DANS LA FORÊT

[CRITIQUE] DANS LA FORÊT

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Gilles Marchand repasse enfin derrière la caméra avec DANS LA FORÊT, son troisième long-métrage, un pur film d’ambiance anxiogène et terrifiant.

S’il y a bien un terme pour qualifier Gilles Marchand, c’est certainement l’étrangeté. Un style ressenti autant dans ses scénarios – notamment avec Dominik Moll (Harry, un ami qui vous veut du bien, Lemming, Des nouvelles de la planète Mars), co-scénariste ici – que dans ses réalisations. Après Qui a tué Bambi ? (2003) et L’Autre monde (2010), le cinéaste tient peut-être avec DANS LA FORÊT son film le plus accompli à ce niveau-là, mais aussi le plus simple. Car en y réfléchissant bien, quelque chose semble évident après la vision de ce troisième long-métrage. Une histoire de famille, ou plutôt la relation entre un père et ses (son) fils, qui tourne au cauchemar. Celle de Tom et son grand frère Benjamin qui doivent retrouver leur père en Suède pour les vacances. Mais leurs retrouvailles ne se passent pas tellement bien. Le père décide donc d’emmener les deux garçons dans le Nord du pays, au milieu d’une immense forêt, pour s’isoler quelques jours. Tom, peu rassuré par l’attitude étrange de son père, commence à avoir des visions d’un homme au visage déformé.

Photo du film DANS LA FORÊT

Quoi de plus effrayant que d’être plongé dans la peau d’un enfant livré à lui-même, incapable de pouvoir compter sur une figure paternelle, qui semble la plus dangereuse ? Ce père, parfaitement interprété par Jérémie Elkaïm, à contre-emploi, provoque une forte inquiétude. L’acteur (par ailleurs producteur du film), qui a habituellement des rôles plutôt sympathiques, tantôt lunaires (Les bêtises), tantôt intenses (Marguerite et Julien), a pourtant passé les essais. Choix judicieux, d’autant que Gilles Marchand pensait depuis longtemps à lui offrir un rôle sombre, ambivalent, quasi vertigineux. Calme mais froid, il s’exprime ici sur un ton monotone et n’a rien de rassurant ni de chaleureux pour Tom. Le jeune Timothé Vom Dorp (qui faisait déjà son petit effet dans Ce sentiment de l’été de Mikhaël Hers) qui l’interprète, est l’autre trouvaille de Gilles Marchand. Avec ses yeux sombre et son petit gabarit, le jeune garçon est fascinant et attachant. En restant à ses côtés, à hauteur d’enfant, Gilles Marchand provoque en nous une forme de terreur enfantine, un sentiment d’impuissance face à un père, qui à défaut d’être violent, dérange par son caractère malsain. Malsain dans le sens d’irresponsable, capable de mettre en danger la vie de ses enfants en les trainant au milieu de nulle part et les mettant dans un minimum de confort. Un homme qui, par ailleurs, possèderait de drôles de pouvoirs, et encourage son fils à développer les siens.

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Dès lors ce n’est pas tant la résolution des mystères autour du père et des visions du « diable » de Tom qui intéressent le cinéaste, ni de trop raisonner. Mais davantage de proposer un pur film d’ambiance et d’explorer les pressentiments et les sensations, surtout celles ressenties face à l’inexplicable, au paranormal. Le propos de Gilles Marchand n’étant pas de faire de DANS LA FORÊT un film de genre qui fait peur, mais bien de se connecter à l’enfance, à l’inconscient plus qu’au conscient. Le point de départ du cinéaste ayant d’ailleurs été un souvenir d’insomnie de sa propre enfance. La forêt, et tout ce qu’elle représente de mystérieux, joue évidemment un rôle important dans le film – un peu comme celle de la série Les Revenants. Les personnages y entrent, s’y laissent enfermer. Les bruits inquiètent. La musique, anxiogène à souhait, offre plusieurs niveaux de lecture du film et insiste sur les accords discordants, comme ceux que connaissent les personnages eux-mêmes. DANS LA FORÊT reste alors intelligemment à la frontière du fantastique, laissant planer le doute sur les visions de Tom, imaginaires ou non. On se posera bien des questions au cours du film, mais il ne faudra pas en attendre de réponses directes. Car DANS LA FORÊT s’apprécie avant tout comme une expérience des plus angoissantes, qui prend à la gorge tout du long.

Pierre Siclier et Sylvie-Noëlle

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Titre original : Dans la forêt
Réalisation : Gilles Marchand
Scénario : Gilles Marchand, Dominik Moll
Acteurs principaux : Jérémie Elkaïm, Timothé Vom Dorp, Théo Van de Voorde
Date de sortie : 15 février 2017
Durée : 1h43min
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