Ant-Man, sorti cette semaine, marque la fin de la phase 2 du MCU. Un immense projet mené par Marvel depuis 2008 et l’inauguration de la phase 1 avec Iron Man. De ce dernier jusqu’à Ant-Man aujourd’hui, le public a vu passer pas moins de 12 œuvres. Tout a été savamment réfléchi en amont, tel un plan machiavélique de la part de la firme pour asseoir sa domination dans le monde du blockbuster, jusqu’à utiliser le mot « phase » pour montrer la préméditation d’une telle machine de guerre. Car, oui, disons-le, de ce point de vue-là, Marvel a déjà gagné son pari. Et depuis bien longtemps même. Aujourd’hui le public afflue en abondance dans les salles, les dollars rentrent dans le tiroir-caisse et le plan se déroule à merveille. Évidemment, on ne va pas en vouloir à Marvel d’empocher des bénéfices monstres. La définition du blockbuster va de pair avec l’espérance de gains. Le genre a existé avant et il existera encore très longtemps après eux. On a d’abord été intrigué par cette fameuse phase 1 , destinée à présenter tous les protagonistes principaux que nous allons suivre sur des années. C’était une réelle curiosité de voir apparaître sur nos écrans des Thor, Captain America ou Iron Man. Après tout, Marvel apportait un renouveau aux films de super-héros en proposant de nouvelles têtes sur nos écrans. Pour le public, habitué à voir des films Spider-Man, Superman, Batman ou X-Men, un nouveau pan du monde des comics ouvrait ses portes.
Cependant, l’excitation a vite laissé place à de la monotonie. Les films s’enchaînent avec une structure narrative identique et une mise en scène fonctionnelle, dénuée d’ambitions artistiques. La seule attraction qui nous reste dans cette première phase est l’apparition de nouveau héros. Par exemple, le premier Iron Man reste bien au-dessus de ses suites parce qu’il nous présentait Stark et sa personnalité. Passé la surprise, plus rien de bien excitant dans les deux volets suivants. Entre scènes d’action interchangeables et enjeux sans saveur, on ne sait quoi sauver de ces suites qui font le job sans avoir la moindre envie de déroger à un cahier des charges tellement rôdé qu’il en devient étouffant. Comme par hasard, les seuls films que l’on place au-dessus de toutes les suites, sont les nouvelles franchises qui débarquent dans la phase 2. D’abord Ant-Man, qui n’a certes, rien de révolutionnaire. Mais alors rien de rien. Pourtant il y a cette curiosité de découvrir un nouveau héros et surtout un brin d’ambition qui semble se dessiner. Une mise en scène loin d’être mauvaise et un esprit fun (on n’est pas loin de la comédie), ça suffit pour faire notre bonheur. Ensuite, et c’est un quasi-événement, Les Gardiens de la Galaxie ! Un spectacle de tous les instants, conjuguant une écriture efficace et un sens du spectacle indéniable. Un vrai régal, on se demanderait presque si c’est un film Marvel tant on prend notre pied devant ce show de tous les instants.
Apparaît avec ce film, une chose intéressante : la présence d’un vrai réalisateur aux commandes. Dans le cas des Gardiens de la Galaxie, nous avons James Gunn. Sans être un immense metteur en scène, on ne peut pas dire qu’il n’a pas de style. Son sens de la provocation, du second degré et du trash a toujours été présent dans ses précédents essais. Tout son style ressort dans Les Gardiens de la Galaxie et, comme par hasard, le succès du film repose sur tous ces points. Pas étonnant de se rendre compte que derrière les films Marvel sans personnalité se trouvent des réalisateurs lambda, juste bons faiseurs. Shane Black pour Iron Man 3, Alan Taylor pour Thor 2, les frères Russo pour Captain America 2. A croire que Marvel a un souci avec les réalisateurs osant apporter une réelle vision. On en veut pour preuve l’incident d’Ant-Man avec Edgar Wright. On n’ose à peine fantasmer sur ce qu’aurait donné le film s’il avait été fait par ce réalisateur absolument génial et débordant d’inventivité. Ce cher Kenneth Branagh qui a tenté de faire avec Thor premier du nom, un pur film shakespearien, a été débarqué pour le second volet afin de laisser la place à un yes-man banal. On a aussi eu le cas d’Ava Duvernay qui a refusé de réaliser Black Panther à cause de différents artistiques. Parce qu’elle savait qu’elle ne pourrait pas apporter sa touche.
Un maigre espoir apparaît à la vue des films programmés pour la phase 3. Des nouvelles têtes en majorité et une suite pour Les Gardiens de la Galaxie. En revanche pour ne pas nous rassurer, Marvel compte bien tirer sur la corde comme pas permis en sortant l’épisode final des Avengers… en 2 films. Marvel donne ce désagréable sentiment de tourner en rond. Si contents d’avoir lancé une machine aussi grosse, ils préfèrent jouer la sécurité et sortir des films à la chaîne où le seul élément variable est la tête du héros. On ne prend plus plaisir aujourd’hui à voir un Marvel. Autant l’auteur de ses lignes a eu un certain plaisir dans les premiers films, notamment un Iron Man réjouissant à l’époque. Aujourd’hui on sait avant même de rentrer dans la salle comment sera le film. Attendons de voir si la dernière phase mettra le paquet pour daigner sortir des carcans dans lesquels s’enfonce la firme. Parce qu’au loin se profile la révolte de DC Comics, qui veut reprendre du poil de la bête depuis la fin des Batman et l’enchaînement de navets (Jonah Hex, Green Lantern et Dredd pour ne citer que les derniers mais on n’oublie pas les naufrages que sont Catwoman et The Spirit). Oui, on ose dire sans peur qu’on frémit plus d’impatience pour Suicide Squad que pour n’importe quel Marvel en préparation. Et lorsqu’on sait ce que les franchises DC peuvent donner dans le meilleur des cas (Batman et Watchmen), on est peut-être en train de miser sur le bon poulain.
@MaximeB
[divider]LE MCU[/divider]
sommaire
– Le MCU : présentation
– Les super-héros avant le MCU
– Phase 1
– Phase 2
– Phase 3
– Critique d’ANT-MAN
– le RAS-LE-BOL Marvel