Photo du film QUAND HARRY RENCONTRE SALLY
Crédit : D.R.

QUAND HARRY RENCONTRE SALLY, à jamais sublime – Critique

Nous souhaitons recueillir votre avis sur votre façon de nous lire. Merci de prendre 2 minutes de votre temps en cliquant ici !


Cet article a pu être réalisé grâce à notre partenaire Ciné+. Son contenu est indépendant et conçu par la rédaction.

Une comédie romantique de la fin des années 80 peut-elle encore nous émouvoir, à l’ère des smartphones et du remous sociétal ? S’il s’agit de QUAND HARRY RENCONTRE SALLY, la réponse est assurément oui.

QUAND HARRY RENCONTRE SALLY est-il devenu désuet ? À l’heure des applis de rencontres fast-food et des revendications de la trentaine célibataire assumée, sûr que les amourettes de ces New-Yorkais mondains tout droit sortis des années 80 paraissent bien lointaines. Nonobstant, quiconque n’a jamais souri devant la diatribe sur l’amitié entre hommes et femmes d’Harry ou l’orgasme simulé de Sally doit sérieusement manquer d’humour. Aussi, pour peu que l’on se prête au jeu, la déclaration finale entraînera toujours un battement de cœur. Finalement, peut-être que parmi toutes les histoires d’amour ordinaires, celle d’Harry et Sally reste inéluctablement intemporelle…

Miracle sur Houston Street

Bien sûr, la structure du film demeure des plus entendues. Rencontre / séduction / amour naissant / conflit / retrouvailles… On connaît la chanson. La scénariste Nora Ephron s’est effectivement grandement illustrée dans le registre de la romcom, autrement dite « comédie romantique ». On lui doit également le plus convenu Nuits blanches à Seattle et le moins réussi Vous avez un mess@ge. Dans QUAND HARRY RENCONTRE SALLY, elle joue, avec le réalisateur Rob Reiner, une variation sur les codes du genre. Là où tout est annoncé, rien n’est pour autant évident. La romance, pourtant banale, d’Harry et Sally prend des allures surprenantes. En cela réside toute l’intelligence du film : peut-être que nos vies modernes blasées, des années 80 jusqu’à aujourd’hui, nous ont fait oublier que l’amour, aussi ordinaire puisse-t-il paraître, est toujours un miracle. Et c’est ce miracle que décrit QUAND HARRY RENCONTRE SALLY .

Photo du film QUAND HARRY RENCONTRE SALLY
Crédit : D.R.

Ce miracle, on l’entrevoit d’abord dans ces saynètes, qui entrecoupent le film, où des couples mariés racontent leurs histoires d’amour. Ce sont des gens lambda, déployant des récits lambdas. Nonobstant, ces récits sont tous charmants. Puisqu’ils se concluent tous par un regard, un sourire, une caresse, emplis de tendresse. QUAND HARRY RENCONTRE SALLY se distingue des autres comédies romantiques par sa poésie délicate. Notamment dans sa mise en scène. Rob Reiner filme New-York dans toute sa grandeur, dans un cadre qui surplombe les personnages : des citadins parmi les autres citadins. Ce n’est que lorsque le sentiment s’immisce, que la relation se tisse, que l’image se resserre sur les visages de Billy Crystal et Meg Ryan. L’intimité se crée à l’écran au fur et à mesure que l’amour grandit.

Photo du film QUAND HARRY RENCONTRE SALLY
Crédit : D.R.

Toutefois, le parcours n’est pas sans tumulte. En effet, les deux protagonistes nourrissent d’abord une amitié forte, non sans équivoque. Cette complicité atteint son paroxysme dans un merveilleux splitscreen, comme le cinéma n’en fait plus aujourd’hui. À gauche, on le voit, lui, pendu au téléphone avec son amie, à droite de l’écran. On dirait qu’ils partagent le même lit. C’est à la fois doux et chaud, et attendrissant. Et nos cœurs se brisent lorsque l’illusion se perd. Elle, éteint la lumière. Lui, reste dans ses draps, désespérément seul avec son insomnie. Puis, fondu au noir…. Et toujours, ces doucereuses notes de jazz typiquement new-yorkaises. Que l’on avouera volontiers empruntées à Woody Allen. Après tout, il fallait bien que Rob Reiner ait lui aussi ses références, avant d’en offrir lui-même.

Harry, Sally & nous

Par le prisme d’aujourd’hui, on reproche souvent à QUAND HARRY RENCONTRE SALLY de développer un propos archaïque. L’argument principalement avancé étant qu’on y croise des jeunes femmes désespérées de ne pas être mariées à 30 ou 30 ans passés. Or, là n’est pas la question. La question n’est pas de se dépêcher de trouver un époux avant une quelconque date de péremption. La question est, en réalité, de trouver cette âme sœur. Cette personne qui nous aimera toujours d’un amour absolu, quoi qu’il arrive. Là intervient le personnage de Carrie Fischer, caractère le plus cynique et radical quant à cette prétendue course contre la montre. Qui se fourvoie pourtant, dans une romance avec un homme marié, sans pouvoir s’en défaire. Elle croisera sur sa route le meilleur ami d’Harry. Et dès lors, l’évidence. Leur mariage incombe alors comme une célébration amoureuse. Et non comme un passage obligé, tel que certains détracteurs aimeraient nous le faire croire.

Photo du film QUAND HARRY RENCONTRE SALLY
Crédit : D.R.

On grince cependant quelque peu des dents devant l’attitude de Harry… Qui poursuit Sally dans les couloirs de l’aéroport. Qui la harcèle au téléphone et lui laisse d’innombrables messages. Et ce, jusqu’à ce qu’elle décroche. Le pardon s’avère quelque peu facile, mais tout lui est cependant bel et bien pardonné lors de sa déclaration finale. Un trésor d’écriture que Billy Crystal clame avec tout le charisme et la verve dont il est capable. Il aime tout chez Sally, jusque dans ses défauts les plus agaçants. L’amour, pur et simple. Comme on ne l’a jamais décrit. Intemporel et universel. D’autant plus évident que ces deux-là ont appris à s’aimer au travers d’une amitié sans désir sexuel de prime abord. Une amitié homme-femme qu’Harry considérait pourtant comme impossible. QUAND HARRY RENCONTRE SALLY se révèle être une ode aux relations humaines. Dans toute leur complexité et leurs paradoxes. À ce titre, malgré le poids des années, il demeure assurément la comédie romantique absolue. Celle qui réchauffera toujours les cœurs.

Lily Nelson

Note des lecteurs8 Notes
Titre original : When Harry met Sally
Réalisation : Rob Reiner
Scénario : Nora Ephron
Acteurs principaux : Meg Ryan, Billy Crystal, Carrie Fischer
Date de sortie : 21 juillet 1989
Durée : 1h36min
5
Magique

Nos dernières bandes-annonces