PARIS-WILLOUBY

[INTERVIEW] L’équipe du film PARIS-WILLOUBY

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Nous avons rencontré Quentin Reynaud et Arthur Delaire à l’occasion de la présentation de PARIS-WILLOUBY en avant-première à Bordeaux (ville d’origine des deux jeunes réalisateurs). Deux garçons très complémentaires et qui s’expriment presque d’une seule voix. Ils étaient accompagnés de deux de leurs acteurs principaux, les délicieux et impliqués Alex Lutz et Stéphane De Groodt. Les échanges ont été nombreux et passionnés.

A lire également, notre critique du film PARIS-WILLOUBY

 

Quentin Reynaud, Arthur Delaire © Le Blog Du Cinéma
© Le Blog Du Cinéma

 Les intentions et l’univers des réalisateurs – Leurs sources d’inspiration

– Quentin Reynaud et Arthur Delaire : Nous ce qu’on voulait faire, c’était un film sur une famille qui ressemble à la vie des gens, et particulièrement sur une famille recomposée, dans laquelle les situations ne sont pas toujours très claires. Et parce qu’on trouvait que ce n’était pas trop abordé en France. On voulait réaliser une comédie sensible, pas une comédie pure avec des grosses blagues et des gags toutes les deux minutes. Pour chaque situation, on veillait à se replacer dans un contexte réel, on a plutôt essayé de travailler dans la délicatesse. On voulait aussi aborder le thème de l’abandon et celui du deuil, parce qu’un deuil permet de devenir mature.
Nos sources d’inspiration, c’est plutôt les comédies américaines, comme
Little Miss Sunshine, Thelma et Louise, qu’on aime en tant que spectateurs. On aime aussi beaucoup tout ce qui n’existe pas, comme par exemple la ville dont parle Stephen King dans ses bouquins, Little Tall Island. Ça nous offre une grande liberté : on n’aime pas quand il y a trop de codes dans l’écriture, ça freine notre création, et ça explique notamment le fil rouge dans notre film des vaches perdues.

– Alex Lutz : Moi j’aime leur univers, leur onirisme, leur poésie et j’ai eu envie, dès la première version du scénario, de mordre à l’hameçon. 

– Stéphane De Groodt : Il y a quelque chose de britannique et de belge dans leur univers. 

 

Le temps du projet et les difficultés de financement- Le scénario et la contribution à l’écriture de Baya Kashmi

– Q.R et A.D : On a mis quatre ans entre le début de l’écriture et le tournage. Quand on bloque sur un scénario et quand on est un peu en galère financière, l’usage c’est de faire appel à quelqu’un qui apporte son regard, sa distance, qui permet de faire un état des lieux et de redonner une envie, un élan au projet. C’est ce qu’a fait avec nous Baya Kashmi (NDLR: co-scénariste de Je suis à vous tout de suite ou La vie très privée de Monsieur Sim) pendant deux mois et encore le scénario final est vraiment différent!

Photo du film PARIS-WILLOUBY
© Mars Distribution

 Leur façon de travailler ensemble – Le storyboard

– Q.R et A.D : On est amis depuis plusieurs années. On a déjà travaillé ensemble sur nos deux courts-métrages donc on sait où on va, on n’a pas d’ego mal placé et il n’y a pas de double discours. Notre méthode de fonctionnement, ce n’est pas comme les frères Larrieu qui ont chacun leur domaine. Nous on partage tout et on est prêt à discuter de tout. C’est aussi pour cette raison qu’on a complètement storyboardé notre film. On a appris après coup que c’était assez rare de procéder comme ça, mais c’est comme une Bible, une route tracée, sur laquelle on a beaucoup bossé en amont du tournage, qui nous permet d’assurer et de contrôler notre film

– S.D.G : J’aurais bien voulu voir comment ils nous ont dessiné sur le Storyboard ! 

 

La nostalgie de l’esthétique des objets d’autrefois et de la musique

– Q.R et A.D : On apprécie beaucoup l’esthétique des objets d’autrefois, le vieux téléphone, la veille bagnole sont des éléments intemporels qui donnent une certaine patine. C’est comme pour la musique, on a mélangé des musiques nostalgiques de Lara Fabian avec celles du groupe moderne electro Gush, qui garde bien l’esprit Beatles

– A.L : On cherche toujours notre Madeleine de Proust ! Quant on écrit un scénario aujourd’hui on est obligé d’intégrer les téléphones portables. Et la relation humaine par le biais du portable est difficile à traiter. Cette surconnectivité l’abîme systématiquement. Avec le voyage initiatique de PARIS-WILLOUBY, on a pris un temps de respiration.

 

Le choix des acteurs

– Q.R et A.D : On pensait d’abord à nous-mêmes, à notre famille quand on écrivait. A chaque fois qu’on a écrit pour un personnage, on essayait de le jouer et de se mettre à sa place car on a tous les deux une formation d’acteur. C’était important pour nous que les acteurs soient hyper naturels dans les scènes. Puis on a choisi des comédiens avec lesquels on partage des affinités artistiques, dont on apprécie l’univers et l’humour. Ce sont avant tout de belles rencontres humaines. 

Photo du film PARIS-WILLOUBY
© Mars Distribution

 La non tentation pour des acteurs, auteurs par ailleurs, modifier les dialogues – Leur vision du métier qui évolue

– Q.R et A.D : On a choisi avant tout des acteurs et le fait qu’ils soient auteurs ne nous a pas effleuré l’esprit. Mais c’est certain que ça facilite et simplifie les rapports et on a travaillé dans la confiance.

A.L : Le marché a évolué, et aujourd’hui, on est effectivement de plus en plus dans un métier multicasquettes. On n’est pas du tout dans un monde de bobos ou de nantis, ça n’a jamais été si concret. Le côté artisanat est très fort sur un film, c’est comme un village avec tous les métiers du cinéma, ça donne un décalage hallucinant. Quand on joue, on apprend à poser les casquettes, même si ça nous démange parfois ! Mais c’est un pur plaisir de n’être qu’un interprète et de ne pas vouloir tout faire en même temps. 

– S.D.G : On a rapidement vu le potentiel des dialogues nous permettant de nous y intégrer assez vite. Les scènes doivent fonctionner aussi avec ce qu’on est, mais on n’a pas éprouvé le besoin de les changer, juste de nous les approprier. En tant qu’acteur, on peut s’abandonner au service des auteurs, c’est leur vision, leur histoire, c’était très excitant de se lancer dans ce projet.
Il y a en effet une nouvelle génération d’acteurs, une tendance à tout faire. C’est une chance de faire ce métier, c’est chouette de raconter des histoires, c’est un privilège de gagner sa vie ainsi ! 

 

La façon dont les acteurs ont abordé leurs rôles

– A.L Moi de toute façon, on peut me coller n’importe quoi sur la tête, ça me va ! C’est quand même le seul métier qui permet de faire ça ! Il y a un côté très ludique, très artisan avec ce métier. Pour peu que le rôle m’amuse, qu’il m’inspire et permette de retrouver mon imaginaire d’enfant. Même si Marc est un peu torturé, dès que j’ai trouvé le « la », je suis rentré dans ce personnage passionnant à jouer.

 

La joie d’être ensemble – La force de ce film selon les acteurs

– Q.R et A.D : On était tous hyper contents d’être ensemble, et ça on l’a compris dès qu’on a fait la première lecture du scénario dans les bureaux des producteurs. On a tout de suite vu qu’on créait une famille.
On a souvent choisi le plan séquence, surtout qu’on a tourné six jours en voiture. C’était important pour nous de filmer les acteurs pendant trois minutes, on faisait confiance à leur talent. Ils sont tous d’une grande justesse de jeu. Regardez bien les scènes dans la voiture, où même derrière ils continuent à jouer alors que la caméra n’est pas directement sur eux ! Grâce à cette générosité dans leur jeu, le film a différents niveaux de lecture. 

– A.L C’est la moindre des choses quand même ! On est une bande d’acteurs normaux dans tous les sens du terme. Il y avait un truc normal de contact entre nous, on éprouvait, comme dans le film, le besoin de se prendre dans les bras, de rigoler ! La force de ce film, c’est l’empathie avec l’autre, l’échange. Par exemple, quand Isabelle Carré vous regarde, hop, on est le personnage ! Bien sur, il y aura toujours les grands fous géniaux, qui peuvent tout se permettre, et être en même temps dans le concret. Lisez « Innocent », le bouquin de Depardieu

– S.D.G : C’est sûr, il y tellement d’acteurs qui s’en vont quand ils ont fini de nous donner la réplique, nous obligeant à jouer en face d’un morceau de scotch. Si j’avais pu, j’aurais adopté Aminthe, qui joue ma fille Prune, petite fille mature dans ce tourbillon familial ! 

Alex Lutz, Stéphane De Groodt © Le Blog Du Cinéma
© Le Blog Du Cinéma

Leurs réactions face aux critiques 

– Q.R et A.D : Les critiques ont une mission, on les respecte, à la condition qu’ils réfléchissent, qu’ils argumentent, qu’ils exposent leur avis. Il y a souvent un manque de respect de leur part à se contenter d’écrire qu’il ne faut pas aller voir le film et qu’il est nul. Leur rôle c’est de sublimer les œuvres, d’être bienveillant et de critiquer avec talent, en formulant des phrases qui montrent qu’il y a respect du travail. Mais la réalité, c’est quand même l’accueil du public et le nombre d’entrées.

– A.L C’est sûr, s’il y a du talent, ça passe mieux ! Quand on est acteur, en tant que maillon de la chaîne du film, si on a fait notre job avec sincérité, on est moins atteint par la critique du film. Cet exercice de la critique est nécessaire, s’il est fait avec honnêteté intellectuelle et sérieux. Mais ça ne doit pas être une posture de la part des critiques que de dire qu’on a pas aimé juste pour faire le buzz. On reste des êtres humains et ça peut être d’une telle violence psychique, une expérience douloureuse de se dire qu’on n’a pas été compris. Il faut avoir le cuir dur et rester imperméable le plus possible. Et puis ça dépend aussi de notre investissement personnel. J’en discutais l’autre jour avec Jean-Marie Poiré pendant le tournage des Visiteurs 3. Il me disait que son premier film, Mes Meilleurs Copains, avait été détesté par la critique, alors que sa forme littéraire est très bonne. Mais après tout, le film ne nous appartient plus dès qu’il sort.

– S.D.G : Dans notre époque, il faut être vigilant et rester le plus possible sur l’œuvre même si on dézingue les personnes.

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Affiche du film PARIS-WILLOUBY

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+ CRITIQUE
+ INTERVIEW DE L’ÉQUIPE DU FILM

Titre original : Paris-Willouby
Réalisation : Quentin Reynaud et Arthur Delaire
• Scénario : Quentin Reynaud et Arthur Delaire
• Acteurs principaux : Stéphane de Groodt, Isabelle Carré, Alex Lutz, Joséphine Japy
• Pays d’origine : France
• Sortie : 20 janvier 2016
• Durée : 1h23min
• Distributeur : Mars Distribution
• Synopsis : Claire et Maurice doivent emmener toute la famille aux funérailles du père de Claire. Dans cette famille recomposée il y a Léo, le fils de Claire, qui est secrètement amoureux de Lucie, la fille de Maurice, une adolescente rebelle, mais aussi du frère de Claire, un poète qui vit aux crochets de sa sœur ; sans oublier la jeune Prune, la fille de Claire et Maurice, qui va développer une passion pour les vaches du pays. Ils doivent tous faire un effort pour se supporter durant le road trip jusqu’à Willouby.
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