Saga d’exploitation à visée purement commerciale, DÉMONS ne manque pas pour autant de charme et se distingue même comme un classique de la série B d’épouvante.
À partir des années 70, le cinéma italien se met à produire pléthores de films d’horreur avec, à la clé, un succès mondial. Déjà populaire au cours de la décennie précédente, le sous-genre du giallo, entre thriller, épouvante et érotisme, s’essouffle lentement pour laisser place, au tournant des années 80, à un cinéma d’exploitation plus commercial et opportuniste. Sentant le vent tourner et cette mouvance s’installer, Dario Argento – réalisateur des cultissimes Inferno et Suspiria – s’engouffre dans la brèche et décide de se tourner vers la production.
Ainsi naît le projet DÉMONS. Visant une rentabilité maximale, le producteur ambitionne, avec un budget moyen d’1,8 million de dollars, de proposer un divertissement gore, ultra commercial, largement influencé par l’Evil Dead de Sam Raimi. Pour remplir le cahier des charges, il s’entoure de pas moins de trois co-auteurs au scénario : Dardano Sacchetti, Franco Ferrini et Lamberto Bava. Bava, à l’aurore de sa carrière, s’acquittera d’ailleurs de la réalisation, d’une qualité à vrai dire variable, mais néanmoins extrêmement fun.
Du gore et des prothèses
Car DÉMONS et sa suite, DÉMONS 2, témoignent de toute la folie créative et de la surenchère gore cradingue caractéristique du cinéma d’exploitation des années 80. Tout n’y est que prétexte à s’en prendre plein les yeux et l’on ne boude pas son plaisir. Loin de là. Le premier volet nous emmène dans un cinéma, où les monstres crèvent littéralement l’écran pour s’en prendre aux spectateurs. Qui est frappé par un démon en devient un… Et c’est la foire à la prothèse. De ces effets cosmétiques comme on n’en fait plus, qui confèrent un charme indéniable à ces productions horrifiques typiques de la décennie 80.
Aussi drôle que sanglant, DÉMONS déverse des hectolitres de liquide rougeâtre à l’écran. L’ensemble n’est peut-être pas toujours du meilleur goût, mais le film ne ménage pas ses effets et déploie des trésors de créativité pour en donner un peu plus à chaque séquence. En un mot comme en cent : du grand n’importe quoi. Néanmoins, c’est bien ce tout ce qu’on exige d’un tel divertissement… Et l’on en redemande. DÉMONS connut effectivement un certain succès en salles et en vidéo. Si bien qu’un second opus vit le jour à peine un an plus tard. Or, un rien bâclé en raison de sa production hâtive, DÉMONS 2 traîne une réputation de suite ratée, qui peine à combler ses 90 minutes.
Les années 80 en folie
Pourtant, vu de 2022, DÉMONS 2 ne manque pas d’intérêt. Il comporte, en effet, un peu plus d’ambition artistique que son aîné. Autant par ses effets visuels cartoonesques que par sa mise en scène. On retiendra notamment ces plans, où du haut d’une cage d’escaliers, les monstres, l’œil brillant, nous contemplent en silence. Par ailleurs, le film est traversé par une esthétique très marquée 80 – succédané des succès américains d’alors. Des justaucorps, des néons, des lignes géométriques, de jeunes punks en goguette et un Bruce Campbell de supérette défilent à l’écran comme autant de témoignages de cette décennie, aux prises avec ces immondes bestioles griffues.
Conçue pour répondre à des impératifs commerciaux, la saga DÉMONS n’en demeure pas moins généreuse et jouissive. Pur produit des années 80, elle se déguste pour ce qu’elle est : de la série B purulente, avec nulle autre ambition de donner à son spectateur ce qu’il est venu y chercher. Du sang, du grandiloquent et de la surenchère assumée. DÉMONS et DÉMONS 2 condensent toute la fureur hystérique du cinéma d’exploitation de l’époque. Tant et si bien qu’on osera mêmes les considérer comme des trésors de la série B d’horreur.
DÉMONS et DÉMONS 2 sont désormais disponibles en vidéo chez Carlotta Films. L’éditeur propose de nouvelles restaurations 4K Ultra HD et Blu-Ray Disc des deux films avec suppléments. DÉMONS et DÉMONS 2 sont ainsi réédités dans un coffret collector Steelbook deux disques, mais également en éditions DVD simples.
Lily Nelson