CITIZEN KANE
Un film d'orson Welles (États-Unis, 1941)

[critique] CITIZEN KANE (2/2)

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Mise en scène
8
Scénario
9.5
Casting
7
Orson Welles
9.5
Photographie
8
Intemporalité
10
Note des lecteurs6 Notes
5.5
9

[dropcap size=small]L[/dropcap]e pitch : Charles Foster Kane est un des hommes les plus riches de la planète. Pourtant un grand mystère entoure sa mort : ce mot, lâché dans son dernier souffle : « Rosebud ». 
Une équipe de journalistes se lance dans la recherche du sens de ce mot, à travers les souvenirs des personnes l’ayant côtoyé… Ils recomposeront progressivement à Kane un passif bien plus tortueux que son aura de milliardaire philanthrope ne pourrait le laisse penser.

C’est – rétrospectivement bien sur – le premier film ou je vois une « narration inversée » qui justifie aussi bien son statut, et même ses flashbacks. Cela devait être particulièrement ambitieux et novateur à l’époque, ça l’est toujours aujourd’hui. CITIZEN KANE est un bijou d’écriture et de montage qui ne souffre d’aucun défaut dans sa phénoménale gestion de l’information délivrée au spectateur. Celle-ci façonne progressivement la personnalité d’un homme possédant une façade publique, et une plus secrète. Sans jamais expliciter par trop d’exhaustivité, CITIZEN KANE s’avère passionnant, troublant, stimulant. Charles Foster Kane est l’un des personnages les plus complexes que j’aie pu voir développé dans un format cinéma (par opposition au format sériel, aux jeux-vidéo, etc.)
CITIZEN KANE créée de toutes pièces son propre mystère et laisse suffisamment d’ombres pour que le spectateur puisse se construire son propre avis. C’est puissant.

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Coté réalisation…
Difficile de se rendre compte en découvrant le film en 2015, des innovations proposées pas la mise en scène d’Orson Welles. Apparemment, en 1941, voir des gens s’activer au fond du décor était exceptionnel. Bon.
Toutefois ce qui est indéniable dans la réalisation, c’est la composition des plans. Des tableaux vivants, ou l’espace, la symétrie parfaite, ou les échelles, sont maîtrisés. Certaines scènes forcent ainsi le respect, par leur ampleur: une démesure qui reflète autant la personnalité de Kane, que l’ambition de son réalisateur/interprète Orson Welles. Cette question de fusion de la mise en scène avec le sujet se reflète aussi dans le traitement de l’intime; le placement des personnages par rapport aux éclairages et caméras dans un décor plus ou moins étriqué, crée systématiquement un contraste ou un angle évocateur qui en dit autant que les mots sur la psychologie de Kane. C’est très intéressant, ême si l’on ne peut s’empêcher de penser qu’Orson Welles a peut-être eu la main un poil lourde sur ces effets de lumière et d’optique… Dénotant une légère volonté de trop en faire par moment.

Dans le fond, Welles touche à tout un tas de sujets, sans jamais se perdre lui, ou le spectateur. Politique, intime, vision du monde d’avant guerre, de l’âme humaine… Et un million d’autres choses. C’est impressionnant – mais il nécessiterait un dossier entier pour analyser la richesse du film; une piste d’analyse est déjà proposée par Lou dans sa propre critique.

« Film-monstre, d’une densité et d’une maîtrise incroyable, à tous niveaux. Pas mal Orson, pour un premier film réalisé à 26 ans. »

Un autre point mémorable: Orson Welles-acteur… Juste parfait. Son jeu est intemporel, son aura intense et charismatique ! Puis, chose que peu d’acteurs parviennent à faire, il réussit à crédibiliser le vieillissement de son personnage. Il EST Charles Foster Kane de ses vingt ans à sa mort, et c’est un facteur d’immersion supplémentaire dans ce film-monstre, d’une densité et d’une maîtrise incroyable, à tous niveaux. Le reste du casting est plus que convaincant; Welles parvient à légèrement effacer par sa direction d’acteurs ces tons théâtraux typique du cinéma « pré-nouvel-hollywood ». Dans tous les cas, chacun incarne son personnage avec une surprenante conviction.

Au final, CITIZEN KANE se crée dans le détail, ce soin maniaque et clairement obsessionnel apporté à CHAQUE élément, dans un souci de cohérence globale. C’est quelque chose d’impossible à définir et qui doit être à mon sens, expérimenté au moins une fois dans sa vie, du grand cinéma, celui qui divertit autant qu’il stimule et émeut. Pas mal Orson, pour un premier film réalisé à 26 ans.

CITIZEN KANE a été chroniqué par moi et LOU, dans le cadre d’une rétrospective consacrée à Orson Welles par l’Institut Lumière de Lyon, du 3 juin au 12 juillet 2015.

[divider]INFORMATIONS[/divider]

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[column size=one_half position=last ]La sélection Cannes Classics 2015

Titre original : Citizen Kane
Réalisation : Orson Welles
Scénario : Herman J. Mankiewicz, Orson Welles
Acteurs principaux : Orson Welles, Joseph Cotten, Dorothy Comingore, Agnes Moorehead
Pays d’origine : U.S.A.
Sortie : 3 juillet 1946
Durée : 1h59min
Distributeur : –
Synopsis : A la mort du milliardaire Charles Foster Kane, un grand magnat de la presse, Thompson, un reporter, enquête sur sa vie. Les contacts qu’il prend avec ses proches lui font découvrir un personnage gigantesque, mégalomane, égoïste et solitaire.

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Mise en scène
Scénario
Casting
Orson Welles
Photographie
Intemporalité
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