Dennis Lehane est un auteur de romans noirs affectionné du 7e art pour son écriture, justement très cinématographique. Ses livres possèdent tous cet aspect polar social, examinant des personnages prenant conscience de la cruauté du monde qui les entoure. D’abord confiné à l’intime, notamment au cœur du microcosme bostonien (les Kenzie/Gennaro ou Mystic River), ce schéma prend de l’ampleur avec sa dernière trilogie Coughlin (examinant les États-Unis du début de 20è siècle) ou dans des météores multi-genres comme Shutter Island.
Adapté au cinéma par Martin Scorsese (fasciné par les portraits psychologiques), Clint Eastwood ou Michal J. Roskam (Quand Vient la Nuit), cela donne des films intrinsèquement puissants, où la réalisation et la direction d’acteurs viennent même parfois apporter un supplément d’âme.
C’est ainsi que l’on repense à l’adaptation réussie de Gone Baby Gone.
Ben Affleck-réalisateur y livrait un film très efficace centré sur les portraits humains notamment celui, magnifique, de Patrick Kenzie et sa perception blasée mais pas définitive du monde – via l’impeccable Casey Affleck. Il ratait malgré tout l’illustration des climax du livre (la carrière, la baraque des pédophiles, le final) par manque d’un certain jusqu’au bout-isme.
Par contre, Ben Affleck-scénariste proposait un immense et pertinent travail d’adaptation de la riche saga Kenzie/Gennaro de Dennis Lehane, des personnages, leur psychologie et des intrigues développées sur pas moins de 5 tomes plus ou moins excellents (top : 1, 2 & 4), à l’époque de la production du film.
Ayant confirmé son talent dans la direction d’acteur au sein de films immersifs et/ou inscrit dans un contexte fort comme The Town et Argo, on gage que Ben Affleck à depuis gagné en assurance et saura proposer quelque chose de fort avec sa seconde adaptation de Dennis Lehane : LIVE BY NIGHT
[toggler title= »Le pitch du livre : » ]Boston, 1926. En pleine Prohibition, l’alcool coule à flots dans les speakeasies et Joe, le plus jeune fils du commissaire adjoint Thomas Coughlin, est bien décidé à se faire une place au sein de la pègre. Il commence par braquer un bar clandestin appartenant à un caïd local et, surtout, commet l’erreur de séduire sa maîtresse. La vengeance ne se fait pas attendre et Joe se retrouve derrière les barreaux. C’est là qu’un vieux parrain, Maso Pescatore, se charge de son « éducation » et que la carrière de Joe va prendre son essor. De la Floride à Cuba, Joe fait son chemin, pavé d’embûches, de luttes et de trahisons, parmi ceux qui « vivent la nuit ». Mais au détour du chemin l’attend aussi une grande histoire d’amour… (source: wiki)
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Ne l’ayant pas (encore) lu, je m’en tiendrai à repérer les éléments qui me parlent.
Un pitch à la James Gray (La Nuit nous Appartient) en termes de dualité police/mafia ; l’ambiance prohibition, déjà exploitée à merveille par la série Boardwalk Empire (produite par Scorsese); puis la capacité immersive de la littérature de Lehane associée à la solide direction d’acteurs et la sensibilité d’Affleck. Alléchant.
L’acteur-réalisateur-scénariste partage ainsi le tout premier plan filmé, déjà prometteur !
First day. First shot. #livebynightmovie pic.twitter.com/TSCUSTF6Kz
— Ben Affleck (@BenAffleck) 28 Octobre 2015