Annoncé comme un des favoris pour la prochaine cérémonie des Oscars, HOUSE OF GUCCI n’est qu’une sorte de biopic abandonné par son metteur en scène. Un regard blasé déposé sur une histoire baroque pourtant incroyablement riche en rebondissements.
Quelques semaines après avoir sorti – le partagé mais passionnant – Le Dernier Duel (2021), Ridley Scott dévoile au monde entier une fresque historique familiale qui va droit dans le mur. Le réalisateur du mythique Alien (1979), se plonge dans l’empire du luxe italien de la fin des années 70. La maison Gucci rayonne à l’international mais se voit désormais handicapée par des rumeurs de malversations financières, une innovation en berne et une dévalorisation de la marque. Maurizio, petit-fils timide et surprotégé du fondateur de l’entreprise, a davantage envie d’étudier le droit que de diriger un groupe de luxe mondialisé. Arrive alors la fantastique Patrizia Reggiani, décidée à s’emparer de l’empire Gucci, quitte à protéger sa fortune par tous les moyens. Amour, sexe et argent, tels sont les maitres mots de ce drame loin d’être séduisant.
« Baby, it’s hurt !« . Comme le chante Lady Gaga dans le remake plébiscité d’A Star Is Born (2018), HOUSE OF GUCCI nous heurte. Le 27e long-métrage du cinéaste américain n’est qu’une coquille vide qui cherche à plaire par sa platitude. Abandonné, délaissé par son script. Alors que tous les ingrédients semblent réunis, l’oeuvre semble totalement planer sur une histoire à laquelle elle ne réussit pas à s’accrocher. Quelques années après Tout l’Argent du Monde (2017) passé inaperçu après du grand public, le réalisateur de 83 ans tente une nouvelle incursion manquée dans le décor de l’Italie vintage. Le meurtre réel de Maurizio Gucci se présentait dressé tel un buffet pour Hollywood, prêt à se voir adapter en grand écran. Ceux qui s’attendaient à un univers semblable à celui de la série American Crime Story : The Assassination of Gianni Versace (2018) risquent d’être dangereusement déçus.
Vendu comme une tragédie, le film n’est qu’en réalité un patchwork de scènes abandonnées à elles-mêmes. Chacune fonctionne de son côté, mais aucun lien ne les rattache ni même le montage de Claire Simpson. Monteuse qui travaille avec Scott depuis Tout l’argent du Monde (2017). Champ, contre-champ, plan fixe, plan drone. Le découpage semble mécanique, posé sans réflexion. Quant aux dialogues, certains extraits du scénario leakés révèlent l’ampleur de ce fruit sec. On pense notamment à la scène de la rencontre Camille Cottin vs Lady Gaga qui dans la version actuelle, laisse peu voire aucune place à l’actrice française. L’échange qui apparaît dans le script déploie plus de formes, de répliques et de fond. Basé sur le roman de Sara Gay Forden, HOUSE OF GUCCI semble avoir délaissé ses scénaristes Becky Johnston (Sept Ans au Tibet) et Roberto Bentivegna sur le bord de la route.
Terne, insipide, délavé, sans saveurs, le dernier film de Ridley Scott est une des déceptions de cette année cinéma covidée. Il est tout de même probable qu’il puisse facilement, et honorablement, décrocher des nominations aux Oscars pour les équipes HMC – costumes, maquillages, coiffures. Tout comme Gaga en meilleur actrice et Adam Driver en meilleur acteur, ce dernier étant officiellement favori pour ses rôles dans Annette (2021) et Le Dernier Duel (2021). Dans l’attente de ces nominations, nous prions l’un des plus grands réalisateurs des dernières décennies de reprendre foi en lui et de nous livrer des chefs d’œuvre dignes de ce qui s’annonce avec Kitbag (2022). Ennuyeux, tel est le terme qui convient le mieux à ce soap-opéra de Sir Ridley Scott.
Robin
• Réalisation : Ridley Scott
• Scénario : Roberto Bentivegna, Becky Johnston
• Casting : Lady Gaga, Adam Driver, Al Pacino, Jared Leto,
• Date de sortie (France) : 24 novembre 2021
• Durée : 2h37min
• Genre : Biopic, Drame
• Nationalité : Américain