Un film de Science-Fiction sur la réalité virtuelle réalisé par un Français ? Pendant que Joann Sfar grogne sur la frilosité de l’industrie française vis-à-vis de ce type de projets, on a voulu en savoir plus sur Guy-Roger Duvert et son film VIRTUAL REVOLUTION, produit depuis les États-Unis mais tourné en France en anglais avec une grande partie du casting et de l’équipe technique de nationalité française. Pour ceux qui s’intéressent au rapprochement entre jeux-vidéos et films, vous risquez une irrépressible envie de voir le film. Vous pouvez visionner la bande-annonce au bas de la page de cette interview.
Thomas Coispel : VIRTUAL REVOLUTION présente des univers très riches visuellement mais qu’on a assez peu l’occasion de voir coexister dans un même long métrage. Le médiéval fantastique côtoie la SF cyberpunk. Pouvez-vous nous expliquer comment avez-vous réuni ces deux mondes jusqu’ici éloignés ?
Guy-Roger Duvert : En fait, le film se situant en 2047, son esthétique est naturellement SF cyberpunk (tours futuristes, voitures volantes, membres cybernétiques, ambiance sombre, etc). Ceci étant dit, les personnages se connectent à des mondes virtuels, à travers des avatars, un peu à l’instar MMOs actuels (jeux vidéo de type World of Warcraft). Les ambiances de ces mondes virtuels sont donc très variées, l’un pouvant être un western, un autre un space opera, un autre un monde de pirates…etc. Dans le film, on visite en fait deux de ces mondes : l’un est un monde classique d’heroic fantasy (guerriers, magiciens, dragons…etc.), et l’autre est un monde post-apocalyptique futuriste (un monde constitué d’humains seulement, mais avec des traces de technologie alien, ou la technologie générale est avancée, mais où tout est ruines). Ceci explique les trois ambiances visuelles très distinctes du film.
T. C. Le teaser de VIRTUAL REVOLUTION ne donne pour l’instant pas beaucoup d’éléments sur l’intrigue du film. Comment souhaiteriez vous présenter l’histoire de votre film aux spectateurs ?
G-R. D. Paris. 2047. La réalité virtuelle est désormais aussi réaliste en termes de sensations que le réel, ce qui fait que les gens n’ont plus vraiment intérêt à rester dans le réel. La vie et les sensations offertes par le virtuel étant beaucoup plus intéressantes. 75% de la population passe désormais tout son temps connectée, laissant la réalité à une petite minorité. Ce sont les Connectés. Ceux qui refusent fermement ces mondes virtuels sont appelés les Vivants. Enfin, certains n’ont jamais vraiment fait un choix clair, passant leur temps entre réel et virtuel. Ce sont les Hybrides. Notre héros, Nash (interprété par Mike Dopud), est un hybride. Il est également un tueur à la solde des multinationales qui ont créé et développé ces mondes virtuels. Sa mission : traquer, identifier et éliminer des terroristes qui s’attaquent au système.
T. C. Qu’est-ce qui vous a donné envie de raconter une histoire aussi ambitieuse ?
G-R. D. Tout est parti d’un article que j’ai lu vers 2005, qui parlait d’un MMO auquel je jouais d’ailleurs un peu à l’époque, Everquest 2. Cela disait que 25% des joueurs accordaient plus d’importance à leur vie virtuelle en jeu qu’à leur vie réelle ! Alors qu’on parle d’une technologie archaïque (écran 2D, interface basique de type clavier et souris). On sait parfaitement qu’assez bientôt, on arrivera à un réalisme à la Matrix. Je n’ai pu m’empêcher de me demander à quel point ce pourcentage augmentera le jour où la technologie aura évolué. Et c’est de là qu’est née l’histoire du film.
T. C. En voyant les premières images du teaser et l’affiche, on ne peut pas s’empêcher de penser à Blade Runner de Ridley Scott. Quelles ont été vos influences ?
G-R. D. Blade Runner est très clairement la référence principale, même si dans les faits, notre histoire n’a rien à voir. Il y a eu d’autres influences : Deux Ex (jeu vidéo), Remember Me (jeu vidéo), Ghost in the Shell (anime japonais), Cyberpunk 2020 et Shadowrun (jeux de roles), Akira (anime japonais). Coté livres, je suis un fan d‘Isaac Asimov et de Philip K. Dick, même si leurs thèmes récurrents n’apparaissent pas vraiment dans le film.
T. C. VIRTUAL REVOLUTION est votre premier long-métrage, mais vous avez été remarqué pour votre court-métrage Cassandra, se déroulant également dans un univers médiéval. Y a-t-il une filiation entre les deux films ?
G-R. D. Pas vraiment. Même s’il est évident qu’on risque de retrouver un peu l’atmosphère de Cassandra dans les parties heroic fantasy du film. Cassandra est en fait destinée à devenir un jour un long. Si tout va bien, le prochain long après VIRTUAL REVOLUTION. Par ailleurs, deux des acteurs de Cassandra se sont retrouvés sur Virtual Revolution. Ainsi qu’une grosse partie de l’équipe technique !
T. C. En tant que réalisateur français, trouvez-vous l’industrie hexagonale prête à se lancer dans des projets comme le vôtre ?
G-R. D. Il y a un décalage gigantesque en France, entre d’un côté les artistes et le public, friands d’univers différents (fantasy, SF…Etc), et de l’autre les diffuseurs de type chaines de télévision, qui jusqu’à très récemment se sont cantonnés à de la comédie, du drame, et un peu de polard. Vu les productions ambitieuses et originales récentes de chaînes comme Canal+ et Arte, et l’arrivée de nouveaux acteurs comme Netflix, on peut espérer que les choses bougent, mais on n’en est qu’au début, et pour le moment, clairement un réalisateur débarquant de nulle part avec ce type de projet n’est pas pris au sérieux.
Au niveau des producteurs, c’est compliqué aussi, car il n’y a pas encore en France une véritable culture du risque. Par exemple, lorsqu’on était en préparation de VIRTUAL REVOLUTION, j’ai été très agréablement surpris de voir pas mal de producteurs intéressés par le projet, et désireux de monter dans le navire. En revanche, aucun ne voulait mettre un centime ! Soit ils nous proposaient des services dont on n’avait pas besoin, soit ils évoquaient de possibles subventions qu’ils pourraient toucher pour participer au financement (et qui sont restées hypothétiques). Mais AUCUN n’a accepté de mettre le moindre centime personnel ! Je ne peux pas en vouloir à ceux qui n’en avaient pas les moyens, mais certains d’entre eux avaient clairement l’argent, alors que le ticket d’entrée n’était pas élevé. J’ai trouvé des individus prêts à prendre le risque d’investir dans le film. Mais des sociétés de production établies? Aucune.
Ceci étant dit, alors que la post production est à peine commencée, je commence déjà à me faire contacter par plusieurs producteurs, aussi bien aux US qu’en France, qui veulent savoir quels sont mes prochains projets. Donc, si ça se trouve, il y a possiblement une culture du risque en France, mais uniquement à partir du moment où le réalisateur a déjà réalisé un long.
Donc, malheureusement, le seul conseil que je pourrais donner à un réalisateur n’étant pas encore passé au long, est d’arrêter d’espérer que d’autres fassent le boulot de producteurs qu’ils sont censés faire, et de le faire soi même. Mais bon, ça implique de pouvoir mettre de l’argent, et ça, tout le monde ne le peut pas. Personnellement, j’ai été très chanceux d’avoir un certain succès comme compositeur de musiques de films, ce qui m’a permis d’injecter de l’argent dans le film, mais j’ai bien conscience que tout le monde n’a pas cette chance. Ceci étant dit, il est possible de faire des films peu chers et de qualité. Un de mes amis, Jean-Luc Herbulot, a ainsi réalisé son film Dealer, pour un budget particulièrement petit ! Et le résultat dépote et lui a ouvert plein de portes !
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• Titre original : Virtual Revolution• Réalisation : Guy-Roger Duvert
• Scénario : Guy-Roger Duvert
• Acteurs principaux : Mike Dopud, Jane Badler, Maximilien Poullein, Jochen Hagele, Kaya Blocksage, Petra Silander, Emilien de Falco
• Pays d’origine : USA / France
• Sortie : 2016
• Durée : 1h40
• Distributeur : Les distributeurs intéressés peuvent contacter le vendeur international KOAN qui démarche actuellement à l’AFM (American Film Market à Santa Monica, Californie)
• Synopsis :Paris. 2047. La réalité virtuelle est désormais aussi réaliste en termes de sensations que le réel. Nash, est un tueur à la solde des multinationales qui ont créé et développé ces mondes virtuels. Sa mission : traquer, identifier et éliminer des terroristes qui s’attaquent au système.
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