Après le ratage total que représentait Genisys, la saga Terminator tente de se refaire une beauté avec ce nouveau film intitulé Dark Fate et riche en promesses : retours attendus de Linda Hamilton et James Cameron, tandis que notre inoxydable Schwarzy rempile. Pour un futur de bon augure ?
Faisant fi de tous les films sortis après T2 : Le Jugement dernier, ce Dark Fate s’ouvre lors d’une séquence au parti pris fort, située en 1998, soit un an après avoir empêché l’extinction de l’espèce humaine. Présenté d’emblée comme une véritable suite, occultant les précédents longs-métrages, exactement comme l’avait fait le dernier Halloween de David Gordon Green, ce nouvel opus nous présente de nouveaux personnages tout en déployant son récit une fois encore en terrain bien connu.
Cette fois-ci c’est Dani (Natalia Reyes), une jeune femme qui doit être éliminée par un Terminator sud-américain (Gabriel Luna), tandis que l’ange gardien envoyé du futur pour la protéger est Grace (Mackenzie Davis), une autre jeune femme aux capacités physiques augmentés, en matière de force et de vitesse. Sans avoir vraiment le temps de faire les présentations, voilà que les deux femmes se retrouvent à fuir rapidement un adversaire redoutable, doté de la même technologie dont était pourvu le mémorable T-1000 qu’interprétait Robert Patrick, dans une mise à jour visuelle élégante.
Et parce que la première grosse séquence d’action se termine lors d’une course-poursuite détonante sur une autoroute, le doute s’évapore : Dark Fate sera bien un hommage mélangeant les deux premiers films de James Cameron, espérons-le pour notre plus grand bonheur.
Difficile de faire pire que Genisys, dernier volet en date saboté par des choix narratifs mauvais et tarabiscotés qui faisaient office de doigt d’honneur envers la chronologie instaurée par le début de ce qui sera une saga. En ce sens, le retour de James Cameron dans le processus d’écriture du script ainsi qu’à la production, rassure immédiatement et donne une tout autre tenue à ces nouvelles aventures. Bien qu’en y regardant de plus près, elles ne semblent finalement pas si « nouvelles » que cela, la sensation désagréable d’assister une fois encore à la même histoire ne cessant d’augmenter à mesure que défilent les minutes. Quelques doutes subsistent après la projection, en repensant à un récit qui nous aura ressorti quelques allers-retours spatio-temporels pas toujours très cohérents à suivre ni à avaler.
D’autres détails nous font tilt, par exemple avec le personnage de Grace, contrainte de s’injecter en permanence des seringues de… jus de fruits pour récupérer son énergie. Son corps est en pleine croissance, il lui faut de l’eau pour ne pas citer une certaine publicité des années 2000. On notera également le nouveau traitement psychologique dont a été affublé Arnold Schwarzenegger, qui, bien que s’inscrivant certes dans une continuité logique par rapport à ce qui avait été montré dans T2, pourra paraître légèrement hors propos pour certains.
Dark Fate est un hommage appuyé aux deux premiers films de James Cameron et revigore une saga qui était en perdition. Pas toujours très convaincant, car il nous ressort la même histoire depuis plus de 20 ans, mais souvent jouissif et hautement divertissant !
Terminator : Dark Fate est donc criblé de petits défauts mais nous propose sans cesse de ne pas bouder notre plaisir et de profiter du spectacle qu’il nous offre. En effet, Tim Miller (Deadpool, Love, Death + Robots), dirige avec un savoir-faire plein de punch une traque menée à 100 à l’heure, que cela soit sur terre, sous l’eau ou dans les airs avec un sens du rythme et un montage tout bonnement jubilatoires. La plupart des effets spéciaux sont prodigieux et fait rare, ne nous font quasiment jamais sortir du film à cause d’un numérique trop prononcé. Et ce, en dépit d’une dernière partie qui se lâche un peu plus que d’habitude, défiant toute vraisemblance et tutoyant la surenchère.
Alors qu’il s’achemine vers sa conclusion qui ne surprendra personne, un goût un peu rance s’empare malgré tout de nous, la frontière entre l’hommage et le parfait copier-coller étant alors plus mince que jamais, ce qui a de quoi décevoir.
Néanmoins, Terminator : Dark Fate est aussi un film bourré de clins d’œils et baignant allègrement dans un fan-service qui fonctionne parfaitement. Ne se prenant une nouvelle fois pas vraiment au sérieux, jouant la carte de l’autodérision à fond, il suit les traces laissées par le Mad Max : Fury Road de George Miller en s’imposant également comme un film d’action résolument féministe. Le retour de Linda Hamilton est mis en scène de manière totalement « badass », ce qu’est devenu son personnage (plus que jamais) et un trio de choc 100% féminin va se former, pour en mettre plein la tronche au nouvel antagoniste. Ajoutons à cela le plaisir de retrouver Schwarzy pour ce qui s’apparente à un ultime baroud d’honneur, ou peut-être pas connaissant Hollywood.
Sans jamais tutoyer l’excellence des débuts, Dark Fate revigore joliment une saga qui était en perdition, tel un cadeau offert aux spectateurs nostalgiques des deux premiers films, n’ayant pas la prétention de se prendre pour autre chose que ce qu’il est : un film d’action généreux et hautement divertissant.
Loris Colecchia
• Réalisation : Tim Miller
• Scénario : David S. Goyer, James Cameron, Justin Rhodes, Billy Ray
• Acteurs principaux : Natalia Reyes, Mackenzie Davis, Linda Hamilton, Arnold Schwarzenegger, Gabriel Luna
• Date de sortie : 23 Octobre 2019
• Durée : 2h13min