MATADOR

MATADOR – Critique

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Mise en scène
8
Scénario
9
Casting
9
Photographie
7
Musique
7
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8.5
Note du rédacteur

L’histoire : Une enquête policière crée progressivement des liens entre quatre personnages. Un matador reconverti en professeur de corrida, un de ses élèves, une avocate, et enfin, la petite amie du premier. MATADOR observe les rapports entre eux, mais aussi avec ceux qui les observent, les accompagnent.

Si Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier pouvait se définir par sa liberté formelle et sa liberté de ton, si Qu’est ce que j’ai fait pour mériter ça ? …  dénotait l’ambition intellectuelle (et donc formelle) d’ AlmodóvarMATADOR  est impressionnant dans son écriture. Celle des personnages, de leur dialogues, puis celle du scénario.

Almodóvar ressert son étau sur quatre personnages. Imaginez une boite de petri, quatre bactéries, et de nombreuses cellules autour. Nommons les bactéries : l’araignée, le puceau, le matador et l’actrice. Chacune à donc une personnalité propre – mais aussi et tout l’intérêt est là, des capacités secondaires et cachées qui redéfinissent la personnalité première. L’idée est d’observer toutes les interactions possibles entre elles.
Sur les bords, d’autres êtres gravitent – eux aussi dotés de ligne directives et de caractéristiques propres, moins développées mais tout autant décisives. Ils servent de catalyseurs lorsque nécessaire, ou simplement étayent les nombreuses théories sur chacun des personnages.
Ce monde-expérience se nourrit de lui-même, se transforme en théâtre / jeu de massacre, ou il est impossible de deviner qui est vraiment quoi.
Matador ? ou taureau… Épée, ou chair ? Séducteur ou séduit ? Sexe, jouissance, souffrance ? Sado-masochisme ?
Le casting est à ce sujet, idéal. Rôles principaux et secondaires se complètent, s’opposent se redéfinissent. Quasi-parfait !

 

Les thèmes fétiches d’ Almodóvar, reviennent, et s’imposent. Plus qu’une signature, ils définissent et régissent un monde bulle pourtant inscrit dans une réalité madrilène.
Bien sur, on perçoit les patterns thématiques de la filmographie du réalisateur : la femme, la jouissance, l’homosexualité…
Mais dans MATADOR, de même que nos différents personnages, ces thèmes se parent une dimension inédite !
La femme n’est plus déifiée mais mise a égalité avec l’homme. La jouissance se fond littéralement dans la violence. L’homosexualité – tabou s’il en est, mais pas pour Almodóvar – n’est plus une toile de fond qui définit un ou deux personnages, mais bel et bien un élément scénaristique. Comme je l’expliquais plus haut, il s’agit d’observer TOUTES les interactions possibles entre deux hommes et deux femmes, jusqu’à comprendre les vraies relations par lesquels ceux-ci se définissent.
Mine de rien, le dynamisme induit est extrêmement stimulant.

”Un jeu de piste psychologique, policier, sensuel, schizophrénique, stimulant, accessible… Un petit chef-d’œuvre !”

Formellement, on fait également un pas en avant. La mise en image adopte plusieurs formes : parfois elle est esthétique. Parfois mise en abîme ; la mise en scène de la sensualité est peut être ce qui en ressort le plus. Elle fusionne ainsi avec l’écriture : celle des personnages, celle de leur dialogues, et celle de l’image.
La narration est par ailleurs assez linéaire, mais le script qui l’inspire est diablement intelligent et retors. Il s’agit d’une enquête, mais l’énigme est autant physique que psychologique. L’identité sexuelle et les rapports de force sont autant soumis à interrogation que l’origine des différents événements funestes : certains personnages sont présentés d’emblée comme coupable, d’autres comme victimes… Malgré les apparences, le sont-ils vraiment ? Un Cluedo grandeur nature qui trouvera résolution dans un climat mystique surprenant.

 

En bref, MATADOR est une nouvelle claque signée Pedro Almodóvar. Le réalisateur y gagne un peu plus de personnalité formelle et technique, mais également construit un passionnant jeu de piste. Autant psychologique, que policier ou sensuel. le résultat est schizophrénique et stimulant, tout en étant accessible. Un petit chef d’oeuvre !

Georgeslechameau

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