Suite d’un véritable fiasco, The Suicide Squad joue habilement la carte du divertissement estival ultra-violent et impétueux, sans toutefois renouveler les codes d’un genre qui n’a de cesse de s’essouffler.
Nouvel envol…
Cinq ans après le désastre artistique et scénaristique qu’était Suicid Squad (2016), on se dit que la Warner a appris de ses erreurs, en parvenant à proposer un projet plus consistant. Le prologue a tout pour rassurer puisque c’est sous la forme d’un oiseau que la politique de James Gunn trouve un écho jubilatoire : le volatile, en échappant à un membre d’une première escouade risible et absurde, finit par ronger les restes de son oppresseur, dépérissant en mer. Le premier assaut échoue lamentablement et Gunn, avec ce massacre assumé, offre un véritable pied-de-nez aux prérequis qu’aurait pu imposer un premier opus destiné aux oubliettes. L’envol ainsi introduit laisse présager le meilleur pour la suite et l’on espère alors encore assister au spectacle débridé et rythmé encensé par la presse américaine.
… en territoire connu.
Difficile pourtant de se satisfaire de la suite : vendu par beaucoup comme le divertissement révolutionnaire que le cinéma de genre méritait, THE SUICIDE SQUAD ne sort pas des sentiers battus. Outre une violence démesurée, péripéties et personnages suivent la trajectoire attendue et le récit se fait naturellement celui de l’humanisation des antagonistes, frappés par la dystopie sociale propre au comics. Là où il était légitime de souhaiter l’exploration de psychés aliénées par le déploiement de l’action, le film s’assagit et la croisière, pourtant source d’énergie communicative, reste dans les normes et le déjà-vu. Harley Quinn avait eu droit à son propre film pour être confrontée à ses oppresseurs, stéréotypes d’une masculinité perverse. Peacemaker n’est rien d’autre qu’une dérive de l’antagoniste patriotique cher à ce type de récit. Ne reste qu’Idriss Elba, un temps impertinent, mais finalement symbiose bien sage entre paternalisme accru et héroïsme tourmenté.
Épilogue convenu
La dernière heure se révèle toutefois haletante, en modernisant un sous-texte habilement pensé. L’étoile-ovni, sorte de moussaka géante, offre la possibilité d’un affrontement final dantesque. En retrait jusqu’ici au profit des règles imposées par le récit, l’imaginaire rock’n roll de James Gunn s’immisce dans un étrange mélange coloré où des zombies sont pourchassés par une armée de rats. Le spectacle est total, mais intervient trop tardivement, après les chimères d’une fiction qui aurait gagné à davantage s’émanciper des codes convenus du divertissement. La violence sous toutes ses formes et l’impeccable bande originale ne suffisent pas à hisser le film jusqu’au piédestal qu’il aurait pu atteindre.
Enfin, quelle suite donner à cette vaine mythologie ? Avorté avant même l’annonce de cet opus, le développement d’un éventuel background n’est pas au goût du jour et l’aventure n’en est que plus désuète. Regrettable, quand on voit le virage entrepris par cette audacieuse aventure.
Emeric