PAPA OU MAMAN

PAPA OU MAMAN, relecture de La Guerre des Roses – Critique

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Ce PAPA OU MAMAN, avec La Famille Bélier, sorti 1 mois et demi plus tôt, sont deux comédies populaires particulièrement réussies et vouées à un succès fulgurant… Serait-ce une forme de renaissance du cinéma français ?

Nous, on y voit surtout une redéfinition des codes d’identification du spectateur aux personnages, alliée à une maîtrise du storytelling à l’américaine, c’est à dire rythmée par l’empathie, la péripétie et la situation, plus que par le propos ou la performance.

Bref.
PAPA OU MAMAN examine donc, comment un couple sur le point de divorcer envisage la garde parentale… Comme la pire des horreurs.

Le ton grinçant et méchant du pitch se reflète immédiatement dans le film. On commence ainsi par une mise-en-situation résumant non seulement les enjeux du film, mais les obsessions des personnages, ce qui les motive. La bataille initiale entre Florence et Vincent (pas encore papa et maman) est un combat parfois très violent ou tous les coups bas sont permis… Mais ou la finalité est de sauver ce qui leur reste de commun. Seul espoir pour y parvenir : se raccrocher à une jeunesse de plus en plus évanescente, menacée par l’austérité, la carrière et les responsabilités.
Ce sommaire est également le seul moment ou la mise-en-scène s’imposera, sera singulière. Cette première bataille est ainsi un hallucinant plan-séquence ou la caméra poursuit littéralement nos deux personnages. Une mise en abîme s’opère, plaçant la caméra/spectateur au sein d’un conflit intense, qui au final servira de catharsis à ces deux personnages. Une ultra-cohérente présentation, typique des films réussis.

Papa ou MAman

La suite du programme confirme l’intensité première. Pas forcément dans la mise-en-scène, mais par le rythme, l’humour et l’interprétation.

Le plus génial, et ce qui garantit le rythme (ultra-élevé) du film, c’est de transformer chaque élément scénaristique en véritable enjeu du film.
comment expliquer, puis annoncer le divorce, comment dégoûter les enfants, comment reconquérir l’estime de soi, de l’autre, comment conjuguer désirs personnels et altruisme… Chaque scène est ainsi le lieu d’une véritable épreuve KohLantienne ou il faut TOUT donner pour: soit gagner, soit s’en sortir vivant.
Une exagération qui paye, puis qu’elle exacerbe chaque instant et permet d’atteindre plusieurs limites, à même de troubler le spectateur. Dans l’humour, mais également dans la morale, dans la démesure appliquée à chaque situation.
Le mariage de Papa et Maman étant d’emblée présenté comme terminé, il est temps pour eux de penser à autre chose qu’à leurs gosses… Eux par exemple. Et c’est cet égoïsme soudain qui constitue le moteur de l’humour du film.

Relecture générationnelle de la Guerre des Roses VS Kramer contre Kramer, avec une Marina Foïs et un Laurent Lafitte parfaits.

Pourquoi laisser s’enfuir l’espoir d’indépendance ? non. NON ! D’où guerre (des Roses). Une guerre prenant des allures de partie de Ping-Pong ou la méchanceté/mesquinerie servirait de balle à se renvoyer le plus fort possible; établissant un dialogue à base de douleur, de cris, et ou la perspective de la distance met en relief l’intensité ridicule d’un tel échange. Génial.
La réussite du film repose inévitablement sur des interprètes capables de composer des personnages se trouvant à l’exact milieu entre ces différentes composantes. Si Marina Foïs excelle sans surprendre (des Robins des Bois à Polisse, en passant par J’me sens pas belle ou Darling, maman Florence est un personnage-somme)… Laurent Lafitte, lui, confirme avec Papa Vincent son talent comique entraperçu dans 16 ans ou presque.
Les deux possèdent cette précision de jeu créant instantanément l’empathie, l’alchimie et l’équilibre, assimilant le spectateur au jeu du « qui je préfère? », « qui je déteste le plus? ». Un équilibre renforcé par la loufoquerie des situations provoquées par chacun des deux partis !

Papa ou MAman (2)

L’identification, elle se fait à tous public. PAPA OU MAMAN constitue à la fois un fantasme d’enfant permettant d’imaginer ses parents agir comme des gosses, puis un fantasme d’adulte dans lequel on peut enfin se permettre de détester des enfants (par ailleurs assez caricaturaux, même si c’est assez drôle)
PAPA OU MAMAN devient un reflet par l’humour et l’exacerbation, des dysfonctionnements les plus basiques de notre société, comme le manque d’amour, ou l’individualisme. Le divorce en étant à la fois cause et conséquence.

Le plus dommageable reste qu’il s’agit de cinéma; la notion de rythme a tout prix abordée précédemment impose un coté bigger than life au film, ce qui rend certaines situations trop grosses, trop limites, et casse légèrement l’immersion.

Au final, PAPA OU MAMAN peut se voir comme une relecture de La Guerre des Roses ou l’enjeu ne seraient plus unique mais multiple, et correspondant à des sujets de société, générationnels. En découle un film au rythme élevé et à l’humour touchant à 90% juste, grâce à des comédiens maîtrisant l’équilibre entre comédie et drame à la perfection.

Georgeslechameau

Note des lecteurs6 Notes
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