Phantom Cinema

[CRITIQUE] PHANTOM CINEMA (court-métrage)

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Dans Phantom Cinema, Li-Ming Cheng convoque les grands noms du cinéma expérimental, et notamment celui de son compatriote Tsai Ming-Liang.

PHANTOM CINEMA, c’est l’esthétique d’un souvenir. Les spectres du passé, l’ombre fuyante d’une réalité qui n’est désormais que vestiges – il y a, dans la démarche de Li-Ming Cheng, un devoir de mémoire. La mise en image des limbes de l’esprit n’est pas une nouveauté – déjà dans Le Miroir, Tarkovski usait de la danse de ce désordre ordonné pour représenter le récital de la vie d’un homme à l’agonie. Plus que Tarkovski, c’est à l’un de ses compatriotes taiwanais (qui a lui aussi souvent fait référence au maître soviétique) que Cheng semble aussi faire écho : Tsai Ming-Liang.

Photo du film PHANTOM CINEMA

Déjà dans le cryptique Goodbye, Dragon Inn, Tsai traçait le chant du cygne d’un cinéma qu’on abandonne. Dans PHANTOM CINEMA, Cheng chante les louanges d’un autre qui tombe en ruines. Les deux metteurs en scène partagent un certain amour de la composition du cadre (même si elle est bien plus statique chez Tsai), d’une narration silencieuse, presque ou totalement muette, mais aussi et surtout d’une métaphore. Ce cinéma, c’est l’océan des possibles : l’imaginaire, l’espoir, la liberté. Ce lieu si cher aux deux réalisateurs (on comprend pourquoi) incarne bien davantage qu’un simple espace de rencontre. La salle de cinéma, c’est une centralisation des potentiels de l’homme : ce qu’il peut, ce qu’il veut, ce qu’il croit.
Dans Goodbye, Dragon Inn, on faisait ses adieux. Dans PHANTOM CINEMA, c’est le temps des regrets, de la mélancolie. Ce cinéma fut jadis le temple des émotions, des rencontres et de l’oisiveté. Ici, on échappait au quotidien, on découvrait de nouveaux mondes. Depuis la poussière s’entasse, et ces temps révolus n’existent plus qu’à travers des sièges crasseux et des projecteurs rouillés – l’horloge s’est arrêtée.

La démarche manque parfois de volupté – PHANTOM CINEMA aurait même eu tendance à ennuyer s’il avait duré plus longtemps. Si Cheng ne s’éloigne jamais du carcan parfois prévisible du petit film expérimental (effets bien intentionnés mais désincarnés, dépendance des maîtres et d’influences souvent trop évidentes…), son court laisse des sensations et des images fortes. A défaut de proposer, il singe à merveille.

À voir aux Rencontres du cinéma taïwanais, le 9 février 2017 à 20h

KamaradeFifien

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