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SCREAM, portrait d’une saga révolutionnaire – Analyse

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À une semaine du retour sur grand écran de Sidney Prescott, Dewey Riley et Gale Weathers, retour sur une saga emblématique du genre horrifique. Car, non contente d’avoir révolutionné en son temps le sous-genre du slasher, SCREAM continue, encore aujourd’hui, d’inspirer une nouvelle génération de réalisateurs.

1996. Après plus d’une décennie de surexploitation, l’horreur grand public tombe en panne. De Manhattan aux portes de l’Enfer, Jason Voorhees a fini par se perdre en chemin. Du fond de son abîme, Freddy Krueger, quant à lui, commence à sentir méchamment le renfermé. Il en va de même pour Michael Myers, tout juste sorti d’un cinquième épisode d’Halloween, lessivé et épuisé. Les grandes franchises de l’époque bénie des eighties se meurent. Le public a intégré les sempiternels codes des slashers et s’est lassé d’un spectacle qu’il connait désormais par cœur.

Il fallait donner un grand coup de pied dans la fourmilière. Et c’est dans cette atmosphère morose qu’intervient SCREAM premier du nom. Un film qui va amorcer une révolution et transformer radicalement le genre à partir de la deuxième moitié des années 90 jusqu’à aujourd’hui. À la réalisation, on retrouve Wes Craven, revenu de quelques expérimentations clivantes comme Shocker, Freddy sort de la Nuit ou The People Under the stairs. Au scénario, sa chance est donnée au prometteur Kevin Williamson. Duquel émane un talent pour le drame adolescent et surtout, un réel amour pour l’épouvante et ses classiques.

Photo du film SCREAM
Crédit : Dimension Films

Réinventer les codes d’un genre en perdition

Du triste constat de l’époque, SCREAM va tirer profit et entraîner son public dans un récit inattendu, ultra fun et jouissif. En effet, le film intègre intelligemment les codes du slasher à son scénario et, loin de prendre son spectateur pour un imbécile, en fait son complice. Tout, dans la narration, semble nous dire et nous répéter avec malice : « On sait très bien que vous avez compris comment ça fonctionne… Eh bien, maintenant, amusons-nous. » Dès la scène d’ouverture, on s’imagine que le nom le plus connu à l’affiche, Drew Barrymore, va sonner comme celui de Jamie Lee Curtis au cours de la décennie précédente : comme celui d’une final girl, dernière survivante.

Or, il n’en est rien. Puisque le film nous prend à revers et étripe la pauvre Drew, suspendue aux branches d’un arbre. Ceci, au terme d’une séquence infernale, où la caméra débulle dans tous les sens, et où les plans séquences illustrent la fuite de la fausse héroïne. Surprise : ce n’est pas elle, la Jamie Lee du jour. SCREAM joue ainsi avec nos instincts dès son introduction, jusqu’au crescendo final. Il s’en amuse même, notamment grâce au personnage de Randy. Cinéphile amateur de slashers, il énoncera lui-même les règles immuables de ce sous-genre : « Règle n°1 : ne pas avoir de rapports sexuels. Règle n° 2 : ne consommer ni alcool, ni drogues. Règle n°3 : ne jamais, JAMAIS, dire : « Je reviens tout de suite », parce que vous ne reviendrez jamais. »

Photo du film SCREAM
Crédit : Dimension Films

La révolution Scream

Règles que le long métrage s’empresse ensuite de faire voler en éclats. La messe est dite. L’ordre moral est bouleversé : il n’y a plus aucune règle. SCREAM ringardise ainsi plus d’une décennie de cinéma d’horreur. Il met (presque) à la retraite Freddy et consorts pour donner naissance au neoslasher. La vague de copycats qui s’ensuivirent, de Souviens-toi l’été dernier à Urban Legend, ne parvint toutefois que rarement à égaler le maître. En effet, ces productions horrifiques pour adolescents se contentaient d’imiter et de réitérer inlassablement la formule du tueur dans l’entourage des victimes. Et ce, en occultant l’essentiel : cette dimension méta qui donne à SCREAM tout son sel.

Outre le fracas avec lequel il brise le quatrième mur, SCREAM se révèle également comme un excellent slasher. Il crée un tueur iconique, dont l’identité reste un mystère jusqu’aux révélations finales. Les scènes de meurtres y sont percutantes et il dispose d’une galerie de personnages efficacement écrits et développés. Les figures de l’orpheline Sidney Prescott (Neve Campbell), du sheriff adjoint Dewey Riley (David Arquette) et de la journaliste aux dents longues Gale Weathers (Courteney Cox) demeurent iconiques et indissociables de la franchise. Tout comme ces leitmotivs de la saga, que sont les coups de téléphone du tueur, les règles du film d’horreur et les résolutions finales.

Photo du film SCREAM 2
Crédit : Dimension Films

Des suites inégales

Le deuxième opus de SCREAM, sorti en 1998, réexploite en toute logique cette recette gagnante. Or, bien qu’il s’affaire à parodier les sequels, le film se conforme de trop près à la structure mise en place dans le premier épisode et ne fait qu’en répéter le scénario – à la différence près que son intrigue ne se situe désormais plus dans la petite ville de Woodsboro, mais à l’université de Windsor. Il introduit cependant la franchise « Stab » dans sa diégèse – une série de films d’horreur inspirés des meurtres survenus l’année précédente. L’idée s’avère loin d’être mauvaise et offre un ressort narratif intéressant. L’avant-première de Stab donne même à SCREAM 2 sa scène d’ouverture, marquante et devenue culte.

Malheureusement, le métrage reste en deçà de son aîné et bâcle son climax en choisissant un duo de tueurs sortis pour le moins de nulle part. Il en va de même pour SCREAM 3, dont le boogeyman laisse perplexe. Pourtant, ce troisième volet ne manquait pas d’idées. Il revenait à cette notion de film dans le film, chère à Wes Craven depuis Shocker. En situant son intrigue sur le tournage de « Stab 3 », le film tente des choses et s’ancre davantage dans la dimension méta de la saga. Il sert une critique cynique des productions hollywoodiennes et offre quelques mises en abîmes amusantes et bien senties. Gale Weathers fait notamment équipe avec l’actrice qui incarne son rôle dans Stab. Et force est de constater que le duo comique aux accents macabres fonctionne bel et bien.

Photo du film SCREAM 3
Crédit : Dimension Films

Et soudain, le miracle

SCREAM 3 raconte en filigrane une histoire grinçante sur le Hollywood des années 70-80. Or, cette intrigue forcée, selon laquelle la mère de Sidney Prescott y aurait été actrice pendant deux ans, semble y avoir été rentrée au chausse-pied. Et ce, tant bien que mal. Réécrit pour ne pas raviver des blessures encore fraîches après la tuerie de Colombine en 1999, SCREAM 3 souffre d’incohérences scénaristiques sévères et se révèle bancal à bien des égards. Et c’est certainement pour cette raison qu’il sonna le glas de la franchise pendant près de 11 ans. Il faudra en effet attendre 2011 pour enfin voir un SCREAM 4 arriver sur les écrans.

Dans une époque où des séries comme Saw, Hostel ou Insidious ont remplacé les neoslashers, SCREAM 4 apparaît comme un fantôme du passé. Or, le film porte avec brio son héritage : un matériau devenu culte, ultra référencé lui-même. Il connait le public auquel il s’adresse et le nourrit généreusement de fan service. Cependant, à l’instar du premier opus, il sait également flatter son spectateur. Avec des clins d’œil au cinéma d’horreur passé et moderne, tous bien sentis et habilement répartis. De plus, s’il n’ose pas encore tout à fait s’attaquer au casting principal, il constitue la première suite à jouir d’un tueur au mobile et à la folie crédibles, bien qu’insoupçonnés.

Photo du film SCREAM 4
Crédit : SND

Scream 2022

Après cette bonne note et le décès de Wes Craven, son réalisateur historique, on aurait pu penser qu’on laisserait la franchise SCREAM reposer en paix, à l’ombre de nos souvenirs. Or, il est une règle immuable en ce qui concerne les grandes sagas d’horreur… Elles ne meurent jamais. Et le fait est que le contexte semble idéal pour accueillir un nouveau SCREAM. Annoncé pour le 12 janvier 2022, le cinquième épisode apparaît en pleine vague nostalgique, où l’elevated horror et la citation sont à la mode. Une figure de style dont la saga de Craven s’est faite une spécialité.

Le procédé du neoslasher s’est effectivement inversé. C’est désormais la dimension méta de SCREAM qu’on surexploite. Au point que la franchise continue d’inspirer les slashers actuels, à l’image des Fear street ou du relativement fade Scream girl. Qui, malgré leurs aspects sympathiques, n’en demeurent pas moins des sous SCREAM. Entendre ce que des personnages inventés en 1996 par un Williamson visionnaire ont encore à nous dire se révèle dès lors des plus excitants. Espérons qu’ils soient toujours aussi bavards et autant dignes d’intérêt.

Lily Nelson

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Jonathan
Jonathan
Invité.e
6 janvier 2022 15 h 29 min

Super article , espérons que ce 5e épisode soit du même accabi que le 4

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