Parler ciné, c’est bien. Mais le faire intelligemment, c’est mieux et ce n’est pas donné à tout le monde. Mais entre ceux installés depuis longtemps – que l’auteur de ces lignes trouve plutôt froids voire un peu à la masse et finalement peut-être pas assez stimulant (désolé Positif et Les Cahiers) – et les youtubeurs opportunistes qui cherchent le clic facile, il y a des personnalités remarquables qui ont émergé grâce à Internet.
YouTube a permis à tout un tas de gens talentueux de remuer tout ça et d’insuffler un regard jeune et une nouvelle façon de parler de cinéma – et sans laisser personne sur le côté, comme une passerelle parfaite pour réunir ceux qui font le cinéma et ceux qui en font l’expérience alors que le septième art n’a jamais été aussi accessible. Tour d’horizon de celles et ceux qui passionnent avec application, sincérité, intelligence, accessibilité et souvent beaucoup d’humour. Sachant qu’on va parler de gens connus comme de moins connus et de chaines françaises mais aussi anglophones, certaines n’étant plus en activité.
Alors accrochez-vous à vos écrans, parce qu’on commence avec la crème de la crème, celui qui a marqué nombre de cinéphiles réclamant encore le grand retour de son humour imparable et de son sens de l’analyse merveilleux, celui qui fait trembler Positif et Les Cahiers du Cinéma à lui tout seul et rire Jean-Luc Godard depuis sa tombe : Karim Debbache.
Lien : https://www.youtube.com/@KarimDebbache
Activité : 2012-2014
Formats : Crossed, Chroma
Parfois il faut rappeler les évidences et évidence il y a ici, tant l’irrésistible Karim Debbache et son équipe de vainqueurs (en particulier Gilles Stella et Jérémy Morvan) ont marqué de leur empreinte les internautes à la recherche de contenu de grande qualité et est probablement, avec François Theurel, le vidéaste ciné le plus apprécié. Car ce contenu, commencé avec Crossed -analyse de films en lien avec le jeu vidéo – et poursuivi avec Chroma (pour CHROniques CinéMA), a atteint des sommets qu’il n’avait jamais quitté. Avec un travail aussi remarquable que son débit de parole était élevé (le seul défaut à lui adresser d’ailleurs, car ça va quand même trop vite pour assimiler toutes les informations pourtant passionnantes), ce sont des chroniques de grande, grande qualité qui nous ont été servis le temps de ces deux émissions maintenant lointaines (Chroma, financée grâce au crowdfunding, s’est arrêté en 2014), avec un grand travail de recherche et d’analyse toujours associé à un sens de l’humour absolument génial.
La maîtrise était telle qu’ils appliquaient par exemple efficacement la règle du show don’t tell (montrer, ne pas dire) lorsque Karim expliquait qu’ils utilisaient différentes focales ou valeurs de plan pour se mettre en scène. Capable d’aborder des thématiques pointues ou de citer les plus grands spécialistes dans tels ou tels domaine du cinéma tout en étant constamment compréhensible et accessible (sauf quand il parle trop vite du coup Karim !), l’équipe a su faire preuve d’une grande intelligence alors qu’elle s’attaquait souvent à des films dont il est extrêmement facile de se moquer tant leur qualité est faible. Ce qu’ils ne se sont pourtant jamais privés de faire pour notre plus grand bonheur mais toujours de manière brillante à tel point qu’alors que beaucoup d’œuvres chroniquées sont régulièrement très médiocres, le visionnage de ces deux émissions reste constamment instructif et pertinent, tout en étant tout simplement toujours à crever de rire. En fait, rien que pour ça les vidéos valent le coup d’œil , l’auteur de ces lignes n’ayant par exemple absolument pas prévu de voir la majorité des films abordés, mais continue pourtant régulièrement de revoir ces vidéos pour s’en payer une bonne tranche comme on dit. C’est simple, c’est la crème de la crème dans sa catégorie et ça enterre les trois quarts de la concurrence. Vous nous manquez, les gars.
Aujourd’hui, les compères font leurs vies à droite et à gauche (Karim travaille notamment avec Le Joueur du Grenier), et on peut le retrouver sur sa chaine Karim Debbache Live dans lequel on peut l’écouter parler de choses et autres, avec des vidéos aussi longues (ce sont des replays de ses lives sur Twitch) que toujours intéressantes. Il a aussi entamé un format particulièrement agréable avec la complicité du bon Sébastien Rassiat : NTSC (Nouveau Truc Super Cool) dans lequel on parle ciné évidemment. Du bon contenu, même si on ne sait pas si la fine équipe reviendra un jour. On prie.