Au Honduras, la jeune Sayra retrouve son père après une longue séparation. Elle va enfin réaliser son rêve, émigrer avec lui et son oncle aux Etats-Unis.
Au Mexique, Casper est membre de la » Mara « , l’un des terribles gangs d’Amérique Centrale. Pour venger la mort de sa fiancée, il tue un chef de bande et prend la fuite. Sur le toit du train qui file vers le Nord, entourés de centaines de candidats à l’émigration, Sayra et Casper se rencontrent. Il fuit son passé criminel, elle espère un avenir meilleur: parviendront-ils à échapper ensemble à leur destin et à franchir la frontière ?Note de l’Auteur
[rating:9/10]
• Date de sortie : 21 octobre 2009
• Réalisé par Cary Fukunaga
• Film mexicain, américain
• Avec Edgar Flores, Paulina Gaitan, Kristian Ferrer
• Durée : 1h36min
• Bande-Annonce :
Sin Nombre – bande annonce
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Aucun doute, Cary Fukunaga entre de façon percutante dans le monde du long-métrage. Un premier film ? Difficile à imaginer tant cette œuvre se démarque par sa maîtrise du cadre, de la mise en scène et de la direction d’acteur.
Humblement alors, le réalisateur de Sin Nombre nous évoque son parcours lors d’une avant-première à Paris (cf : consulter la retranscription de la rencontre avec Cary Fukunaga) : sur la simple lecture du scénario qu’il a écrit, le film a été approuvé et Cary Fukunaga fut proposé comme réalisateur. «Pourquoi pas» s’est-il dit.
Un choix sans faille donc. Le ton de ce long-métrage est juste. Sin Nombre est choquant, bouleversant et, dans un même temps, délicat. Il n’y a pas d’excès de niaiserie, ni trop de pudeur ou de censure. Un équilibre, toujours fragile au cinéma, qui est maintenu, ici, tout au long de la séance.
Peut-être est-ce parce que la volonté de Cary Fukunaga est celle d’un témoignage murmuré.
Ce film ne peint pas uniquement un monde de violence, propre à la Mara et autres gangs qui s’affrontent. Nous observons ces instants, courts mais sincères, de partages, de générosités, de calme, d’observation qui permettent à cette œuvre de ne pas se contenter de scènes d’actions. Il s’agit bien là pour le spectateur occidental de la découverte d’un Mexique qui ne pourra, finalement, être compris que par ceux qui le vivent.
C’est pourquoi, dans un souci de justesse, Cary Fukunaga a participé à ce type de voyage sur les toits des trains, partageant la peur de centaines d’immigrés. Si le spectateur ne pourra s’empêcher de juger certains personnages, ainsi que ce destin «injuste», le propos du film ne semble pas se placer ici. Ce n’est «que» le regard d’un cinéaste de talent.
S’ajoute à lui une équipe de comédiens qui endossent avec intelligence le rôle de ces personnages meurtris par leur expérience. Peut-être plus impressionnant encore, ce très jeune acteur, qui, au fil du film a su transformer son regard d’enfant en celui d’un tueur que plus rien n’effraie.
Cet enfant participe à la dureté du film : son innocence était au début du film une sorte d’échappatoire, fragilité nécessaire à la tranquillité du spectateur. Sa disparition conclue le film avec le sentiment amer qu’il en est simplement «ainsi».