Licorice Pizza
© Universal Pictures International France

LICORICE PIZZA, vivre et laisser courir – Critique

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Est-il possible de tomber amoureux d’un film ? Face à LICORICE PIZZA, l’évidence est là, nichée entre du Bowie, des matelas à eaux, une pénurie d’essence et deux cœurs qui ne cessent de courir l’un vers l’autre. Le résultat : un coup de foudre, le temps d’un regard en arrière et de quelques égarements adolescents. Lumineux et enivrant, le neuvième film de Paul Thomas Anderson est d’ores et déjà l’un des sommets de 2022.

« True love blooms for the world to see ». Les douces paroles de Nina Simone pouvaient-elles contaminer une pellicule ? Sans aucun doute. La contagion est telle que notre cœur crie déjà tout son amour pour LICORICE PIZZA à peine le métrage lancé sur sa platine. Au commencement, un amour naissant, un regard, une rencontre, une invitation au restaurant ; Paul Thomas Anderson aurait-il fait le même rêve qu’Hitchcock ? Se serait-il réveillé au beau milieu de la nuit avec cette brillante idée de film ? La formule a valeur de cantique : « Boy Meets Girl ». Trois mots griffonnés sur un bout de papier et voici qu’un film émerge, qu’une idée est emportée par un mouvement, des performances, des égarements. L’histoire est aussi vieille que le monde. L’enrobage a la saveur d’un souvenir. Lui n’a que 15 ans, mais a déjà le sens des affaires, la démarche assurée et l’audace de sortir du rang. Elle a 25 ans, le regard nonchalant, légèrement espiègle ; elle n’espère déjà plus grand-chose de son avenir mais accepte de s’embarquer dans une curieuse aventure. Et hop, Gary « meets » Alana.

Nul besoin d’entretenir la flamme, Paul Thomas Anderson sait comment mettre le feu à son récit. Par des regards, des mouvements et surtout beaucoup de tendresse. Emporté par le lyrisme de ce premier mouvement musical, LICORICE PIZZA voguera à son rythme de croisière, tantôt apaisé, tantôt fougueux, dans une narration en mode flipper faite de matelas à eaux, de campagne électorale, d’énergumènes décontractés et de choc pétrolier. A priori, LICORICE PIZZA a tout de l’œuvre mineure qu’un cinéaste aurait griffonné sur un coin de table. Il n’en sera rien car cet angle gravé a évidemment sa place dans un musée – et encore plus dans un projecteur et des rétines de spectateurs – d’autant plus lorsqu’il est signé Paul Thomas Anderson. Affirmons-le sans aucune retenue : LICORICE PIZZA blooms for the world to see. C’est dit.

Licorice Pizza
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Summer 1973. Cet été-là, John Ford quitta la réalité pour devenir une légende. L’Amérique perdit un regard ; mais en gagna de nouveaux. Quand Peter Bogdanovich filmait deux cœurs en perdition – sur des routes infinies – dans une tendre flânerie à saveur de Barbe à Papa, Steve McQueen essayait de s’envoler d’une île maudite à l’aide d’un papillon tatoué sur le torse. Avant que l’année ne se termine sur un exorcisme cinématographique, Al Pacino arpentait les rues de New York derrière la barbe intègre d’un policier nommé Serpico. George Lucas carburait quant à lui aux bolides et aux errances de jeunesse, taguant un mélancolique graffiti américain sur les murs de Modesto, et ce, avant de lever les yeux vers une galaxie très lointaine. En 1973, le jeune Paul Thomas Anderson, tout juste âgé de trois ans, ne pensait pas encore au cinéma. Mais s’il suçait encore son pouce, il avait déjà cette étincelle dans le regard : ses yeux captaient déjà ce qui allait devenir des souvenirs ; et plus tard la matière même de sa « pizza à la réglisse ». L’insouciance, il baignait en plein dedans.

Son père Ernie – comédien de seconde zone, animateur et voix de télévision – l’incita dès son plus jeune âge à voir le monde à travers l’œilleton d’une caméra. « Tu seras un cinéaste, mon fils » semblait-il lui fredonner à l’oreille. Une petite tape sur l’épaule, et hop, le gamin accepta son destin. Ce n’est qu’au début des années 80 que Paul Thomas Anderson – qu’on ne surnommait pas encore par ses imposantes initiales – se verra offrir sa première machine à captation d’images en mouvement. Des images, il en avait déjà accumulé au fil de ses vagabondages au cœur de la San Fernando Valley ; son territoire, son fief de cœur, sa source. Attiré par la lumière d’un écran de cinéma, son regard s’était aussi immiscé dans les salles obscures ; à la recherche d’un mouvement, d’une aventure ou simplement d’une inspiration. La suite, on la connaît, elle est prodigieuse : le gamin de la vallée a conquis Hollywood. Ses films, eux, font désormais parti de la grande histoire du cinéma.

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Mais Paul Thomas Anderson n’a pas oublié sa berceuse ; cette douce ritournelle inspirée par une époque qu’il a traversée sans vraiment vivre. Car 1973, ce fût aussi l’année de Mean Streets et de la révélation Scorsese. Anderson y trouvera cet instinct du mouvement, ce sens de l’entrée fracassante, cette musicalité et cette expressivité de l’instant. Tout commence d’ailleurs par un reflet dans les toilettes d’un lycée, un regard dans un miroir qu’on ne voit pas ; comme un lointain écho à notre Harvey Keitel, examinant son visage – et sa conscience – dans un miroir de ces fameuses rues chaudes. Mais Paul Thomas Anderson invite au contraire à investir le reflet, et ce avant que l’explosion d’une canalisation ne vienne faire dérailler le plan sur un visage se détachant d’une file d’attente. Oui, la représentation peut commencer. S’ensuivra un plan-séquence, discret mais virtuose, qui formera l’écrin autour d’une rencontre, d’une invitation ; d’un regard en mouvement qui ne cessera jamais de courir après la figure de son obsession. Pouvait-il s’ouvrir sous de meilleurs auspices ? Sûrement pas. Le prologue a tout d’un coup de foudre. C’est renversant.

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A l’origine, Paul Thomas Anderson s’inspire en fait du vécu du producteur – et ami – Gary Goetzman, ancien enfant acteur s’étant essayé à la vente de matelas à eau avant d’ouvrir un magasin de flippers. Autant dire que l’anecdote vaut le détour. Mais par la suite, le récit n’aura de cesse de dérailler, de sortir de son programme pour proposer autre chose, une errance fragmentée, tout et rien à la fois ; à la manière d’un Inherent Vice enfantin. Pynchon n’est jamais loin dans ce scénario qui semble hurler « Let me roll it ». LICORICE PIZZA ne cessera ainsi jamais de finir et de recommencer, ponctué par ces va-et-vient et ces situations décalées qui feront toujours valser la narration et évoluer les sentiments des personnages l’un envers l’autre.

LICORICE PIZZA fait sans aucun doute parti de ces films qui passent comme un souffle. L’anecdotique ne l’est jamais et le petit est toujours grand.

L’amour devra dès lors se gagner au fil d’un ping-pong sentimental – tortueux et loufoque – fait de chemins de traverses, de déviations, de rencontres, de maladresses (le temps d’une superbe scène d’appel téléphonique où le silence touche en plein cœur), de séparations et d’ellipses. La structure fragmentaire apparaît ainsi toujours en mouvement, et chaque scène amène une avancée, un nouveau tournant. Ce qui intéresse Paul Thomas Anderson, c’est cette circulation, celle entre deux personnes qui se cherchent, s’apprivoisent, se découvrent, avant d’envisager une relation. La course, c’est toujours un mouvement qui appartient à ses personnages. Et il y a quelque chose d’éclatant dans cette exaltation permanente où la course – l’un vers l’autre – devient un mode de vie. Oui, LICORICE PIZZA est un film qui vit parce qu’il bouge de manière imprévisible. Et c’est beau des gens qui courent au cinéma.

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Ici, point de dentistes barges, de conspiration cocaïnée ou de coupons de réduction sur des boîtes de pudding. Si Paul Thomas Anderson laisse de côté la rigueur guindée de Phantom Thread pour la légèreté d’un regard en mouvement, il ne renie pas pour autant la haute couture. Il brode ainsi un film où les coutures se déchirent sans cesse pour en révéler d’autres : jamais cousu d’avance, LICORICE PIZZA se regarde les paupières grandes ouvertes et annonce un retour à la fraîcheur sous un soleil de maître. Tout ici invite au bourgeonnement, ne serait-ce que cet arrière-plan saturé de personnages savoureux. « This is Chumash territory! » On pense évidemment à ce Bradley Cooper en mode fêlé, terrorisant la vallée en Jon Peters dans un épisode qui n’est pas sans évoquer l’Alfred Molina siphonné de Boogie Nights. C’est hilarant.

Évidemment, la présence de Sean Penn nous ramène au doux souvenir du lycée Ridgemont, mais sa singerie – motorisée – de William Holden vaut elle-aussi le détour, d’autant plus lorsqu’elle est accompagnée par un vigoureux Tom Waits. Au fil des déambulations, on croisera aussi d’autres histrions, des êtres fêlés à la fois pathétiques et touchants, à l’image d’un John Michael Higgins en restaurateur un peu raciste sur les bords, d’Harriet Sansom Harris en agent pour jeunes acteurs multipliant les expressions faciales pour le moins fascinantes, de Benny Safdie en politicien intègre (Joel Wachs) dissimulant un lourd secret ou de Christine Ebersole dans une variation énervée de Lucille Ball. C’est certain, Paul Thomas Anderson n’a pas perdu de son mordant lorsqu’il s’agit de croquer de singuliers personnages.

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LICORICE PIZZA joue aussi le jeu du rêve américain. Celui d’une Amérique encore insouciante mais déjà sur la pente d’un rêve qui coule. Beaucoup d’interrogations – sans réponse – refont alors surface : Is There Life on Mars ? Si David Bowie se pose la question, c’est forcément essentiel. Qu’importe si Nixon est dans la mouise, si le mot « Vietnam » traumatise, qu’importe si la crise pétrolière frappe, ici on court pour oublier l’impasse qui nous tend les bras. On va de l’avant, on prend son élan, on entreprend (en mode start-up nation avant l’heure) et on ose. Face à cette illusion d’insouciance, on pense à la jeunesse trébuchante d’American Graffiti, à cette fresque d’une fin d’innocence où les James Dean finissaient dans le fossé et où les gamins, constamment en mouvement, étaient en fait condamnés à faire du sur-place sur des routes sans horizon.

La fêlure du « Mel’s drive-in » laisse alors place au « Tail O’ the Cock » : dans ce lieu, on multiplie les rencontres, on rêve à un avenir de tous les possibles et l’on aspire même au bonheur, aussi fugace soit-il. Au souvenir d’une jeunesse désormais éteinte, on songe à Richard Linklater, à son Everybody Wants Some ! ou à son Génération rebelle, à ses films sur ces entrées dans la vie, ces transformations individuelles, cet écoulement du temps. On pense aussi à la merveilleuse série Red Oaks et à son authentique regard sur le passé. A l’instar de Linklater, Anderson filme les seventies comme s’il ne connaissait pas l’avenir, comme s’il ne savait pas que l’insouciance finirait par laisser place à d’autres désillusions : si LICORICE PIZZA se conjugue au passé, c’est bien au présent qu’il se regarde.

Licorice Pizza
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LICORICE PIZZA parvient ainsi étrangement à échapper à tout effet de nostalgie ou de mélancolie. Il n’est pas non plus cet objet fétichiste de cinéphile où chaque objet, chaque fragment, chaque plan serait une évocation d’un cinéma disparu. Certes, Paul Thomas Anderson prend un évident plaisir à multiplier les clins d’œil – outre les personnages secondaires, on appréciera les apparitions furtives de John C. Reilly, de la fille de Spielberg, du père de DiCaprio, de la façade d’un cinéma annonçant Live and Let Die et The Mechanic, etc. – mais ce, sans jamais les rendre imposants ou dominants. Contrairement au Once Upon a Time… in Hollywood de Tarantino, LICORICE PIZZA n’est pas un film de citations ni le fantasme mélancolique d’une époque disparue.

Mais il partage cet idéal de fiction, celui consistant à investir une atmosphère, une époque – non sans une certaine dose de critiques autour des violences policières, du sexisme ou du racisme –, une nostalgie de l’enfance, un genre (le teen-movie), plus qu’un récit rigoureux. Une manière aussi pour Paul Thomas Anderson de régénérer le cinéma par un retour en arrière où l’on salue constamment la prise de risque, l’importance du regard et la vitalité de la jeunesse. A l’instar du West Side Story de Spielberg ou de La Main de Dieu de Sorrentino, il est ainsi fascinant de voir ces cinéastes réfléchir au cinéma – et à son avenir – en retournant à leur enfance, à leurs premières fois, à leur éveil ; dans une évocation imaginaire, pleine de fascination, pour un monde qui n’a jamais existé que dans le regard d’un cinéaste sur son passé. Rien de plus évident qu’un contretemps ou qu’une marche arrière nocturne dans un camion dévalant les rues d’une vallée.

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Cette « pizza à la réglisse », c’est la Madeleine de Proust de Paul Thomas Anderson ; une image qui au contact d’une rétine invite à un regard en arrière. Cette image, c’est celle d’une enseigne de magasins de disques du sud californien. Et plus encore, un « mood », une mentalité. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le cinéaste retourne à San Fernando Valley, son lieu de vie, pour filmer les déambulations de Gary et Alana. Puisqu’« un lieu appartient pour toujours à celui qui se l’approprie avec le plus d’acharnement, s’en souvient de la manière la plus obsessionnelle, l’arrache à lui-même, le façonne, l’exprime, l’aime si radicalement qu’il le remodèle à sa propre image. » 1Joan Didion, L’Amérique : Chroniques (1965-1990), p.323.. Et si Paul Thomas Anderson invite sa femme – Maya Rudolph – et ses enfants au détour de quelques plans, c’est aussi peut-être pour faire de LICORICE PIZZA un film de famille, un « home movie » à 40 millions de dollars.

On sent le metteur en scène qui aime ses personnages. Sa caméra cadre ainsi toujours au plus proche des visages, des rictus, des défauts ou des regards, pour capter ces émotions brutes, ces échanges, cette chaleur humaine, la délicatesse des gestes, leur beauté aussi. La lumière si particulière, si vivante, – entre surexposition et lueur d’un souvenir d’enfance – parvient elle-aussi à nous immerger dans cette atmosphère californienne du début des seventies. Et comme à ses débuts, Paul Thomas Anderson emballe le tout dans un formidable assemblage de mouvements, certes moins tape-à-l’œil mais toujours aussi réjouissants.

Licorice Pizza
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La vitalité de LICORICE PIZZA, on la doit surtout à ses interprètes : Alana Haim – aux côtés de ses sœurs et de ses parents – apporte une fraicheur bouleversante au film, beaucoup de charme et une petite dose d’insolence. Si Gary était une allumette, Alana serait son grattoir [mouais, moyennement convaincu par cette formulation]. On n’oubliera pas de sitôt son sourire ou son regard pétillant ; et surtout l’alchimie qu’elle partage avec Cooper Hoffman. L’émotion est aussi là ; dans cet étrange passage de flambeau entre un père et son fils, entre un comédien confirmé – parti trop tôt – et un acteur en devenir. A peine envahit-il l’écran que l’on repense à l’entrée décontractée du père Hoffman sur « You Sexy Thing » dans Boogie Nights ; ou au rôle, plus évident, de « roi du matelas » dans Punch-Drunk Love.

Licorice Pizza
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On aurait pu penser à un film sur des choix culinaires discutables. Autant dire que l’omelette est moins vénéneuse que celle de Phantom Thread. Mais non, aucune pâte garnie douteuse à l’horizon. Simplement une galette qui ne cesse de tourner ; tel ce disque que l’on réécouterait en boucle comme s’il était aussi vital qu’un battement de cœur. C’est alors poser l’aiguille sur le 33 tours, la voir parcourir d’étranges sillons et entendre les premières notes emplir les enceintes. C’est prier pour que quelque chose se passe, pour qu’un miracle survienne. Un miracle qu’on appellera LICORICE PIZZA.

La mise en sons est par ailleurs formidable, en ce sens où elle construit une sorte de refuge musical, un cocon qui a tout d’une escapade loin du désespoir. Entendre Life On Mars, c’est ressentir ce petit picotement qui remonte le long de la colonne vertébrale. C’est traverser un rêve qui s’effondre, et qui pourtant, nous rend plus vivant encore. La compilation, mêlant McCartney à The Doors ou Sonny & Cher à Mason Williams, rentre toujours en parfaite adéquation avec l’image, avec l’élan possible qu’entretient le film ; si bien que ces tubes vous laisseront encore rêveur longtemps après avoir quitté la salle.

Licorice Pizza
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« You’ve come a long way, baby ». La formule, bien qu’issue d’une pub de cigarette, Alana l’arbore fièrement en maillot ; comme l’affirmation d’une course effrénée qui aurait pris fin dans un susurrement et une étreinte. Cette étreinte, elle a un nom : LICORICE PIZZA, ce truc qui t’colle encore au cœur et au corps, un film comme une évidence qui se passerait de mots. Avec la sincérité de son regard en arrière, LICORICE PIZZA fait sans aucun doute parti de ces films qui passent comme un souffle. L’anecdotique ne l’est jamais, et le petit est toujours grand. On pense alors aux dernières notes – d’harmonium – de Punch-Drunk Love et à ce doux murmure que Lena (Emily Watson) glisse à Barry (Adam Sandler) avant que le noir de l’écran ne vienne nous cacher cette promesse d’un avenir à deux : « C’est parti ». Mais la musique continue, assure la continuité d’un moment de bonheur ; avant que LICORICE PIZZA ne reprenne la ritournelle. Suzi Quatro nous invitera alors dans la danse : « Our love is alive, and so we begin ». La lumière nous rattrape, il est temps de se relever, de regarder le film droit dans les yeux et de lui déclamer : « Je ne vais pas t’oublier. »

Fabian Jestin

Note des lecteurs36 Notes
Titre original : Licorice Pizza
Réalisation : Paul Thomas Anderson
Scénario : Paul Thomas Anderson
Acteurs principaux : Alana Haim, Cooper Hoffman, Sean Penn, Tom Waits, Bradley Cooper, Benny Safdie, Skyler Gisondo, Mary Elizabeth Ellis, John Michael Higgins, Christine Ebersole
Date de sortie : 5 janvier 2022
Durée : 2h13
4.5
Superbe

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  • 1
    Joan Didion, L’Amérique : Chroniques (1965-1990), p.323.