totale, Katniss et le Président Snow vont s’affronter pour la dernière fois. Katniss et ses plus proches amis – Gale, Finnick, et Peeta – sont envoyés en mission pour le District 13 : ils vont risquer leur vie pour tenter d’assassiner le Président Snow, qui s’est juré de détruire Katniss. Les pièges mortels, les ennemis et les choix déchirants qui attendent Katniss seront des épreuves bien pires que tout ce qu’elle a déjà pu affronter dans l’arène…
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