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TIMBUKTU déçoit et perd son spectateur – Critique

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On observe quelques faits et actions, dans le village de Tombouctou; Ce village est régi depuis peu par une milice djihadiste. Celle ci, sous couvert de religion, impose aux habitants diverses règles étranges d’asservissement, se place en juge et bourreau d’une population qui n’a rien demandé….

Le film oppose le quotidien au drame.
Dans la première partie du film, Abderrahmane Sissako permet à sa caméra de naviguer entre plusieurs histoires, sans lien scénaristique ni sympathie prononcée pour un tel, dans le seul but de montrer le quotidien de cette petite ville.
Cette première heure est la plus réussie, car elle cherche à tout prix à éviter tout manichéisme dans la description de ce quotidien. Mieux, elle se focalise sur de tout petits instants sans jamais justement, chercher aucun sensationnel.
Trois djihadistes qui discutent foot, un prêtre qui explique la politesse et le respect aux djihadistes, une drague paradoxalement timide, un groupe d’amis qui font un bœuf musical, une « originale » qui parle à ses poules…

Le contrepoint passionnant de cette partie, est d’opposer dans ces scénettes cette prétendue loi de dieu, à Dieu justement, et de constamment contredire l’autorité auto proclamée des djihadistes. Un imam, les habitants, les djihadistes eux mêmes se posent des questions sur l’immuabilité de ce régime assez totalitaire. Cela donne lieu à des scénettes à la fois tragiques et comiques, tout à fait intégrées dans le raisonnement de remise en question proposé par le film.

La petite exception viendra de Kidane et de sa famille, personnages centraux mais malheureusement trop scriptés, dont on devine le destin funeste sans mal tant leur bonheur et leur statut de famille idéale sont mis en avant.

Photo du film TIMBUKTU

Ces petits moments ne semblent jamais chercher à montrer ou prouver quoique ce soit, alors que l’introduction, qui montrait notamment la passation d’un otage d’une milice à une autre, promettait quelque chose de plus politique.
Ils construisent au contraire une sorte de bulle en quelque sorte paisible au milieu d’une violence sourde, quelque chose de poétique et violent, de doux et réaliste, mixe les émotions délicatement.

Deux parties distinctes séparées par un évènement tragique – la mort d’un homme, catalyseur d’une violence jusque là en arrière plan.

Cette séquence, d’ailleurs admirablement mise en image, marque également le basculement du film dans une atmosphère beaucoup plus lourde et introduit de façon assez notable (malheureusement) des éléments purement scénaristiques pour pousser les évènements jusqu’au cauchemar.
L’horreur apparaît ensuite sur plusieurs fronts, sous plusieurs formes. D’abord, la malchance, ensuite la puissance des convictions, la dureté des hommes envers d’autres, puis s’illustre enfin de manière brutale et réaliste..

Le film oppose le quotidien au drame, mais rate son point de basculement et finit par perdre son spectateur.

Si cela à pour conséquence de laisser quelques images mémorables, cela casse également le propos de réflexion menée dans la première partie du film, ou l’observation objective des différents partis donnait bien plus de recul au spectateur.
Ce choix, cinématographiquement, pourrait fonctionner, mais Abderrahmane Sissako fait une énorme erreur de timing en proposant le moment de basculement bien trop tôt. Il hésite ensuite quelques minutes entre continuer sur sa lancée ethnologique si passionnante, puis décide de définir clairement bourreaux et victimes collatérales (ou volontaires), oppression et opprimés, force le trait sensationnaliste, puisque c’est l’un de ses buts premiers 1Abderrahmane Sissako explique que ce film à été motivé en partie par un évènement précis qui l’a marqué (la lapidation d’un couple) cet évènement est montré dans le film, avec toute sa brutalité. et perd son spectateur en le choquant.

Ce film fait un peu penser à la manière dont le Kechiche de L’ESQUIVE (ou le Kassovitz de LA HAINE) envoûtait son spectateur avant de le brutaliser, en décrivant longuement un point de vue avant un contexte.
Celui-ci, évidemment, doit finir par faire surface et rappeler sa violence pour mieux s’imprimer dans nos consciences d’où l’importance de choisir son point de transfert avec précision, puisque c’est de la que vient la force du suspens, le caractère mémorable. C’est peut-être la limite de ce cinéma et l’affirmation du talent de certains réalisateurs, cinéma qui manipule sans doute un peu trop son spectateur, en créant une proximité avant de la briser.

Georgeslechameau

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    Abderrahmane Sissako explique que ce film à été motivé en partie par un évènement précis qui l’a marqué (la lapidation d’un couple) cet évènement est montré dans le film, avec toute sa brutalité.
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