Photo du film L'ÉTRANGLEUR DE LA PLACE RILLINGTON
Crédits : Carlotta Films

L’ÉTRANGLEUR DE LA PLACE RILLINGTON, le psycho killer insoupçonné | Analyse

Cet article a pu être réalisé grâce à notre partenaire Ciné+ OCS. Son contenu est indépendant et conçu par la rédaction.

Parmi les œuvres fondatrices du psycho killer movie, L’ÉTRANGLEUR DE LA PLACE RILLINGTON reste assez peu cité. Pourtant, le film de Richard Fleischer se situe à un tournant entre le polar et ce sous-genre de l’épouvante, dont il contribue à instituer les codes de manière plus moderne que ces prédécesseurs.

Rendez-vous avec le psycho killer

Réalisateur assez fascinant par sa longévité, Richard Fleischer a traversé cinq décennies de cinéma, des années 40 aux années 80. De l’Âge d’or (Les inconnus dans la ville) au Nouvel Hollywood, il aura travaillé autant sur des projets d’auteur, que pour le cinéma grand public, que dans l’exploitation pure et dure. Bien que versatile, on reconnaît néanmoins à Fleischer un goût certain pour le cinéma de genre, le fantastique et la science-fiction, puisqu’il est, entre autres, le réalisateur du Voyage fantastique, de Soleil Vert, de Conan le Destructeur et même de Amityville 3D – Le Démon. Une filmographie aussi variée que détonante.

À la fin des années 60, Psychose a fait son œuvre. Et le psycho killer movie devient peu à peu plus osé et plus explicite, là où Le Voyeur de Powell souffrait encore d’être trop démonstratif à sa sortie en 1960. Film maudit et rejeté par le public, ce dernier va néanmoins infuser dans les réalisations suivantes. Comme dans L’Étrangleur de Boston de Fleischer, film noir inspiré de faits réels sorti en 1968, qui flirte langoureusement avec le psycho killer movie. Avec Tony Curtis et Henry Fonda au casting, ce premier tour du côté du true crime sera salué pour son approche presque documentaire, qui induit forcément une part de voyeurisme et de glauque.

Fleischer et les étrangleurs

Une approche davantage exploitée dans L’ÉTRANGLEUR DE LA PLACE RILLINGTON en 1971. Bien qu’assez graphique et osé pour son époque, ce second film est, au sein de la filmographie de Fleischer, souvent négligé au profit de son prédécesseur. Pourtant, il participe bel et bien à la transition du film policier vers le psycho killer movie. En effet, là où L’Étrangleur de Boston se concentrait sur la traque policière, celui de la Place Rillington va bien plus s’intéresser à son tueur pour en faire le personnage principal d’un récit aussi cruel que dérangeant, avec quelques passages violents pour le moins explicites.

En effet, bien qu’il ne fraye pas avec le gore, L’ÉTRANGLEUR DE LA PLACE RILLINGTON reste assez démonstratif dans ses scènes de meurtres. Qui reposent en grande partie sur la performance de Richard Attenborough. Encore loin du gentil papy millionnaire de Jurassic Park, l’acteur interprète ici un tueur manipulateur et méthodique, d’un calme olympien, jusqu’à ce que la pulsion meurtrière le traverse. Terrifiant. Et d’autant plus terrifiant que la mise en scène de Richard Fleischer nous enferme avec lui et ses locataires, entre les murs vétustes d’un vieil immeuble londonien.  

Un grand film du genre

À ce titre, le film de Richard Fleischer contribue à instaurer les codes du psycho killer movie moderne. Plus frontal que Psychose, plus abrupt et réaliste que Le Voyeur, il exploite néanmoins ces fondamentaux pour pousser le curseur un peu plus loin. La descente aux Enfers du tueur John Christie est dépeinte de l’intérieur, sans artifice, de manière presque factuelle, jusqu’à son arrestation, dans une scène parfaitement anti spectaculaire. Une structure finalement assez proche de réalisations plus orientées cinéma de genre, telles que Henry, portrait d’un serial killer de John McNaughton ou Maniac de William Lustig

Ces films, certes plus violents, ont effectivement pour trait commun avec L’ÉTRANGLEUR DE LA PLACE RILLINGTON le point de vue sans concession du tueur, aussi éprouvant puisse-t-il être – là où Psychose ou Le Voyeur préservaient encore leurs spectateurs avec une approche plus artistique que réaliste. Encore imprégné de polar, ce Fleischer un peu sous-côté raconte aussi l’histoire d’une erreur judiciaire. Du pauvre homme que Christie a chargé de ses meurtres, tristement condamné à la peine capitale. Un rappel à la réalité crue, où la fiction n’apporte aucun réconfort. La marque des grands psycho killer movies.

Lilyy NELSON

Auteur·rice

Nos dernières bandes-annonces

0
Un avis sur cet article ?x