Photo du film SCREAM
Crédit : Paramount Pictures

SCREAM, orgie pour fans hardcore – Critique

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Sorti en salles ce mercredi 12 janvier 2022, le nouvel épisode de la saga SCREAM divise. Il laisse effectivement une moitié du public sur le carreau, tandis que l’autre se délecte de sa substantifique moelle.

Qu’on se le dise, la mouture 2022 de SCREAM ne plaira pas à tout le monde. De son propre aveu, le film est un requel pour fans hardcore. Dans un cynisme outrageusement décomplexé, il nous donne à voir ce qu’on est venu y chercher. De l’hommage à l’original de 1996 et des réflexions méta sur le cinéma d’horreur. Quitte à défoncer le quatrième mur avec force et fracas. Ce SCREAM n’a effectivement pas la finesse des réalisations de Wes Craven et des scénarios de Kevin Williamson. Cependant, il a tout à fait conscience de ne s’adresser qu’aux convaincus initiés et laisse sciemment un certain public de côté. Or, soyons honnêtes : jouir devant un porno n’a jamais été désagréable.

Photo du film SCREAM
Crédit : Paramount Pictures

Héritage nostalgique

Le ton est donné dès la scène d’ouverture. Intérieur nuit. Seule au domicile familial, une adolescente décroche le téléphone fixe dans la cuisine. Dès lors, on nous aguiche. Elle tripote les couteaux sur le plan de travail. Rit naïvement aux réflexions de l’inconnu au bout du fil. Se fige. Panique. Et commence le jeu de questions-réponses. Dans les salles obscures, ça trépigne. Tout fait écho à l’introduction du Scream originel, de la caméra débullée aux plans séquences – toutefois moins spectaculaires. Nous sommes ici pour nous vautrer dans cette nostalgie. Dans cette matrice qui, déjà plus de vingt-cinq ans auparavant, faisait appel à tout un référentiel pour lui servir de grille de lecture.

Bien que ce nouveau SCREAM ne cherche pas nécessairement à surprendre – bien au contraire -, il entreprend tout de même de s’écarter de la recette archétypale des précédents. Cette fois, Sidney Prescott ne se trouve pas au centre de la machination du tueur. L’intrigue se resserre plutôt autour de Sam Carpenter, une jeune femme originaire de Woodsboro au passé trouble. Dans une volonté de la rattacher tant bien que mal au casting original, le scénario s’embrume quelque peu. Elle constitue néanmoins une final girl surprenante et garde en elle une part d’ombre, gageure encore inexploitée au sein de la saga.

Photo du film SCREAM
Crédit : Paramount Pictures

Entre hommage et auto-parodie

La principale faiblesse de ce cinquième SCREAM réside pourtant bel et bien dans son scénario, quelque peu poussif et alambiqué. Nonobstant, les fans se souviennent du couple meurtrier tiré d’un chapeau dans le deuxième épisode, et de l’improbable frère caché dans le troisième. L’intention de parodie est évidente et même poussée à l’extrême. À l’appui notamment de la franchise diégétique Stab, arrivée à son huitième volet, toujours plus improbable et risible. Ce SCREAM se gorge ainsi d’auto-références et rit non seulement de certains poncifs de l’horreur, mais aussi de lui-même. Et en effet, le métrage ne lésine pas sur les effets comiques.

Certains sont éminemment lisibles – on nous refait le coup du « Je reviens tout de suite ». D’autres mobilisent le spectateur en flattant sa culture du genre. Le son et le flou d’arrière-plan sont habilement exploités à dessein. Malheureusement, à trop nourrir son sous-texte, SCREAM cinquième du nom en oublie parfois sa nature de film d’horreur. La tension n’est que trop aléatoirement palpable, malgré des instants sanglants sensiblement douloureux. Toutefois, il se définit lui-même comme une grande récréation, où l’on surexploite tous les aspects adulés par les fans de la première heure. Or, dans Scream, ceux-ci aimaient moins les scènes de meurtre que leur enrobage méta.

Photo du film SCREAM
Crédit : Paramount Pictures

Du cinéma d’exploitation

Alors, oui. Certes. SCREAM apparaît dans une ère où la rétro-nostalgie est à la mode. C’est cependant oublier qu’il fait partie de ces grandes franchises d’horreur, où l’exploitation est une constante, sinon une raison d’être. Un lieu où l’on surproduit sur la base de ce que les amateurs ont précédemment loué et adoré. À ce titre, ce nouvel opus tire son épingle du jeu. Il assume pleinement l’autocitation et va même plus loin. Car là où les précédents volets servaient un hommage à tout un pan de l’épouvante, celui-ci érige la saga Scream elle-même comme une référence. D’où le revers adressé au genre horrifique actuel… Là n’est pas la question. Tout simplement.

Lily Nelson

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Titre original : Scream
Réalisation : Matt Bettinelli-Olpin, Tyler Gillett
Scénario : James Vanderbilt, Guy Busick
Acteurs principaux : Neve Campbell, Courteney Cox, David Arquette, Dylan Minnette, Melissa Barrera, Jenna Ortega
Date de sortie : 12 janvier 2022
Durée : 1h55min
3.5
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