Ah ! Les zombies. Depuis plus de soixante ans, ils trustent nos écrans. Tour à tour dénonciateurs chez Romero, horrifiques chez Danny Boyle ou hilarants chez Edgar Wright, ils semblent être passés par toutes les cases cinématographiques possibles et imaginables.
Véritables coqueluches des amateurs d’horreur, ils voient depuis quelques années leur popularité augmenter exponentiellement, notamment grâce à la très populaire série The Walking Dead. Ce n’était donc qu’une question de temps avant que Hollywood se réapproprie le phénomène et en tire un pur blockbuster gonflé aux millions de dollars.
Nous voici donc projetés autour du monde, accompagnés de Gerry Lane (Brad Pitt), dans une quête haute en couleurs : sauver l’humanité en trouvant l’individu 0, porteur originel du virus responsable de l’épidémie zombiesque. Se concentrant uniquement sur le personnage principal, le film met de côté les relations entre protagonistes, pourtant point fort de la majorité des oeuvres de ce genre. Les personnages secondaires sont transparents au possible, ignorés par une caméra semblant s’attarder exclusivement sur le beau Brad. Exemple typique, la famille du héros, simple prétexte dramatique vite effacé.
S’il ne reste pas de personnages secondaires et pas de relations entre personnages, que reste-il, me demanderiez-vous? Et bien de l’action. Beaucoup d’action. On savait Marc Foster amateur d’explosions et de shaky-cam (il est quand même responsable de Quantum Of Solace, le plus bourrin des James Bond), et bien, il faut bien constater que son style n’a pas changé. Les scènes d’attaque sont toutes sans exception haletantes, que l’on évoque le carambolage inaugural ou cette fantastique scène à Jérusalem, ou les zombies, rapides (à la manière des inféctés de 28 jours plus tard), se fondent en une masse grouillante, véritable tsunami de membres décharnés lâché à une vitesse ahurissante. On peut certes parfois regretter l’exagération de certaines séquences, notamment celle de l’avion, où une moitié de l’appareil est explosé à la grenade, mais le plaisir est présent, incessamment.
Malgré quelques bonnes idées, il reste un film sans ambition, il ne veut que faire passer au spectateur un bon moment, et – du moins jusqu’au dernier acte – il y arrive haut la main.
Cependant, si la première heure est aussi explosive que jouissive, le dernier acte fait pâle figure. Lâché dans un huis-clos se voulant angoissant, le film tente de faire ce que d’innombrables autres on fait en mieux. Se cacher, ne pas se faire repérer, se faufiler dans des couloirs tortueux et sombres, le tout sur une nappe angoissante de clavier, vous avez dit déjà vu? Or, n’est pas Romero qui veut, et le tout est d’une platitude dramatique. Les personnages semblent tous invulnérables à la menace, ainsi, les ressorts tragiques se révèlent parfois même involontairement comiques, à l’image d’un Brad Pitt apeuré, lâchant un petit « dites à ma famille que je l’aime » cliché au possible.
Car oui, World War Z est votre Blockbuster américain habituel. Pas de prises de risques, pas de sang, peu de violence graphique, musique épique, morale familiale matraquée, rien de nous est épargné. Et si le spectateur amateur de plaisir coupables que je suis lui accorde plus que la moyenne, c’est qu’il fait bien ce qu’il veut faire. Malgré quelques bonnes idées, il reste un film sans ambition, il ne veut que faire passer au spectateur un bon moment, et – du moins jusqu’au dernier acte – il y arrive haut la main. Restera un placement produit injustifiable et honteux, et une coupe longue toute aussi affreuse.
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