Photo du film LE PROJET BLAIR WITCH

LE PROJET BLAIR WITCH, un coup de génie rarement égalé ? – Analyse

Rejoignez-nous sur Letterboxd !Rejoignez-nous sur Bluesky !

Cet article a pu être réalisé grâce à notre partenaire Ciné+ OCS. Son contenu est indépendant et conçu par la rédaction.

Que l’on soit sensible à son charme amateur ou non, LE PROJET BLAIR WITCH dépasse le simple statut de film. D’une campagne marketing audacieuse, le public a contribué à développer sa mystique, au point d’en faire une œuvre à part dans le paysage surpeuplé du found footage.

Génie ou escroquerie ?

“En octobre 1994, trois étudiants en cinéma ont disparu dans les bois près de Burkittsville, dans le Maryland, alors qu’ils tournaient un documentaire. Un an plus tard, les images qu’ils ont filmées ont été retrouvées.” Ces quelques lignes ouvrent LE PROJET BLAIR WITCH, pierre angulaire du found footage, réalisé par Eduardo Sánchez et Daniel Myrick. Un texte qui préfigure un film au concept simple, dont la teneur continue, encore et toujours, de diviser la critique. Puisqu’il se contente d’un enchaînement d’images tournées caméra à l’épaule, dans une mise en scène des plus rudimentaires. De l’escroquerie pour les uns, du génie pour les autres.

Avec un budget de 60 000 dollars et un box-office mondial de 248,7 milliards à sa sortie en 1999, LE PROJET BLAIR WITCH est longtemps resté comme le film le plus rentable de l’histoire du cinéma. Le marketing mis en place pour sa promotion marque également un tournant à l’aune de l’ère numérique. Dans une sorte d’ARG (Alternate Reality Game ou Jeu en réalité alternée) à grande échelle, un site Internet et des annonces dans la presse avaient été publiés pour signaler la disparition des trois documentaristes amateurs, dont seules les images du film avaient subsisté. Une manœuvre organisée pour faire croire à la véracité du témoignage posthume et attirer le public en salle.

Une expérience inédite

Un mystère augmenté par la mise à l’écart du casting, composé d’inconnus du public, et par des personnages nommés selon leurs véritables noms. Rapidement, les producteurs furent étonnés de voir “les gens créer des sites Web en prétendant être des enquêteurs ou rejoindre des forums de discussion pour raconter des histoires sur leurs expériences les plus étranges dans les bois du Maryland”. La mythologie du PROJET BLAIR WITCH a ainsi été cocréée avec le public et a continué à prospérer dans l’imaginaire collectif, jusqu’à la mise hors-ligne du mythique site officiel en 2021. 

Reliquat d’un Internet alors balbutiant, le site offrait effectivement une expérience inédite. Outre la publication des avis de recherche à l’effigie des protagonistes, il regroupait toute une série de preuves potentiellement utiles à leur recherche. Des photos des biens retrouvés, des extraits vidéos et audios de leurs enregistrements, des entretiens avec les enquêteurs de police, mais aussi des pages manuscrites du journal d’Heather. Autant de documents créés avec soin pour attiser la curiosité autour du found footage, mais aussi motiver les enquêteurs amateurs dans leur quête d’explications.

Une légende sans précédent ni successeur

Outre son concept, simple mais fort, le succès du PROJET BLAIR WITCH doit certainement beaucoup à cette campagne promotionnelle. Quoi que l’on puisse penser de la qualité du long-métrage, la mystique développée avec la complicité du public, crédule ou non, continue de l’inscrire comme un fascinant objet d’analyse. D’autant que, dans son sillage, le cinéma d’exploitation a continué de multiplier les found footages, dans l’espoir de voir se reproduire le miracle. Un objectif certainement atteint par Jason Blum qui, frustré d’avoir refusé BLAIR WITCH à la fin des années 90, a fait fructifier sa société de production Blumhouse grâce à la saga des Paranormal Activity.

Toutefois, si le found footage continue de rapporter gros, malgré un intérêt décroissant du public, aucune production du genre n’a réussi à construire une légende aussi forte que LE PROJET BLAIR WITCH. Pas même ses suites, dont les échecs témoignent du caractère unique du prodige. Car si la qualité toute relative du sequel de 2000 et du legacyquel de 2016 est bien en cause, l’acharnement des producteurs entre également en ligne de compte. En effet, le succès du premier film est dû, certes, à une campagne de marketing brillante, mais aussi à la réappropriation spontanée du public. Une rencontre alors inédite, que l’on ne peut ni forcer, ni reproduire.

Lilyy Nelson

Auteur·rice

Nos dernières bandes-annonces

Rédactrice
S’abonner
Notifier de
guest

0 Commentaires
le plus récent
le plus ancien le plus populaire
Commentaires en ligne
Voir tous les commentaires
0
Un avis sur cet article ?x