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MY LADY, une femme forte qui vacille – Critique

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Pour son dernier film, MY LADY, le réalisateur Richard Eyre dresse le beau portrait d’une femme forte, dont les tourments de la vie influencent ses décisions professionnelles.

Quand Fiona May, juge britannique aux affaires familiales, pénètre dans la Cour Haute pour écouter les parties et prendre une décision, elle se fait annoncer par le titre de My Lady. Maîtrisant et appliquant la loi du Children Act, elle doit analyser et trancher rapidement des situations dramatiques, parfois sous la pression du temps. C’est une femme concentrée, rigoureuse, presque rigide, toute dédiée à son travail. Sa vie bien rangée ne laisse aucune place à la spontanéité. Seul le piano et la musique lui offrent quelque divertissement, et encore, elle le fait avec sérieux.

Photo du film MY LADY

Le réalisateur Richard Eyre, qui semble aimer aborder la façon dont les femmes d’un certain âge réagissent face à l’adversité – on se souvient de Chroniques d’un scandale – donne à voir Fiona à un moment clé de sa vie. En quelques jours, Fiona va imperceptiblement vaciller et se comporter d’une manière différente et inhabituelle pour un juge. C’est l’annonce de son mari Jack / Stanley Tucci (Spotlight), encore très amoureux mais qui se sent délaissé, à vouloir avoir une liaison, qui la rend vulnérable et la déstabilise. Son monde et la confiance qu’elle avait en son mari s’écroulent. Le réalisateur aborde ainsi dans MY LADY le délitement d’un couple installé de notables, sans la théâtralité souvent de mise, mais avec une certaine amertume. Il met habilement le spectateur face à ses propres questionnements sur l’équilibre parfois impossible entre vie privée et vie professionnelle et ses conséquences sur des choix de vie, comme celui de décider de ne pas avoir d’enfant.

C’est Emma Thompson (Seul dans Berlin) qui prête ses traits à Fiona May. Et elle excelle dans son interprétation tout en nuances. On sent la tempête en elle, et pourtant rien ne transparaît. Représentant la Justice et la Loi, portant sur ses épaules une énorme responsabilité dont elle est extrêmement consciente, elle se doit de rester digne. Seul son fidèle greffier perçoit les changements, mais jamais ne le lui fait remarquer.

Bel hommage au travail de ceux qui rendent la justice, MY LADY permet d’aller à la rencontre d’une femme qui se reconnecte avec ses émotions et s’autorise à les ressentir.

L’intérêt de MY LADY réside aussi dans la nature même des affaires passionnantes traitées au tribunal, grâce aux bonnes idées de Ian McEwan, l’auteur du livre éponyme et scénariste. La principale affaire concerne donc ce jeune homme encore mineur souffrant d’une leucémie mais dont les transfusions sanguines indispensables à son traitement ne peuvent être faites en raison de son appartenance aux Témoins de Jehovah. Et on entre ici pleinement dans un conflit rarement abordé au cinéma entre loi et religion -ou secte, selon les appréciations des uns et des autres.

Photo du film MY LADY

Les échanges au tribunal et la rencontre inhabituelle avec le jeune Adam / Fionn Whitehead (Dunkerque) permettent au spectateur, sans pour autant les juger, de mieux comprendre de tels enjeux religieux et sociétaux. Le film permet aussi de s’interroger sur les éventuelles influences et manipulations des guides spirituels et sur le prix à payer dans cet étau invivable pour certaines familles à vouloir continuer à respecter des principes au détriment de la vie. MY LADY parvient d’ailleurs, et c’est assez rare pour être souligné, à positionner le spectateur comme s’il était la Juge écoutant les arguments des uns et des autres. De fait, on ressent de l’empathie envers tous les personnages, sans exception.

Le suspense, les dialogues et la mise en scène de MY LADY n’ont certes pas les effets flamboyants des tribunaux des séries américaines. Ils sont au contraire à l’image flegmatique de My Lady qui se tient à bonne distance de ses émotions et garde la tête froide: mélange de fermeté et de mesure. Et puis, le film a la bonne idée de ne pas s’arrêter au jugement même. On ne dira rien de la suite qui sort de l’ordinaire, si ce n’est qu’elle est un peu troublante et que les personnages se retrouvent confrontés à des décisions déstabilisantes, les obligeant à dévoiler de nouvelles parts d’eux-mêmes. Bel hommage au travail de ceux qui rendent la justice, MY LADY permet donc d’aller à la belle rencontre d’une femme qui se reconnecte avec ses émotions et s’autorise à les ressentir, sans mauvaise conscience.

Sylvie-Noëlle

Note des lecteurs14 Notes
Titre original : The Children Act
Réalisation : Richard Eyre
Scénario : Ian McEwan, d’après son oeuvre éponyme
Acteurs principaux : Emma Thompson, Stanley Tucci, Fionn Whitehead
Date de sortie : 1er août 2018
Durée : 1h45
4
Subtil

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Rédactrice

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Note finale

  1. la faille de cette femme réside dans le fait qu’elle n’a pas d’enfant ce qui laisse la place à un transfert qui se fait dans la rencontre physique à l’hôpital avec cette adolescent qui réalise que ses parents préfèrent le voir mourir plutôt que de dépasser leur croyances , cette adolescent retrouve la vie et comprend a travers ce qu’il vient de vivre les mécanisme de la manipulation des sectes et cela grâce a Fiona, dans un contre transfert (il lui demande pourquoi elle s’est déplacée à l’hôpital ce qui est inhabituel )et fait une demande déguisée d’adoption en souhaitant venir habiter chez elle , Fiona voudrait accepter mais sait que ce n’est pas professionnel , son refus est vécu comme un rejet par Adam qui après une guérison spectaculaire , rechute et trouve sa liberté a travers la mort , ce que Fiona vit comme un échec , celui de refuser d’être mère

    1. Bonjour et merci de votre message! Votre interprétation psychanalytique peut tenir la route… je doute toutefois que Fiona refuse d’être mère, je crois qu’elle n’a simplement pas trouvé le temps au cours de sa carrière et le regrette ! A bientôt! Sylvie-Noëlle